Sara Forestier fait son grand retour au cinéma. Après plusieurs années d’absence, elle revient sous l’objectif d’Emmanuel Mouret dans le film Trois amies, aux côtés de Camille Cottin et India Hair. Ce lundi 4 novembre, l’actrice française est venue parler de ce projet et des épreuves qui l’ont tenue éloignée des plateaux sur le plateau de Quotidien. Derrière son sourire éclatant et son allure lumineuse, des fêlures demeurent. Elle partage les instants sombres qui l’ont conduite à faire une pause nécessaire pour se retrouver.
Un début fracassant et une reconnaissance rapide
Née un 4 octobre 1986 à Copenhague, Sara Forestier se révèle en France en 2004 grâce à son interprétation de Lydia dans L’Esquive d’Abdellatif Kechiche. Ce rôle de jeune fille des quartiers populaires lui vaut le César du meilleur espoir féminin. À seulement 18 ans, elle est adoubée par la critique et le public, s’imposant comme une étoile montante au talent vif et sans concession. Les rôles marquants s’enchaînent : dans Hell, adaptation du roman de Lolita Pille, elle incarne une jeune héritière en proie à ses démons, confirmant son talent pour les personnages à la psychologie intense. En 2011, son interprétation dans Le Nom des gens de Michel Leclerc lui apporte un second César, celui de la meilleure actrice. Elle est désormais un visage incontournable du cinéma français.
Une blessure personnelle et des drames intimes
En 2020, alors qu’elle fait la promotion de Filles de joie, Sara Forestier révèle avoir été victime de violences conjugales. Ce film, traitant des violences faites aux femmes, trouve un écho particulier dans son histoire personnelle. Elle confie que, lisant le scénario, elle reconnaissait douloureusement sa propre vie. « Je lisais ce personnage et je reconnaissais ma propre histoire, » expliquait-elle, émue, sur C à vous sur France 5. Cette expérience marquante laisse en elle des cicatrices profondes, et elle s’éloigne progressivement du cinéma pour panser ses blessures.
Le coup de grâce survient en 2017, sur le tournage de Bonhomme, lorsqu’elle est confrontée à une altercation avec Nicolas Duvauchelle. Elle affirme que l’acteur l’aurait giflée en pleine scène. Une rumeur circule, selon laquelle ce serait elle qui l’aurait giflé, avant de quitter le tournage, mais elle se défend fermement de cette version. Ébranlée par cet incident, elle prend la décision radicale de se retirer des plateaux pour une période indéfinie. « Je continuais à tourner en faisant semblant que tout allait bien, mais ça n’allait pas du tout, » confie-t-elle, la voix tremblante, évoquant des nuits sans sommeil et des pensées sombres qui l’ont assaillie.
Se reconstruire pour mieux revenir
Loin des projecteurs, Sara Forestier entame une profonde introspection. « Le traumatisme, ça implique des choses : ne pas dormir, envisager l’impensable, » confie-t-elle. Elle décrit également la stigmatisation que subissent les femmes victimes de violences : « On aime dire des femmes abîmées qu’elles sont folles. Mais il n’en est rien, elles sont seulement marquées. » Cette pause de trois ans lui offre le temps de retrouver une certaine paix intérieure et de préparer un retour plus serein.
Elle souhaite revenir en s’entourant de bienveillance. Ce nouveau projet, Trois amies, réalisé par Emmanuel Mouret, est une comédie douce-amère qui explore l’amitié et les liens subtils entre trois femmes. Dans ce cadre apaisant, elle retrouve le goût du jeu, entourée de ses partenaires Camille Cottin et India Hair. « J’ai vraiment attendu de trouver un projet avec des gens bienveillants. Et j’ai tellement bien fait d’attendre, » exprime-t-elle avec une émotion palpable.
Une carrière riche en nuances
À 38 ans, Sara Forestier a déjà profondément marqué le cinéma français. Outre L’Esquive et Le Nom des gens, elle incarne des rôles puissants dans Suzanne de Katell Quillévéré et La Tête haute d’Emmanuelle Bercot. En 2017, elle se lance également dans la réalisation avec M, un film qu’elle écrit, réalise et interprète, révélant son désir de maîtriser pleinement sa vision artistique.
Connue aussi pour ses prises de position tranchées, elle soutient Adèle Haenel lors de l’affaire des Césars en 2020, dénonçant les failles d’une industrie qu’elle estime encore trop réticente à protéger les femmes. Son engagement dépasse le cadre artistique, réaffirmant son attachement au respect et à l’écoute. Aujourd’hui, Sara Forestier semble retrouver une place où elle peut conjuguer sa passion pour le cinéma avec une certaine sérénité.
Trois amies : un retour sous le signe de la solidarité
Dans Trois amies, Sara Forestier interprète l’une des trois amies, naviguant entre amours et amitiés, leurs vies se mêlant dans un récit tout en nuances. Ce projet marque une nouvelle page pour l’actrice, qui aspire à présent à évoluer dans un climat de respect mutuel. Plus qu’une simple reprise, ce retour signe une renaissance. Pour elle, le cinéma est un terrain d’expression où elle continue d’explorer ses propres failles et celles des personnages qu’elle incarne. Sa quête de vérité, empreinte de résilience, touche un public toujours plus attentif à sa sincérité.
Pour le cinéma français, retrouver Sara Forestier est une chance inestimable. Quant à l’actrice, elle revient transformée, mais avec cette intensité singulière qui fait d’elle l’une des figures marquantes du cinéma de son époque.