Tempête Benjamin : 150 km/h attendus, vigilance vent et vagues-submersion

À l’horizon, la mer se durcit : vigilance vent et mer avant Benjamin (120–130 km/h Atlantique, jusqu’à 150 km/h en Corse).

Annoncée par Météo-France et baptisée par l’IRM, la tempête Benjamin abordera la façade Atlantique et la Manche. Cela se produira jeudi 23 octobre 2025 avec des rafales pouvant atteindre 130 km/h. En outre, les rafales atteindront 150 km/h en Corse. Les premiers effets sont attendus mercredi à midi, pour un pic jeudi de 8 h à 18 h. Issue d’un creusement rapide dopé par un courant-jet puissant, elle place sept départements en vigilance orange et mettra à l’épreuve rivages et réseaux : vigilance vent renforcée. La tempête européenne place sept départements en vigilance orange.

Ce que l’on sait, ce qui arrive

À l’ouest, le baromètre chute comme une pierre. Une dépression née au large des îles Britanniques se creuse à vive allure. De plus, elle reçoit un nom, Benjamin. Ce nom est attribué par l’Institut royal météorologique de Belgique dans le cadre de la liste 2025–2026. Elle n’a rien d’un caprice. Les modèles convergent : la France va essuyer, jeudi 23 octobre 2025, une forte tempête en France telle que Météo-France les désigne, avec des rafales de vent en France pouvant atteindre 120 à 130 km/h sur la tempête atlantique sur la façade Atlantique, 100 à 110 km/h sur la Manche, et 80 à 100 km/h dans l’intérieur des terres. La Corse, exposée aux retours de vent, pourrait localement subir des rafales atteignant 140 km/h. Par ailleurs, elles pourraient même atteindre 150 km/h sur les caps les plus exposés.

L’institution nationale publie un avertissement de vents et active la vigilance orange pour sept départements : Charente-Maritime, Gironde, Landes, Manche, Pyrénées-Atlantiques, Seine-Maritime, Vendée. Le tempo est posé. Début des premiers effets, mercredi 22 octobre, 12 h. Sommet de l’épisode, jeudi 23, entre 8 h et 18 h. Atténuation progressive dans la nuit, fin estimée vendredi 24, 9 h. La mer, elle, ne joue pas les figurantes : le risque de vagues-submersion s’annonce marqué le long des côtes de l’Atlantique et de la Manche : vigilance vent et mer.

La houle s’allonge : risque de vagues-submersion, traversées à adapter entre mercredi midi et vendredi matin.
La houle s’allonge : risque de vagues-submersion, traversées à adapter entre mercredi midi et vendredi matin.

Une carte en relief : où va frapper Benjamin

La géographie de l’épisode dessine un croissant, du Nord-Ouest au Sud-Ouest. Bretagne, Normandie et Cotentin verront les premières rafales sérieuses. Les Pays de la Loire seront rapidement concernés par des orages et de fortes rafales. Au sud, la ligne du front s’étend vers Gironde, Landes et Pyrénées-Atlantiques. Un coup de vent durable est attendu, avec une houle énergique. Plus à l’est, Aude et Pyrénées-Orientales ressentiront des vents accélérés par l’effet de relief et de couloir. Enfin, la Corse se prépare à des pointes jusqu’à 150 km/h, surtout sur les pointes du Cap Corse. Les crêtes sont également concernées lorsque la dépression basculera et réinjectera une forte dynamique sur le bassin tyrrhénien. Les terres ne seront pas épargnées. Le maillage forestier du Sud-Ouest, encore fragilisé par des sols gorgés d’eau en fond de vallée, craint les chablis. Les plateaux de l’Ouest, eux, connaîtront ces rafales hachées qui couchent les haies et bousculent l’alimentation électrique.

Les observateurs régionaux affinent heure par heure. Christophe Ferré de Météo Languedoc prévoit des rafales puissantes touchant l’intérieur depuis la Manche et l’Atlantique. À Météo-France Languedoc-Roussillon, la prévisionniste Élise Chatrefou souligne la bascule des vents au passage du front froid et une ligne orageuse pouvant donner des avertissements d’orages violents, indicateurs d’une turbulence qui ne sera pas qu’un bruit de fond.

Sous le capot : le moteur du jet

La mécanique est bien connue, jamais banale. Au-dessus de l’Atlantique, à 9 à 11 km d’altitude, un courant-jet vigoureux file en ruban, avec des pointes proches de 280 km/h. À l’interface des masses d’air, ce fleuve de vent renforce les ascendances et favorise la cyclogénèse. Benjamin en est un produit presque scolaire. La dépression se forme en sortie gauche du jet, et les divergences d’altitude aspirent l’air en surface. La pression s’effondre alors, les isobares se resserrent, et le flux se tend. D’un coup, le gradient de pression convertit l’énergie en rafales larges et durables. Météo-France le rappelle dans ses dossiers pédagogiques : lorsque le courant-jet accélère et ondule, il tient la clef des coups de vent les plus vifs.

Predict Services, société d’ingénierie du risque dirigée par Alix Roumagnac, observe depuis plusieurs jours une succession de dépressions remontant du proche Atlantique vers les îles Britanniques. Cette cadence a préparé le terrain. Les mers ont pris le large, les surcotes se cumulent, la houle s’alimente sur une longue distance. « Une succession de coups de vent, c’est autant d’énergie injectée dans la machine », explique un ingénieur de terrain. La tempête du jour n’arrive jamais sur une page blanche.

Les signaux officiels : vigilance et consignes

Sur la carte nationale, les couleurs ne sont pas décoratives. La vigilance orange implique que chacun anticipe. Les préfets activent les cellules opérationnelles, tandis que les communes littorales révisent leurs plans d’évacuation douce. De plus, les réseaux d’électricité et de transport basculent en régime dégradé. Météo-France publie des bulletins réguliers, accessibles au grand public, qui détaillent les risques par département et par phénomène, vent violent, pluie-inondation, vagues-submersion. Ces bulletins, actualisés plusieurs fois par jour, dictent la mesure juste : ni alarme inutile, ni négligence coupable.

La chronologie est resserrée. Le premier souffle sérieux est attendu dès mercredi 22 octobre à midi, avec un crescendo marqué dans la nuit. Jeudi, entre 8 h et 18 h, la barre passera sur l’ensemble des façades maritimes, avec des rafales 120 à 130 km/h sur les caps vendéens et charentais, 100 à 110 km/h du Finistère au Bessin. Dans les terres, les pointes à 80, 90, parfois 100 km/h suffiront à casser des branches et à déraciner des sujets fragiles. Vendredi, dès 9 h, l’essentiel sera passé, même si des grains résiduels balaieront encore les côtes.

Île-de-Sein, souvenir de 2013 : les lames franchissent le quai, et l’on comprend ce que vigilance veut dire. Benjamin ne sera pas un souvenir figé, mais un épisode vivant, aux horaires précis : jeudi de 8 h à 18 h, le cœur du coup de vent. Sur le littoral, le trio marée-surcote-vent fera la loi, bien plus que la seule hauteur des vagues.
Île-de-Sein, souvenir de 2013 : les lames franchissent le quai, et l’on comprend ce que vigilance veut dire. Benjamin ne sera pas un souvenir figé, mais un épisode vivant, aux horaires précis : jeudi de 8 h à 18 h, le cœur du coup de vent. Sur le littoral, le trio marée-surcote-vent fera la loi, bien plus que la seule hauteur des vagues.

Prévenir plutôt que guérir : la maison, la route, le rivage

La prévention commence par des gestes simples. À la maison, on rentre tout ce qui peut devenir projectile. On vérifie l’arrimage des volets. On éloigne les véhicules des arbres et des murs lézardés. On prépare une lampe, des batteries, de l’eau. Sur la route, on renonce aux itinéraires côtiers au moment du pic et on réduit la vitesse. De plus, on différencie les trajets des poids lourds et des véhicules légers, plus sensibles aux « coups de boutoir » transversaux. Sur le rivage, s’éloigner des digues et des esplanades au plus fort de la houle demeure la règle qui sauve. Une photographie spectaculaire ne vaut jamais une vie.

À Pors-Loubous, l’écume cisèle : prudence littorale, s’éloigner des esplanades au pic de vent.
À Pors-Loubous, l’écume cisèle : prudence littorale, s’éloigner des esplanades au pic de vent.

Les autorités maritimes insistent sur une subtilité noyée par l’habitude. Le danger des vagues-submersion ne vient pas seulement de la hauteur de vague, mais de la coïncidence entre marée, surcote et vent. Lorsque ces facteurs se conjuguent, l’eau gagne un cran, l’écume franchit, le mobilier urbain devient un obstacle flottant. Les stations balnéaires de Vendée, de Charente-Maritime ou du Pays Bigouden en savent assez. Par conséquent, elles ne traitent plus la mer comme un décor. Les digues ont de la mémoire, et la mémoire parle haut les jours de tempête.

Service public : ce qui peut bouger, ce qui peut s’arrêter

Un pays tient par mille routines invisibles. L’alerte vent les rend visibles. Les collectivités se préparent à des fermetures ponctuelles d’écoles. Notamment, cela concerne les communes du littoral exposées. Ainsi, elles évitent des trajets périlleux aux heures de pointe. Les opérateurs de transport prévoient des ralentissements sur les lignes ferroviaires où les chutes d’arbres restent un risque. Les traversées maritimes rapides peuvent être suspendues lorsque l’état de mer dépasse la tolérance opérationnelle. Sur le réseau électrique, Enedis déploie des équipes capables d’intervenir dès que le vent faiblit sous les seuils de sécurité. Les sapeurs-pompiers se tiennent en renfort pour les mises en sécurité, bâchages et dégagements d’axes.

Dans les campagnes, le calendrier agricole subit des contre-temps. Les ramassages tardifs de maïs et de kiwis dans le Sud-Ouest devront composer avec la pluie et le vent. Sinon, ils risquent des pertes. Les ostréiculteurs, du bassin d’Arcachon à la Baie de Bourgneuf, veillent aux poches et aux tables. Les marins pêcheurs restent à quai et comptent les jours à la fenêtre de la météo. En effet, la houle de tempête impose ses lois au-delà du simple coup de vent.

Le mot et la chose : « bombe météorologique »

Le terme surgit à chaque automne, souvent mal compris. On parle de bombe météorologique quand la pression au centre d’une dépression chute d’au moins 24 hPa. Cela doit se produire en vingt-quatre heures sous nos latitudes. L’expression est spectaculaire, la réalité est affaire de dynamique. Benjamin présente une cyclogénèse rapide, nourrie par un jet puissant, mais ce label n’a de valeur que rétrospective, une fois la pression réellement mesurée. Les bulletins insistent donc sur ce que l’on sait avec certitude : la force du vent, la direction, la fenêtre temporelle et l’état de la mer. La sémantique ne protège personne. Les consignes, si.

Yann Amice, météorologue, rappelle dans les colonnes de la presse locale qu’une tempête ne se résume ni à un pic de rafale, ni à une carte colorée. Elle se lit dans la durée d’exposition, la cohérence des champs de vent et l’interaction avec la mer. Ces trois paramètres expliquent souvent pourquoi un littoral encaisse sans casse apparente. En revanche, un autre littoral, pourtant moins venté, déplore des dégâts.

Assurer, documenter, reconstruire

Les tempêtes écrivent aussi des dossiers. Pour les assurances, la garantie « tempête » couvre les dommages liés au vent et aux objets projetés. Elle prend aussi en charge les infiltrations consécutives. Le réflexe qui change tout tient en trois mots : constituer des preuves. Photos datées avant et après, factures de réparation d’urgence, témoignages succincts, numéro de dossier en tête. Il est recommandé de déclarer dans les cinq jours ouvrés, quitte à compléter ensuite. Les mairies peuvent, si les dégâts se révèlent massifs, solliciter une reconnaissance de catastrophe naturelle pour les phénomènes associés. Là encore, l’anticipation fait gagner des heures.

Une fois l’alerte levée, il faut aussi trier dans le flux d’images. Les réseaux sociaux regorgent de scènes saisissantes, souvent hors contexte. Les rédactions et les autorités multiplient les vérifications géographiques et temporelles. Un quai breton de 2013 peut habiller un récit de 2025 sans qu’aucun détail ne le trahisse à première vue. Le doute ne se lève qu’avec une géolocalisation patiente et la confrontation aux données officielles. Le spectaculaire ne vaut que s’il est vrai.

Mémoire des vents, présent du climat

L’automne français connaît ces pulsations régulières qui sculptent nos repères. Chaque saison ajoute une strate, et l’on pourrait croire à une routine. Ce serait se tromper. La tendance climatique en Europe de l’Ouest offre des contextes de plus en plus propices aux extrêmes. Un océan plus chaud alimente des dépressions plus vigoureuses. Des sols fragilisés par des périodes de sécheresse puis de pluies concentrées cèdent plus facilement. Les villes, leurs forêts urbaines, leurs mobilités, apprennent à intégrer ce bruit de fond. Cela ne s’appelle pas fatalité. Cela s’appelle adaptation.

Dans l’immédiat, le meilleur langage reste celui de la sobriété. On ferme les volets, on s’éloigne des digues, on temporise un déplacement. On suit les bulletins de Météo-France, qui centralisent les vigilances et proposent des conseils simples et efficaces. On garde un œil sur les marées et l’on prête l’autre au grondement du large. Une tempête n’est pas un spectacle, c’est un événement collectif. Benjamin passera. La mémoire, elle, restera, et nous rappellera à l’ordre lorsque reviendra le prochain coup de vent. Reste à chacun d’entendre ce que le vent dit du réel.

Cet article a été rédigé par Pierre-Antoine Tsady.