
À Paris, les 27 et 28 octobre 2025, le tribunal correctionnel juge dix personnes pour cyberharcèlement sexiste. Ce harcèlement vise Brigitte Macron, la Première dame française. Au cœur du dossier, une rumeur transphobe s’est propagée en ligne. Elle est partie d’une mention aberrante sur impots.gouv.fr. Ensuite, elle a été relayée par vidéos et hashtags. L’audience doit éclairer les responsabilités et méthodes d’une chasse numérique. L’opinion a pris le pas sur les faits. Elle doit aussi analyser les effets concrets de cette situation.
Rumeur Brigitte Macron : les faits, sans le vacarme
L’épouse du chef de l’État, Brigitte Macron, est au cœur d’un procès pour cyberharcèlement. Ce procès visant Brigitte Macron s’ouvre à Paris. Il se déroulera les 27 et 28 octobre 2025. Dix personnes aux profils hétéroclites, du publicitaire au médium autoproclamé, sont renvoyées pour leurs actes. Un élu local est aussi impliqué dans cette affaire. Ils ont alimenté et relayé une infox transphobe sur les réseaux sociaux. Cette infox visait directement la Première dame. En toile de fond : une rumeur née en France, délocalisée aux États-Unis puis revenue amplifiée, au gré de vidéos et de hashtags.
Une scène d’ouverture : l’état civil qui part en roue libre
Il y a quelques années, Tristan Bromet, directeur de cabinet de Brigitte Macron, raconte une scène devenue emblématique de la dérive : en se connectant à son espace personnel sur impots.gouv.fr, la Première dame voit s’afficher l’étrange mention : « Jean-Michel dit Brigitte Macron ». Stupeur. La manipulation est impossible côté utilisateur, cependant la plainte suit pour comprendre l’origine de cette anomalie. L’enquête vise à en identifier les acteurs.
L’épisode a été détaillé récemment dans un document télévisé, soulignant des aspects importants. Une erreur (ou un sabotage) administratif peut servir d’amorce à des théories sans fondement.
De la vidéo fleuve au prétoire : chronologie express
10 décembre 2021 : une vidéo YouTube de près de quatre heures popularise la thèse, deux visages émergent, Amandine Roy et Natacha Rey. Le mot-dièse #JeanMichelTrogneux se répand et l’emballement suit.
12 septembre 2024 : en première instance, le tribunal correctionnel de Paris condamne les deux femmes pour diffamation.
10 juillet 2025 : relaxe en appel. Les juges estiment qu’une partie des passages pointés ne dépasse pas le cadre de la bonne foi. De plus, ces passages n’entrent pas dans la définition pénale de l’atteinte à l’honneur.
Mi-juillet 2025 : pourvoi en cassation annoncé par le camp Macron.
27–28 octobre 2025 : un nouveau front judiciaire s’ouvre, car dix prévenus sont accusés de cyberharcèlement en ligne et sexiste. La rumeur a migré des vidéos « d’enquête » vers des campagnes coordonnées d’attaques en ligne.

Qui est sur le banc des prévenus ?
Parmi les dix, on retrouve Aurélien Poirson-Atlan, publicitaire, connu en ligne sous le pseudonyme « Zoé Sagan », identifié comme l’un des vecteurs d’un récit mêlant insinuations et montages. D’autres noms circulent depuis des mois dans les procédures : relais militants, intermittents de la complosphère, personnalités locales qui ont retweeté, commenté, épinglé. Tous bénéficient de la présomption d’innocence.
La qualification de cyberharcèlement vise moins une phrase isolée qu’un enchaînement : la répétition, la cohorte de messages et l’intention stigmatisante. Ici, la cible : le genre et la vie personnelle de Brigitte Macron, prétexte à des moqueries et des accusations infamantes.
Affaire jugée à Paris et écho américain : quand la rumeur prend l’avion

L’affaire a traversé l’Atlantique. Aux États-Unis, Candace Owens (volet diffamation aux États-Unis), influenceuse et podcasteuse, a consacré une série (« Becoming Brigitte ») à ces allégations, jusqu’à susciter une plainte en diffamation déposée au Delaware par Emmanuel et Brigitte Macron. Les avocats évoquent des « preuves photographiques et scientifiques » (actes d’état civil, photos familiales, éléments médicaux) pour démonter le récit conspirationniste. La bataille juridique américaine suit son cours.

Comment l’infox Brigitte Macron s’est propagée
Le modus operandi est désormais bien connu. Des vidéos « découvrent » des coïncidences. De plus, des photos sont retouchées ou sorties de leur contexte. Ensuite, des citations sont tronquées. Enfin, des soupçons sont présentés comme des preuves. Un mème chasse l’autre, l’algorithme fait le reste.
Des fact-checks successifs ont établi que plusieurs contenus viraux étaient faussés. Exemple : un cliché truqué montrant un jeune homme présenté comme « Brigitte Macron dans sa jeunesse » ; l’original provient en réalité d’une banque images et n’a aucun lien avec la Première dame.
Audience du tribunal de Paris: ce que racontent les audiences
À l’audience, le tribunal examine le volume, la fréquence et la portée des publications. La brigade de répression de la délinquance contre la personne a retracé les vagues de messages. L’instruction a identifié des pics synchrones avec la sortie d’épisodes ou d’« enquêtes ». De plus, elle a établi des ponts avec l’écosystème pro-Trump.
Les parties civiles insistent sur le caractère sexiste des attaques. Celles-ci incluent la réduction au corps, au genre et au stéréotype. De plus, elles soulignent la durée de l’acharnement ainsi que les effets : atteinte à la dignité, menaces et stress. La défense plaide la liberté d’expression et le droit de questionner des personnes publiques. Elle évoque aussi la désolidarisation d’une marée de commentaires. Selon elle, on n’aurait fait que les citer ou les relayer.
Contexte judiciaire : ce qui a déjà été jugé
L’épisode diffamation a livré un double enseignement. En 2024, la condamnation en première instance a marqué une ligne rouge. Le tribunal a ainsi posé cette limite sur la répétition d’allégations non prouvées. En 2025, la relaxe en appel a rappelé un point crucial. La preuve de la diffamation, en droit français, suppose de franchir un seuil précis. Ce seuil est l’imputation d’un fait déterminé portant atteinte à l’honneur. Cependant, cela n’a pas été retenu in fine pour plusieurs passages de la vidéo. Le pourvoi tranchera le droit, pas les hashtags.
Le débat de fond : liberté d’expression, respect des personnes
Sur les réseaux, la liberté d’expression avance souvent comme bouclier. Le droit, lui, trace deux limites : l’interdiction de diffamer et la répression du harcèlement. Ce dossier met en évidence la frontière entre critique et sanction. Il ne s’agit pas d’empêcher la critique d’une personnalité publique. Cependant, il vise à sanctionner le ciblage répété d’une personne sur son identité, fréquemment nourri de contenus mensongers ou dégradants.
La prudence s’impose : les personnes trans ne sont pas la rumeur. L’instrumentalisation de la transidentité à des fins d’humiliation est inacceptable. Elle relève d’un registre discriminatoire. Cela n’a pas sa place dans le débat démocratique.
Comment la rumeur prospère
- Une étincelle “administrative” : un libellé absurde qui s’affiche dans un espace en ligne, repris comme indice.
- Un long format “révélations” : des heures de vidéo, fausses pistes à l’appui.
- Des relais : comptes à forte audience, média sphère complotiste et effet boule de neige.
- Des images bricolées : montages, recadrages, morphings et parfois IA pour « confirmer ».
- Une monétisation : audience, marchandises, abonnements, dons.
Que risquent les prévenus ?
La peine maximale encourue pour harcèlement moral en ligne liée au sexe ou à l’identité de genre est sévère. Elle peut aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement et une amende. Les plafonds sont accrus en cas de circonstances aggravantes. Le tribunal appréciera au cas par cas le degré de participation : auteur, complice, relais.
Ce que plaident les Macron
Les avocats de la Première dame et du couple présidentiel mettent en avant :
- La fausseté des allégations (état civil, photos de famille, témoignages concordants).
- Le préjudice d’un harcèlement en ligne et sexiste prolongé, jusqu’à l’intimidation.
- L’existence d’un système d’audience et de profits adossés à la désinformation en France.
Et maintenant ?

Ce procès parisien doit documenter les mécanismes et responsabilités dans la chaîne de diffusion : qui fabrique, qui orchestre, qui relaye ? Les magistrats diront le droit, mais la décision n’abordera pas une prétendue « vérité cachée ». Elle évaluera plutôt des comportements selon la loi.
En parallèle, la procédure américaine poursuivra sa route, avec ses règles spécifiques et un enjeu symbolique : rappeler que la réputation n’est pas une marchandise et que l’intimité n’est pas une scène.