
Swann Arlaud s’impose en toute discrétion comme l’un des comédiens les plus talentueux de sa génération. Secret, exigeant, il privilégie les rôles forts, souvent empreints de réalisme social. Au cinéma comme au théâtre, il incarne des personnages complexes, marqués par des dilemmes intimes et des contextes troublés.
Une enfance dans l’univers du spectacle
Né le 25 mars 1981 à Fontenay-aux-Roses, Swann Arlaud grandit dans un environnement artistique. Son grand-père, Max Vialle, était comédien. Sa mère, Tatiana Vialle, est metteuse en scène et directrice de casting. Dès son plus jeune âge, il baigne dans le monde du théâtre et du cinéma. Il fait ses premiers pas sur les plateaux en tournant dans des publicités et de petits rôles dès les années 1990.

Très tôt, il développe une approche instinctive du jeu. Il refuse les écoles d’art dramatique, préférant apprendre sur le terrain. Cette formation autodidacte lui permet d’explorer un registre varié et de s’imprégner directement des exigences du métier.
Une ascension marquée par des rôles exigeants
Si Swann Arlaud enchaîne les seconds rôles pendant plusieurs années, sa carrière prend un tournant décisif en 2016. Il se distingue dans Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore, où il campe un militaire confronté à une disparition inexpliquée en Afghanistan. Il enchaîne avec Les Anarchistes d’Élie Wajeman, qui lui vaut une nomination au César du meilleur espoir masculin.
Mais c’est en 2017 que vient la consécration. Son interprétation d’un jeune éleveur en crise dans Petit Paysan de Hubert Charuel lui vaut le César du meilleur acteur en 2018. Son jeu, tout en nuances, restitue avec force la détresse d’un homme prêt à tout pour sauver son exploitation menacée par une épidémie. Ce rôle lui permet d’imposer son style : sobre, précis, ancré dans le réel.
En 2020, il décroche un second César, cette fois pour son rôle dans Grâce à Dieu de François Ozon. Il y incarne une victime d’abus sexuels au sein de l’Église, livrant une performance d’une intensité bouleversante. Son regard habité, sa fragilité contenue, captivent le spectateur et renforcent son image d’acteur engagé.

Trahisons : une nouvelle aventure au théâtre
Actuellement, Swann Arlaud est à l’affiche de Trahisons d’Harold Pinter, au Théâtre de l’Œuvre à Paris, jusqu’au 30 mars 2025. Ce drame intime, construit en flash-back, explore une liaison adultère et ses répercussions sur trois personnages. L’acteur y excelle, offrant une performance saluée par la critique. Il donne la réplique à Anna Mouglalis et Stanislas Nordey, dans une mise en scène épurée qui souligne la tension des dialogues.
Son retour au théâtre confirme son goût pour les textes puissants et son aisance à incarner des rôles exigeants. Pinter, avec son écriture précise et elliptique, correspond parfaitement à sa sensibilité d’acteur.
Un artiste engagé dans son époque
Au-delà de son talent, Swann Arlaud se distingue par ses prises de position. Il n’hésite pas à s’engager pour des causes qui lui tiennent à cœur. En 2018, lors de la 43e cérémonie des César, il arbore un ruban blanc, symbole du soutien au mouvement #MeToo et à la lutte contre les violences faites aux femmes. Il prend également position en faveur des mouvements sociaux, cosignant plusieurs tribunes appelant à plus de justice sociale.

Attaché à un cinéma ancré dans le réel, il choisit ses rôles avec une rigueur rare. Chaque projet dans lequel il s’investit porte une résonance particulière, qu’elle soit politique, sociale ou humaine. Swann Arlaud n’est pas de ceux qui cherchent la lumière à tout prix. Il préfère les chemins de traverse, les films d’auteur aux blockbusters, les causes justes aux discours formatés.
Un acteur à part dans le paysage français
À 43 ans, Swann Arlaud s’impose comme un visage familier du cinéma et du théâtre français. Alternant entre écrans et planches, il privilégie une approche exigeante du métier. Son jeu subtil, sa capacité à incarner des personnages profondément humains et son engagement sincère en font un comédien à part.
Chaque rôle qu’il choisit devient un écho aux préoccupations contemporaines. Qu’il s’agisse de la détresse paysanne dans Petit Paysan, des abus dans Grâce à Dieu, ou des méandres du couple dans Trahisons, il explore des failles universelles avec une justesse rare. Un acteur incontournable, dont le parcours inspire désormais le respect.