
De l’uniforme à la scène, Yvard s’est imposé, lors du défilé du 14 juillet 2025, comme le “chanteur Marseillaise défilé” que la France n’oubliera pas. Derrière cette voix éraillée, écorchée par la vie, se cache un homme au parcours atypique, forgé par la douleur et l’espérance. Comment un ancien gendarme d’élite, marqué par la guerre et les blessures, a-t-il su transformer son mal en art ? De plus, comment a-t-il converti sa fragilité en force scénique ? Voici le portrait d’un artiste inclassable, adulé ou décrié. Sa prestation a enflammé la toile et bouleversé le paysage musical et mémoriel français.
Un parcours singulier, entre service et résilience
Sur les Champs-Élysées, le 14 juillet 2025, Yvard est bien plus qu’une voix. Ce chanteur breton de Dordogne n’a pas simplement chanté la Marseillaise : il a incarné l’hymne national avec une intensité rare. David Thurisaz, son vrai nom, n’était jusque-là connu que d’un cercle d’initiés. Cependant, ce matin-là, son visage grave et sa voix rugueuse imposent le silence.
Ancien sportif de haut niveau, Yvard a d’abord rêvé d’intégrer les commandos marine. Un amiral, décelant en lui une détermination hors norme, le dirige vers la gendarmerie d’élite. En 1997, il commence un engagement de vingt-cinq ans qui l’emmène sur tous les fronts : Irak, Guyane, Antilles, Bagdad, Nouvelle-Calédonie. Plus de 200 interventions à haut risque font de lui une figure de courage. Il s’impose comme un pilier de la solidarité dans son escadron.
La guerre laisse des traces. Deux blessures graves, un coude fracturé lors des Gilets jaunes, une longue maladie, puis la fin de l’uniforme en 2018. “Je suis entré par conviction dans ce métier, ne plus être utile a été terrible”, confiera-t-il au Figaro. Ainsi, commence pour lui une seconde vie : la musique comme thérapie, la scène comme espace de réparation.

Un art forgé dans l’épreuve
L’art d’Yvard s’ancre dans la blessure. Sa voix rauque n’est pas feinte : elle porte les cicatrices de combats intérieurs et de missions à l’étranger. Elle refuse la pureté, assume le grain, fait surgir l’émotion brute. Sa technique vocale tranche avec les standards de la variété : il joue de la rupture, des silences, du souffle qui se brise. Cette sincérité bouleverse ou dérange, mais jamais n’indiffère.
Yvard compose et écrit, puisant dans ses souvenirs d’Irak, de Nouvelle-Calédonie ou de Guyane. Ses chansons, comme Kalachnikov, Kanuméra ou On sera là, évoquent l’absence, le deuil, la fraternité. Ainsi, chaque titre devient un récit, un hommage à ceux qui restent debout malgré la douleur. Il cite volontiers ses références : Jean-Jacques Goldman pour l’humanisme, Florent Pagny pour la liberté d’être soi, Nicola Sirkis pour la dimension poétique et engagée.
La scène est son refuge. Depuis 2020, il donne une cinquantaine de concerts par an, souvent pour des causes solidaires : Bleuet de France, concerts caritatifs, rencontres avec des jeunes en insertion. “Je chante pour ceux qui ne peuvent plus, pour ceux que la guerre a cassés”, affirme-t-il à la presse.
Le choix du costume et la dramaturgie visuelle
Pour le 14 juillet, Yvard ne laisse rien au hasard. Il sollicite Romain Courret, couturier de Dordogne, pour une veste Napoléon revisitée, un jean noir et des bottes carmin. Ce contraste attire l’œil, exprime son identité rock et son ancrage territorial. La tenue dialogue avec la solennité du moment, tout en affirmant la singularité de l’artiste.
La scène, ce jour-là, s’imprègne d’une dramaturgie rare. Emmanuel Macron, Prabowo Subianto – président indonésien invité d’honneur – le gouvernement, tout le gratin politique observe, suspendu à la voix d’Yvard. À ses côtés, 35 choristes : Escadrilles Air Jeunesse, Petits Chanteurs de France, musiciens des troupes de marine et chœurs de l’Armée française. Eloïz, chanteuse et ancienne gendarme adjointe volontaire, partage le micro.
En ouverture, il interprète On sera là, chanson inédite de Jean-Jacques Goldman écrite pour les blessés de guerre. En quelques minutes, le titre s’impose comme un nouvel hymne de la résilience. Les droits reversés au Bleuet de France témoignent de l’engagement de l’artiste pour la mémoire. En outre, ils montrent son soutien aux anciens combattants.
Polémiques et réception numérique
La prestation du “chanteur Marseillaise défilé” secoue la sphère numérique. Sur X (ex-Twitter), des dizaines de messages fusent : “Il est abominable le chanteur du 14 juillet… ”, “On a perdu toute crédibilité là… J’ai honte”, “C’est une torture pour les oreilles ce chanteur”. Beaucoup rejettent la rupture stylistique, l’émotion trop visible ou la scénographie jugée trop rock.
Cependant, les critiques ne brisent pas Yvard. Rompu à la dureté du terrain, il a appris à faire face. Pour lui, la polémique révèle la force de l’art lorsqu’il touche au sensible. “Le retour vers la joie de vivre est difficile. Je me bats chaque jour, c’est énergivore”, dit-il. Sa voix “cassée” traduit ce combat permanent : elle heurte, mais elle dit la vérité d’un vécu. Ainsi, il s’inscrit dans la lignée de ces artistes dont la fragilité devient force.
Une personnalité complexe
Sous la lumière, Yvard garde une part d’ombre. Ceux qui l’ont approché décrivent un homme réservé, attaché à la discrétion. De plus, il est habité par le souvenir de ses frères d’armes disparus. Il fuit les projecteurs inutiles, refuse les compromis avec le star-system. “Je ne serai jamais une idole. Je veux rester authentique, parler aux gens simples”, affirme-t-il lors d’une rencontre à Périgueux.

Sa maison-studio, nichée dans le Périgord, est un lieu de retraite. Il y compose, enregistre, reçoit quelques amis musiciens. Il cultive la proximité avec son public, souvent constitué de familles de militaires et d’anciens blessés. De plus, il attire aussi des jeunes en quête de repères. Il accorde peu d’interviews, privilégiant le contact direct, l’échange sincère. Ainsi, il perpétue une tradition de la chanson engagée, où la performance n’est jamais coupée du sens.
L’engagement au-delà de la musique
Depuis sa reconversion, Yvard multiplie les actions solidaires. Il chante pour le Bleuet de France et anime des ateliers d’écriture avec des jeunes en difficulté. En outre, il intervient dans les écoles pour parler du traumatisme et de la reconstruction. Il refuse le statut de “héros”, préférant celui de passeur d’expérience.
Il s’engage également auprès d’associations d’anciens combattants et participe à des campagnes de prévention du suicide chez les militaires. Sa musique devient vecteur d’espoir et d’intégration. “Je veux que ma voix serve à quelque chose”, répète-t-il. Cette dimension altruiste fait de lui un artiste singulier dans le paysage français.
Le dit Chanteur Marseillaise défilé : une voix qui divise, un symbole qui s’impose
Qu’on le qualifie de “chanteur Marseillaise défilé”, de rocker à la voix brisée ou de symbole d’une France en reconstruction, Yvard ne laisse personne indifférent. Sa prestation du 14 juillet 2025, malgré les débats, marque un tournant. Elle met en lumière les blessures invisibles des anciens militaires et l’importance de la mémoire. De plus, elle montre la capacité de l’art à fédérer autour d’un destin personnel et collectif.
Sur Internet, son nom s’impose désormais comme celui qui a bouleversé la Marseillaise. Il s’inscrit dans une tradition française où la chanson est aussi un acte politique et existentiel.