Tempête en France « Benjamin » : la France bousculée, la Corse en première ligne

Atlantique en vigueur, isobares serrés, pays sous rafales. Chronologie serrée : du pic du 23 octobre à la levée progressive le 24. Secours mobilisés, plus de 600 interventions, 1 200 pompiers sur le pont. Bilan encore provisoire, mais l’entraide tient la ligne.

Dans la nuit du 23 au 24 octobre 2025, la tempête « Benjamin » a frappé la France : selon Météo-France, des rafales ont atteint 168 km/h à Cagnano, 144 à Vidauban et 119 à Chambéry. Un vacancier est mort à Galéria. Enedis a recensé jusqu’à 140 000 foyers privés d’électricité, soit des coupures d’électricité massives. En Corse, la préfecture a annoncé des ports corses fermés à Bastia et L’Île-Rousse, tandis que rail et ciel étaient perturbés.

Suivi de la tempête : chronologie serrée

Au pic du 23 octobre, les rafales ont dépassé le seuil des 160 km/h au Cap Corse.La vigilance Météo-France a viré à l’orange sur une large moitié nord. Ensuite, elle s’est resserrée en soirée vers la Corse-du-Sud et la Haute-Corse. À Cagnano (Cap Corse) 168 km/h, à Vidauban (Var) 144 km/h, à Chambéry (Savoie) 119 km/h — Météo-France, 23 octobre, 18 h. En soirée, Météo-France annonçait encore des rafales jusqu’à 170 km/h sur le Cap Corse23 h 30, 23 octobre.

Le pic de l’épisode s’est joué le jeudi 23 octobre, du matin jusqu’en soirée. Cela s’est déroulé au rythme des bulletins spéciaux, de l’alerte Météo-France et des messages de prudence. Le lendemain, la vigilance Météo-France (orange) s’est levée progressivement sur la plupart des départements, sans que le temps ne retrouve pour autant sa douceur : un ciel griffé d’averses, des vents violents encore présents, et de la neige dans les Alpes attendue en altitude.

Coupures et rétablissements, la bataille de l’électricité

Le vent a d’abord frappé l’électricité : 140 000 foyers privés de courant vers 11 h 30, selon le JT 20 h de France 2 ce 23 octobre, repris par Ouest-France. Puis 60 000 et 38 000 foyers ont été privés de courant en soirée, selon Enedis, le même jour. Au fil des heures, la dentelle fragile du réseau a été rafistolée, section par section. Le soir venu, le compteur des pannes oscillait autour de 60 000. Puis, en fin de soirée, la barre des 38 000 était franchie à la baisse. Le gestionnaire du réseau de distribution, Enedis, avait activé sa cellule nationale. Il avait mobilisé ses équipes sur le terrain, camion nacelle après camion nacelle, chaînes tronçonneuses et détecteurs en main. À Puteaux (Hauts-de-Seine), dans une cellule de crise, on suivait les réalimentations en direct au tempo métronomique. On aiguillait les renforts par grappes et priorisait hôpitaux, sites sensibles, bourgs enclavés.

Ces chiffres, dans leur aridité apparente, disent un effort collectif. Ils racontent les astreintes et la routine des retours sous tension, la prudence dans les manœuvres, les gants isolants et les poteaux encore frémissants, l’ombre des forêts où une branche suffit à précipiter le noir. Ils disent aussi l’attente sur les pas de porte, quand la lampe frontale devient lampe de salon. Les téléphones s’épuisent avant que les enfants ne s’endorment.

Perturbations des transports sur rail, route et ciel

Les perturbations des transports ont été nettes. Sur les lignes TER et certains axes, le trafic SNCF fortement perturbé a subi des retards et annulations. En effet, des arbres couchés ont brisé l’ordinaire. Les équipes de reconnaissance ont pris la voie avant les voyageurs, sciant, déglaçant, sécurisant, pour rouvrir au compte-gouttes. Dans les gares, les panneaux d’affichage ont montré ce ballet familier de retards et d’annulations. Par conséquent, cela a entraîné des soupirs et des gestes de résignation. Dans les aéroports de la façade littorale, la DGAC a signalé des retards aéroportuaires et annulations, message publié sur X le 23 octobre — selon Libération. Le vent de travers imposait déroutements et remises de gaz. Les automobilistes ont croisé des convois d’intervention et ralenti à la vue des gyrophares. De plus, ils apprenaient à composer avec des chaussées jonchées d’aiguilles et de rameaux. Sur les côtes, la houle a bousculé les appontements et lessivé les digues.

Dans la nuit du 23 au 24 octobre, ‘Benjamin’ secoue la France d’un souffle continu. Rafales jusqu’à 160 km/h, ports corses refermés, transports bousculés. Jusqu’à 140 000 foyers privés d’électricité avant une lente réalimentation. Au Cap Corse, la mer cogne la pierre, la vigilance reste en alerte.
Dans la nuit du 23 au 24 octobre, ‘Benjamin’ secoue la France d’un souffle continu. Rafales jusqu’à 160 km/h, ports corses refermés, transports bousculés. Jusqu’à 140 000 foyers privés d’électricité avant une lente réalimentation. Au Cap Corse, la mer cogne la pierre, la vigilance reste en alerte.

Tempête en Corse : la mer contre la pierre

Au large du Cap Corse, le vent se fait personnage. Il arrive par rafales, rebondit sur les crêtes, s’engouffre dans les vallons. Sur l’île, Bastia et L’Île-Rousse ont maintenu des ports corses fermés toute la journée du 24 octobreCorse-Matin, 24 octobre.Sur les quais, les amarres crissaient tandis que les paquets de mer franchissaient les môles. Par ailleurs, les marins d’escale regardaient le ciel. Les autorités avaient choisi la prévention : suspendre les mouvements, renvoyer à plus tard la traversée, attendre que les anémomètres redescendent et que la mer se tasse. La vigilance Météo-France est restée active le jeudi soir sur les deux départements insulaires. De plus, des rafales au Cap Corse dépassant encore les seuils forts étaient attendues dans la nuit. D’après Météo-France, ce phénomène a été observé le 23 octobre, à 23 h 30.

Éclairs au large, grains soudains, vents qui basculent dans les vallées corses. Bastia et L’Île-Rousse ferment leurs passes pour une journée entière. La vie reprend au matin : volets replacés, branches dégagées, nouvelles échangées. Reste la mer, longue mémoire de la tempête.
Éclairs au large, grains soudains, vents qui basculent dans les vallées corses. Bastia et L’Île-Rousse ferment leurs passes pour une journée entière. La vie reprend au matin : volets replacés, branches dégagées, nouvelles échangées. Reste la mer, longue mémoire de la tempête.

C’est aussi sur cette île qu’a été enregistré le drame de l’épisode, Corse-Matin l’ayant annoncé le 23 octobre. À Galéria, sur la vallée du Fango – rivière soudaine, aux pierres rondes et aux bassins de granit prisés des vacanciers – un touriste allemand a été emporté par une crue. Les sapeurs-pompiers de Haute-Corse [SIS 2B] sont intervenus, épaulés par d’autres services mobilisés dans tout le département. Impossible, ici, d’aligner les mots sans mesurer la tristesse des proches. La météo, dans ces cas-là, n’est pas une explication : elle n’est que l’arrière-plan d’une seconde de trop, d’un jugement trompé par la beauté du site.

Sur la côte occidentale, plus loin vers le Désert des Agriates, la pluie a cinglé les murets et les oliviers. Dans les bourgs, on s’est renseigné, on a pris des nouvelles, on a replacé les volets. Et pourtant, le lendemain, la vie reprenait son cours normal. La boulangerie rouvrait et on enjambait les branchages. De plus, on commentait les chiffres, la force du vent et la hauteur des vagues. Enfin, on évoquait aussi la ligne blanche visible sur le large.

Secours et consignes : la mécanique discrète de la protection

L’État-major de sécurité civile et les préfectures ont répété les consignes issues de la vigilance Météo-France. Il est important de se tenir informé et de limiter ses déplacements. Par ailleurs, il faut éviter les lisières et les cours d’eau. De plus, ne pas monter sur les toits est conseillé. Enfin, éloigner les groupes électrogènes est recommandé. Au total, environ 1 200 sapeurs-pompiers ont été mobilisés, pour plus de 600 interventions ce 23 octobre. En Normandie, au large d’Ouistreham (Calvados), quatre pêcheurs ont été hélitreuillés le même jour, une opération d’adresse menée à l’heure où les creux se creusent et où la visibilité se brouille. Ailleurs, sept blessés ont été recensés dans le pays. Ils ont été soignés puis renvoyés chez eux pour la plupart. En outre, les équipes hospitalières sont habituées à ce genre de coups de vent d’automne qui ne choisissent pas leurs victimes.

Dans les centres d’appels d’urgence, les téléconseillers ont répété les mêmes phrases calmement. Ainsi, ils invitaient à patienter quand l’urgence se concentre ailleurs. De plus, ils promettaient un passage dès que possible pour un arbre tombé, une cheminée fendue ou une clôture fauchée. Les mairies ont ouvert des salles, mis à disposition des recharges, relayé des messages. La chaîne humaine ne fait pas de bruit ; elle prête l’épaule et s’éclipse.

Littoraux blanchis par les embruns, trajectoires aériennes contrariées. La DGAC multiplie les messages, la SNCF dégage ses voies. Enedis déploie ses équipes et referme patiemment les mailles du réseau. Une nuit d’attente, de prudence, d’astreintes et de retours sous tension.
Littoraux blanchis par les embruns, trajectoires aériennes contrariées. La DGAC multiplie les messages, la SNCF dégage ses voies. Enedis déploie ses équipes et referme patiemment les mailles du réseau. Une nuit d’attente, de prudence, d’astreintes et de retours sous tension.

Paroles publiques, paroles d’habitants

Sur les plateaux télévisés, Roland Lescure, ministre de l’Économie, a livré un bilan chiffré des coupures au JT de France 2 le 23 octobre à 20 h, repris par Ouest-France, et salué la mobilisation des équipes de terrain. Laurent Nuñez, au ministère de l’Intérieur, a détaillé l’activation des cellules de crise et la coordination avec les préfectures, déclarations faites le 23 octobre en soirée et reprises par Libération. Et dans les rues, des habitants ont soufflé, mi-fatalistes mi-philosophes, retrouvant des gestes anciens : stocker l’eau, compartimenter les pièces pour garder la chaleur, veiller sur les voisins isolés.

Ces petites scènes, à hauteur d’homme, donnent chair au récit des isobares. Ici, une agente d’Enedis raconte ses dix-sept heures d’affilée. En effet, elle travaille dans la boue jusqu’aux chevilles. De plus, elle mentionne les gants qui collent. Là, un chef de gare explique la mécanique précise d’une reprise de circulation. En effet, cette situation survient après la chute d’un chêne sur une caténaire. Ailleurs, un marin bloqué à Bastia reconnaît la sagesse d’une fermeture de port. En effet, même quand les horaires et les contrats en pâtissent, cette décision reste judicieuse. Tous savent que l’hiver approche et que ces tempêtes tempérées n’ont d’innocent que le nom.

Comprendre l’épisode : une « tempête tempérée » au cœur de l’automne

Dans le vocabulaire des météorologues, « Benjamin » n’est pas une trouvaille poétique mais la désignation d’une dépression d’échelle synoptique, alimentée par un jet-stream vigoureux sur l’Europe occidentale. L’origine de ces vents violents tient à des contrastes de masse d’air et à l’organisation des fronts : l’air froid pousse, l’air doux résiste, et la courbure des isobares précipite l’accélération.Le littoral Atlantique, la Manche et le quart nord du pays sont particulièrement exposés à ces coups de boutoir. Par ailleurs, en résonance, les vallées corses subissent également cette exposition. Les bulletins nationaux en ont précisé le déroulé : orages actifs, grains bien formés, rafales destructrices sous les lignes convectives, puis un affaissement progressif, irrégulier, parfois trompeur.

La vigilance sert ici de boussole commune. Elle ne prédit pas à la rue près, elle signale un risque. Et dans les îles, ce risque se double d’effets locaux : accélérations par effet de relief, canalisations de vents entre deux crêtes, bascules brusques de direction. Le Cap Corse en est un manuel à ciel ouvert. À Cagnano, à Ersa, au Macinaggio, chaque burle a sa mémoire.

Port finistérien face aux lames : image-mémoire d’un littoral habitué aux coups de vent. ‘Benjamin’ rappelle la fragilité des réseaux et la force des côtes. Des chiffres, des visages : un décès à Galéria, des blessés, des réparations.
Port finistérien face aux lames : image-mémoire d’un littoral habitué aux coups de vent. ‘Benjamin’ rappelle la fragilité des réseaux et la force des côtes. Des chiffres, des visages : un décès à Galéria, des blessés, des réparations.

Après la bourrasque, les traces et les leçons

Le 24 octobre, au fil des heures, la levée de l’orange a marqué un retour graduel à la normale. Mais une tempête ne s’achève pas avec la dernière rafale. On en mesure la trace au girobroyeur, aux assurances, au menuisier, aux forêts effrangées, aux dunes détourées. On l’entend dans les réunions de maires qui réclament des tailles préventives le long des voies ferrées. De plus, ils demandent des mesures similaires pour les lignes et les routes. On la retrouve aussi dans les discussions familières où l’on raconte « où l’on était » à 19 h. En effet, c’était le moment précis quand le vent a changé de timbre.

Le week-end qui suivra restera perturbé. Des averses circuleront, la neige blanchira les cimes alpines, et l’on scrutera la prochaine ondulation sur l’Atlantique. Les services météorologiques affinent, les équipes techniques réparent, les habitants rangent. La mer, elle, se repose lentement, en longues respirations de houle.

Après la tourmente, entraide et bilan sous réserve

Il y a, dans ces épisodes, une mêlée de gestes qui disent quelque chose de nous. Les pompiers rentrent au petit matin, tandis que les agents remontent des fils sous une douche froide. De plus, les contrôleurs réacheminent des voyageurs. Par ailleurs, les marins renoncent et d’autres patientent. Enfin, les familles s’organisent. Une tempête ne fait pas héroïsme ; elle révèle des attentions. Elle rappelle la fragilité des réseaux et la puissance des lieux. Elle se retire sans s’excuser, et laisse aux hommes le soin d’arranger le monde.

Le bilan, forcément provisoire, s’écrit en chiffres et en visages. Il s’écrit aussi en modes d’emploi : suivre les canaux officiels et préparer des kits simples. Ensuite, il faut éviter les curiosités imprudentes près des cours d’eau. Par ailleurs, renoncer à une sortie quand la mer embarde est essentiel. « Benjamin » n’aura pas brisé la saison. Cependant, il aura, le temps d’une journée et d’une nuit, soulevé la France. De plus, il a rappelé ce que le vent demande : un mélange de respect, de patience et de solidarité.

Après la bourrasque, les traces et les leçons

Le 24 octobre, au fil des heures, la levée de l’orange a marqué un retour graduel à la normale. Mais une tempête ne s’achève pas avec la dernière rafale. On en mesure la trace au girobroyeur, aux assurances, au menuisier, aux forêts effrangées, aux dunes détourées. On l’entend dans les réunions de maires réclamant des tailles préventives le long des voies ferrées. De plus, cela concerne aussi les lignes et les routes. Par ailleurs, on la retrouve dans les discussions familières relatant « où l’on était » à 19 h. Enfin, c’était le moment où le vent a changé de timbre.

Le week-end qui suivra restera perturbé. Des averses circuleront, la neige blanchira les cimes alpines, et l’on scrutera la prochaine ondulation sur l’Atlantique. Les services météorologiques affinent, les équipes techniques réparent, les habitants rangent. La mer, elle, se repose lentement, en longues respirations de houle.

Après la tourmente, entraide et bilan sous réserve

Il y a, dans ces épisodes, une mêlée de gestes qui disent quelque chose de nous. Les pompiers rentrent au petit matin. De plus, les agents remontent des fils sous une douche froide. Par ailleurs, les contrôleurs réacheminent des voyageurs. En outre, les marins renoncent et d’autres patientent. Enfin, les familles s’organisent. Une tempête ne fait pas héroïsme ; elle révèle des attentions. Elle rappelle la fragilité des réseaux et la puissance des lieux. Elle se retire sans s’excuser, et laisse aux hommes le soin d’arranger le monde.

Le bilan de la tempête Benjamin, forcément provisoire, s’écrit en chiffres et en visages. Il se traduit également en modes d’emploi. Il faut suivre les canaux officiels et préparer des kits simples. En outre, évitez les curiosités imprudentes près des cours d’eau. Enfin, renoncez à une sortie lorsque la mer embarde. « Benjamin » n’aura pas interrompu la saison. Cependant, pendant une journée et une nuit, il aura soulevé la France. De plus, il a rappelé ce que le vent exige : un mélange de respect, de patience et de solidarité.

Cet article a été rédigé par Pierre-Antoine Tsady.