
Zaho de Sagazan, voix montante de la chanson française, a publiquement interpellé Emmanuel Macron sur le conflit à Gaza. Dans une lettre ouverte diffusée le 26 juillet 2025 sur Instagram, l’artiste dénonce l’utilisation de sa musique. En effet, elle critique son usage dans la communication politique du président, sans action concrète. Certaines voix qualifient cette inaction de complicité avec le génocide à Gaza. Cette prise de position relance un débat ancien sur le rôle des artistes dans la société. En outre, elle questionne leur indépendance vis-à-vis du pouvoir politique.
Un engagement artistique au cœur du débat public
La démarche de Zaho de Sagazan s’inscrit dans une tradition d’artistes français engagés, où la création artistique devient vecteur de contestation sociale et politique. Ainsi, elle rejoint des voix historiques telles que celles de Jean-Paul Sartre, Simone Signoret ou encore plus récemment Juliette Binoche et Catherine Deneuve qui ont marqué le débat public par leurs prises de position. De nombreux personnalités internationaux réclament aujourd’hui la fin immédiate des violences à Gaza, évoquant ouvertement un risque de génocide en Palestine.

Dans son message à Emmanuel Macron, la chanteuse affirme avec fermeté : “Ne décorez pas votre communication avec mes chansons si, par ailleurs, vous laissez faire un massacre.” Pour elle, l’artiste ne peut rester neutre face à l’injustice. Elle rappelle la situation dramatique à Gaza, décrivant les Palestiniens comme un peuple “bombardé, affamé, déplacé, humilié par le gouvernement israélien, dirigé aujourd’hui par une coalition d’extrême droite”. Cependant, elle condamne également sans détour les “crimes atroces” commis par le Hamas le 7 octobre 2023, affirmant que rien ne justifie la violence.
Réaction nuancée du président Emmanuel Macron
Le président Emmanuel Macron a répondu dès le lendemain par une publication Instagram. Il assure avoir entendu les préoccupations de l’artiste. En outre, il réaffirme que “rien ne saurait justifier l’indifférence face à l’effondrement d’un peuple”. Il précise aussi la position de la France, indiquant qu’elle “ne fournit aucune aide militaire, ni directe ni indirecte aux opérations menées par l’armée israélienne à Gaza”. Toutefois, il reconnaît que “ce que nous faisons collectivement ne suffit pas”. Il appelle à une cessation des violences. De plus, il demande l’ouverture immédiate de couloirs humanitaires.
Historiquement, les prises de position d’Emmanuel Macron sur le conflit israélo-palestinien ont suscité la controverse. Sa relation avec Benjamin Netanyahou a souvent été critiquée par ceux qui estiment qu’elle manque d’équilibre en faveur des Palestiniens. Bien que le président français ait souvent évoqué la reconnaissance nécessaire de l’État palestinien, certains commentateurs politiques restent sceptiques. En effet, ils jugent ses déclarations insuffisamment suivies d’actions concrètes. Les expressions “Macron Israël” et “Macron Gaza” reviennent fréquemment dans les internet et les réseaux sociaux. Elles soulignent les attentes pressantes à l’égard du chef de l’État.

Mobilisation croissante du monde artistique
La mobilisation artistique autour du conflit israélo-palestinien s’intensifie. Des artistes comme Mark Ruffalo, Jim Jarmusch et Juliette Binoche, réunis sous le collectif Artists4Ceasefire, dénoncent l’enlisement du conflit et alertent sur ce que certaines ONG et commentateurs politiques qualifient désormais ouvertement de génocide en Palestine. Zaho de Sagazan participe activement à cette mobilisation, notamment à travers des concerts caritatifs tels que celui organisé à la Cigale en juillet 2024.
Zaho de Sagazan : parcours d’une artiste engagée
Née en 1999 à Saint-Nazaire, Zaho de Sagazan grandit dans un milieu artistique. Son père, Olivier de Sagazan, est un peintre reconnu, et sa mère enseigne. Son premier album, La Symphonie des éclairs, lui vaut quatre Victoires de la musique en 2024. Elle collabore ensuite avec Jean-Michel Jarre et participe à des événements majeurs. Par exemple, elle assiste à l’ouverture du Festival de Cannes. Elle se distingue aussi à la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Paris. Artiste queer assumée, elle défend une approche sensible et engagée de la création musicale.

Un débat nécessaire sur l’indépendance artistique
L’interpellation de Zaho de Sagazan envers Emmanuel Macron ravive le débat sur l’indépendance des artistes vis-à-vis du pouvoir politique. Cet échange souligne aussi l’ambiguïté fréquente de l’utilisation politique de la culture. Historiquement, d’autres artistes ont protesté contre l’utilisation de leur travail par les gouvernements. Ainsi, cela rappelle l’importance de préserver la voix indépendante des créateurs.
Vers un dialogue constructif ?
Cet épisode illustre les attentes fortes envers les dirigeants politiques et les limites des réponses symboliques. Les termes “génocide Gaza” ou encore “Macron Netanyahou” continueront sans doute à alimenter les discussions dans les semaines à venir. En attendant, le geste audacieux de Zaho de Sagazan aura au moins permis de rouvrir un débat essentiel sur la place de l’artiste et sa responsabilité face aux crises humanitaires majeures.