
À Bormes-les-Mimosas, Michel Sardou, soixante ans de chansons au compteur, réapparaît sur TF1, ce 2 novembre 2025, dans le portrait de « Sept à Huit ». Deux livres, une compilation et un documentaire attendu début novembre encadrent cet aveu au présent. L’artiste oscille entre retraite choisie et prises de position tranchantes, tout en racontant son personnage de scène. Par ailleurs, il commente l’actualité et orchestre une ultime mise au point.
À Bormes, la lumière d’automne et un portrait télévisé
La mer est proche, l’air sent le pin et le sel. À Bormes-les-Mimosas, où Michel Sardou s’est retiré, une caméra a pris place. Le chanteur, 78 ans en 2025, s’y confie dans le « Portrait » de « Sept à Huit » sur TF1, diffusé le 2 novembre 2025. Le cadre dit l’essentiel : un homme de scène choisit la pénombre apaisée du Var pour se raconter. En effet, il évoque une carrière débutée à l’époque des super 45 tours, qu’il célèbre aujourd’hui différemment. Ainsi, au lieu d’une tournée supplémentaire, il propose une série de récits, disques et pages.
Le calendrier d’une célébration minutieusement rythmée
La mécanique est simple et efficace. Une compilation taillée comme un totem « 60 années, 60 singles » rappelle la colonne vertébrale des succès. Deux livres racontent la traversée, mêlant mémoires et regards rétrospectifs. Un documentaire en salle, les 6 et 9 novembre 2025, prolonge l’aveu filmé : un face-à-face où la voix, débarrassée des projecteurs, tente d’ordonner une légende personnelle. Cette campagne condensée sur le début de novembre ressemble à une révérence discrète. On n’y trouve plus l’urgence des zéniths, seulement le temps long d’un récit que l’on installe. Titres et dates susceptibles d’évoluer selon éditeurs et distributeurs.
Audrey Crespo-Mara, une écoute et des silences
Dans la pièce, Audrey Crespo-Mara tend ses questions avec cette douceur qui n’exclut pas la précision. Elle sait laisser planer des silences où l’on entend presque un souffle. Le portrait télévisé, douze minutes à peine, concentre les angles : l’homme, ses flamboiements, ses regrets, ses colères. Le chanteur distingue ce qu’il appelle un « personnage de scène » et ce qu’il tient pour ses opinions. La nuance est décisive, car elle traverse toute sa discographie. En effet, les hymnes populaires côtoient des chansons qui heurtent.

Femmes, féminisme, mots qui blessent
On l’a connu plus d’une fois brusque, provocateur, cabochard. À la télévision, il assume des excès proférés sur scène, revendiquant le droit à l’outrance du comédien derrière le micro. Sur les féministes, ses formules cinglantes ont allumé des polémiques, il en maintient la logique, sinon la lettre. Des collectifs et militantes féministes dénonçaient souvent des paroles jugées misogynes. De plus, ces critiques sont largement relayées par la presse. Elles sont rappelées ici afin de situer le débat. L’homme raconte un masque, celui d’un personnage qui grossit le trait. La question demeure posée calmement par l’intervieweuse : que reste-t-il lorsqu’on replie le décor ? Sardou répond en creux, évoquant une génération, un métier, une ironie qu’il voudrait lue comme un code scénique, sans exclure les blessures produites.
Un coup de fil, un malaise : Sarkozy derrière les barreaux
Le portrait n’évite pas l’actualité. La condamnation et l’incarcération de Nicolas Sarkozy forment un arrière-plan tendu. Le chanteur dit son soutien personnel, presque d’amitié, et confie un malaise : « On est mal barré si on commence à mettre les présidents en prison ». La phrase, brute, raconte davantage un rapport au symbole qu’un commentaire technique d’un dossier judiciaire. Le texte rappelle l’appel en cours et la présomption d’innocence qui s’attache aux volets non jugés. On entend, dans cette profession de loyauté, la vieille fraternité d’un monde. Dans ce monde, les présidents se téléphonent aux chanteurs, et inversement.
Le retrait, la maison, un art de la solitude
Le chanteur se dit heureux, enfin seul. À Bormes, il s’est construit une vie discrète, presque monastique. Les amis passent peu, la mer est là, la lumière tourne. Il explique qu’il n’a plus envie des grands soirs. En effet, il préfère un déjeuner calme, un livre, une sieste. On pense aux adieux, à cette tournée de 2023-2024 dont il est revenu fourbu, reconnaissant le prix physique des marathons. Il parle de la scène comme d’une ancienne fièvre. Elle n’a pas disparu, elle l’oblige seulement à trouver d’autres cadences.

La méthode d’une promo au cordeau
Trois entretiens seulement, dispersés avec parcimonie. Une exclusivité télévisée qui plante le drapeau. Un rythme serré est prévu : télévision le 2 novembre 2025. Ensuite, sorties en librairie et dans les salles dans la foulée. Enfin, disque sur les plateformes et chez les disquaires. Rien d’envahissant, mais tout à sa place. On comprend la stratégie : rareté du verbe, puissance des citations, effet de halo sur l’ensemble. Sardou n’a plus besoin de conquérir, il lui suffit d’être là, précis et tranchant.
L’héritage, fragile et tenace
Dans l’entretien, l’artiste ne cherche pas à sanctifier son répertoire. Il reconnaît les angles vifs, il maintient le droit d’avoir posé la main sur des sujets qui fâchent. On entend la France qui l’adore, mais aussi la France qui s’agace. De plus, la France connaît par cœur des refrains devenus rites de fin de soirée. Sa popularité, faite de contradictions, résiste aux vagues. « Les Lacs du Connemara » survivront aux polémiques comme un feu de cheminée : trop puissant, trop simple dans son emportement pour n’être qu’un slogan. L’artiste, lui, regarde cela de loin, presque amusé, un peu las.
Figures convoquées, France recomposée
Autour de lui, les noms dessinent un paysage. Marine Le Pen, Sandrine Rousseau, Nicolas Sarkozy : trois manières d’incarner les lignes de fracture d’un pays qui se cherche. Sardou ne choisit pas un camp, il assène une humeur, une formule, une ironie. Ses mots, souvent à l’emporte-pièce, rappellent la tradition d’une chanson française qui fut longtemps un théâtre d’idées. On peut s’en offusquer, ou bien on peut s’y reconnaître. Cependant, la vérité, c’est que la voix a façonné notre imaginaire collectif pendant six décennies.

Une mémoire populaire, entre querelles et fidélités
La carrière de Sardou épouse des moments collectifs : mariages, banquets, stades, fêtes d’école. Elle épouse aussi des colères : les débats sur la peine de mort, sur l’Empire, sur l’Amérique. Le chanteur ne démissionne pas de cette histoire collective. Il y met aujourd’hui de la distance. On le sent plus calme, plus précis dans le choix de ses mots, sans affadir le grain de sa voix publique. Le portrait télévisé l’attrape dans cette mue, au moment où l’homme écrit la postface de sa propre légende.
À l’heure des bilans, une promesse de sobriété
Rien de spectaculaire, rien d’industriel dans cette saison anniversaire. Plutôt une ligne claire : quelques prises de parole, un film, un disque-summa, des pages. L’ensemble suffit à réaffirmer un rang : celui d’un artiste majeur de la chanson française, dont l’empreinte culturelle demeure indéniable. Les polémiques reviendront, d’autres louanges aussi. Sardou, lui, semble n’en plus faire l’affaire d’une vie. Il a regard sur la mer et sur la France. Les soirs de novembre 2025, les spectateurs s’assiéront dans le noir pour l’écouter se raconter.