
À Steiner Studios, Brooklyn, le 15 octobre 2025, Victoria’s Secret Fashion Show 2025 remonte sur scène avec un spectacle en six segments. De plus, la bande-son du spectacle est composée à 100 % de musique féminine. Sous la houlette d’Hillary Super et d’Adam Selman, Jasmine Tookes ouvre, enceinte, tandis qu’Angel Reese et Suni Lee rappellent l’entrée des athlètes. Objectif affiché : marier héritage et inclusion, relancer une icône chahutée sans renier le show.
Victoria’s Secret Fashion Show 2025 : retour en grand format à Brooklyn
Steiner Studios, situé au cœur de Brooklyn, vibre encore des basses et des cris enregistrés le 15 octobre 2025. Par ailleurs, ces enregistrements ont eu lieu tôt le 16 octobre en Europe. Victoria’s Secret a renouvelé son « spectacle » maison, orchestrant un ballet de lumières et d’ailes monumentales. De plus, des caméras étaient présentes partout à la fois. La maison américaine veut clore un chapitre, en écrire un autre, et le faire en beauté. Le décor est connu; l’intention a changé, assurent ses dirigeants.
Sur la scène quadrillée de rails et d’écrans LED, Jasmine Tookes ouvre la marche. Enceinte, elle impose un rythme calme, souverain. La presse en fera l’une des images fortes de la soirée, tant elle résume la ligne du show : célébrer les corps tels qu’ils viennent, sans renoncer au spectaculaire. Autour, une régie fluide enchaîne les tableaux, ponctués d’intermèdes live. Le public mêle stars, photographes, fans triés sur le volet. On devine, derrière la mise en scène huilée, une volonté de démontrer que le format peut évoluer sans se renier.
Six tableaux, bande-son 100 % féminine : la nouvelle grammaire
Le Victoria’s Secret Fashion Show 2025 a été organisé en six segments, annoncés à l’avance et repris par la presse : First Light, Bombshell, PINK Halftime Show, Hot Pursuit, Magic Hour, Black Tie. Chacun condense une palette, une énergie, une manière d’habiter les ailes, signatures historiques du show. Le « halftime » de PINK joue les cheerleaders pop, « Magic Hour » module les ors et les mauves de fin de journée, « Black Tie » referme la soirée sur des codes de gala.
Ce choix de titrage fabrique une lecture à la télé : six « chapitres », six humeurs, un continuum scénique aisé à segmenter pour l’apès-vie numérique. « Black Tie » rejoue l’ADN glamour US : vernis de gala, rituels du tapis rouge, réassurance esthétique. Le « halftime » importe un geste du spectacle sportif : l’entracte devient cœur du show, charnière où la marque affirme sa porosité avec la culture pop américaine.
La programmation musicale, intégralement féminine, donne l’allure et pose le discours. Côté sens, l’affiche affirme un récit d’autorité féminine : non des « featurings » décoratifs, mais des têtes d’affiche qui tiennent la scène au même rang que les mannequins. Missy Elliott cadence les transitions avec son autorité scénique. Karol G enveloppe l’espace d’une sensualité revendicatrice. Madison Beer installe son crooner contemporain. Et TWICE, phénomène K-pop, apporte une ferveur chorégraphiée qui déclenche un mur de téléphones. L’ensemble affirme, sans long discours, que la marque souhaite prêter son système aux artistes. Ainsi, elle offre sa scène, son audience et ses relais numériques à ceux qui déploient des récits de femmes.
Quand le sport entre en scène
Deux silhouettes fixent les esprits : Angel Reese, pivot star de la WNBA, et Suni (Sunisa) Lee, championne olympique de gymnastique. Les voir défiler signale un élargissement du répertoire : le corps performant, entraîné, rejoint le vocabulaire du glamour. Le commentaire médiatique souligne qu’il ne s’agit plus uniquement de mannequins, mais également de profils d’athlètes. De plus, ces athlètes acceptent de jouer la partition du show. Le message, ici, tient autant de la communication que de l’esthétique : l’athlétisme et la lingerie se rencontrent, comme deux grammaires du mouvement.
Reese, avec son aisance de compétitrice, transforme la marche en démonstration de présence ; Lee, plus concentrée, laisse filtrer la précision d’une championne. L’image vaut prise de position : l’attrait n’est plus assigné à une seule morphologie ni à une trajectoire unique.
Retours d’icônes et nouveaux visages
Le casting fait cohabiter les marques du passé et les promesses du présent. Reviennent, en triomphatrices sages, Adriana Lima, Alessandra Ambrosio, Barbara Palvin, Behati Prinsloo, Joan Smalls, Doutzen Kroes, Candice Swanepoel, Jasmine Tookes encore, Gigi Hadid et Bella Hadid. Passent aussi des premières attendues : Barbie Ferreira, Emily Ratajkowski, Yumi Nu, Alex Consani, Anok Yai, Paloma Elsesser, Ashley Graham, Imaan Hammam, Lila Moss, Iris Law… Autant de noms qui, depuis des années, déplacent des lignes sur l’inclusivité, les tailles et les origines. De plus, ils influencent la présence sur les réseaux.

Le montage du show – entrées fulgurantes, caméras latérales, gros plans sabrés – juxtapose ces trajectoires. On sait bien que l’inclusivité ne se décrète pas à coups de listes, mais le geste est lisible : Victoria’s Secret tient à se montrer diversifiée, et à en faire une preuve par la scène.
Une salle starisée, un absent très commenté
Le front row exhibe ses repères : Sarah Jessica Parker, Jodie Turner-Smith, Law Roach, Patrick Schwarzenegger, d’autres figures du cinéma, du style, de la culture pop. Côté coulisses, le ballet des arrivées et des sorties alimente déjà les réseaux.
Un nom, pourtant, circule pour son absence : Kendall Jenner. Ni au podium, ni en salle. La veille, elle était photographiée à Dallas lors d’un événement marketing pour sa marque 818 Tequila, plongée dans l’ambiance du match Texas-OU ; un agenda qui explique qu’on ne l’ait pas aperçue à Steiner Studios. Ces décalages racontent aussi la porosité actuelle entre mode, business de célébrités et activations locales.
Une direction artistique sous nouvelle donne
Depuis plusieurs saisons, Victoria’s Secret réfléchit à rebâtir son image. La maison affiche une chaîne de responsabilité claire : Hillary Super, PDG, et Adam Selman, executive creative director, pilotent le repositionnement.
Chez Selman, la grammaire reste pop et lisible : couleurs assumées, silhouettes qui flirtent avec la culture club, clins d’œil Y2K distillés sans pastiche. On sent la main d’un styliste rompu aux scènes mainstream, conscient que le show n’est pas la fashion week et que l’équation, ici, combine visibilité de masse et narration de marque. Les ailes – totems historiques – se réinventent en accessoires de caractère : moins imposantes, plus scéniques, parfois presque graphiques. L’ensemble dessine un compromis : garder l’icône, évacuer l’idéologie du « corps parfait ».
Hillary Super revendique un cap : retrouver le statut de « marque la plus sexy du monde ». Elle souhaite aussi « le renvoyer au monde que nous voyons », autrement dit en reflétant la diversité des publics. La formule, volontairement paradoxale, épouse les contraintes de l’époque : faire spectacle, mais répondre aux objections – sociales, culturelles, commerciales – qui ont mis la marque en difficulté.
De la controverse à la méthode : comment réécrire un show
Rappelons sans emphase les controverses qui ont nourri le désamour : jeunes publics ciblés par une esthétique jugée stéréotypée, absence de diversité longtemps reprochée, critiques d’un male gaze triomphant. La marque a exploré des alternatives, comme un film façon anthologie et des égéries « activistes ». Elle a aussi opéré un virage corporate vers un comité de conseillères. Cependant, elle est revenue au format scénique qui a fait sa gloire.
Le millésime 2025 s’avance ainsi comme un chapitre-test : les segments nommés, la bande-son 100 % féminine, la présence d’athlètes et de morphologies variées composent un récit de renouveau. On perçoit la prudence du montage : rien de radical, beaucoup de signes. C’est le propre des marques mondiales de mass-market : ajuster, plus que bouleverser.
Le résultat, ce soir-là, tient dans une série d’images : la marche de Tookes, les ailes-cape écarlates de Bella Hadid, la camaraderie visible entre artistes et mannequins, une salle où l’on croise autant de stylistes que d’icônes télé. Autant de cartes instantanément partageables, prêtes pour les fils sociaux du lendemain.
Ce que l’on a vu, ce que l’on n’a pas vu
On a vu : un savoir-faire télévisuel revenu à son niveau, de la lumière qui sert le vêtement plus qu’elle ne l’écrase, un tempo sans temps mort. On a vu des corps différents au même diapason, signe d’un casting pensé pour l’addition et non la démonstration. On a vu des artistes féminines tenir la scène, sans être réduites à une ponctuation décorative.
On a moins vu : des prises de risques stylistiques majeures. La lingerie reste dans un cadre séduisant et codé, entre satin étincelant et micro-bikinis sur-stylisés. Côté narration, l’argument d’inclusion s’inscrit dans le cadre d’un divertissement global – efficace, mais peu interrogatif. Les limites sont réelles : un show ne refait pas une culture de marque en une soirée, et l’angle commercial reste premier.
Réception et diffusion
La soirée a été pensée pour son après-vie numérique. Plateformes et médias ont relayé, capsules verticales à l’appui, chaque entrée marquante. Les segments, titrés comme des épisodes, se prêtent à la viralité. Le dispositif rappelle que l’économie d’un défilé Victoria’s Secret tient aujourd’hui autant à la captation qu’à la salle : l’audience mondiale vit le show dans sa timeline.

Le casting contribue à cette stratégie : associer des noms qui circulent au-delà du cercle mode, qu’ils soient champions, top models historiques, visages de séries ou icônes de la pop mondiale. L’effet est cumulé : plusieurs fanbases agrègent leur attention, le spectacle joue l’écosystème, et la marque capitalise sur le bruit ainsi produit.
Mémoire contre présent : le pari 2025
Au sortir de Steiner Studios, reste un sentiment de réglage fin. Victoria’s Secret s’emploie à traduire son héritage de manière moins univoque. Cet héritage inclut le kitsch chic, la chorégraphie de plumes et la fête rose. Le geste d’inclusion n’est pas un aboutissement, plutôt une méthode : l’élargissement du casting, la présence d’athlètes, l’appui sur des artistes féminines reconnus.

Le futur dira si cette méthode infuse jusqu’au produit, aux boutiques, à la communication du quotidien. C’est là que la crédibilité se joue : dans la cohérence prolongée, loin du feu des projecteurs. Pour l’heure, le 15 octobre 2025, la marque a proposé un récit lisible : revenir avec ses symboles, ouvrir quelques fenêtres, et laisser au public – vaste, multiple – le soin d’arbitrer. Reste à démontrer que cette grammaire infuse le produit et la communication durablement : c’est là que se mesurera la crédibilité du virage.