Sandrine Kiberlain, figure incontournable du cinéma français, s’apprête à marquer une fois de plus les esprits avec un rôle d’envergure. Dans Sarah Bernhardt, la divine, réalisé par Guillaume Nicloux et attendu en salle le 18 décembre, elle incarne l’emblématique actrice de la Belle Époque, réaffirmant sa place dans l’univers artistique hexagonal. Ce portrait explore les étapes majeures de sa carrière, ses multiples passions et les échos que son parcours suscite dans l’imaginaire collectif.
Une carrière au carrefour des genres
Née le 25 février 1968 à Boulogne-Billancourt, Sandrine Kiberlain découvre très tôt sa vocation pour la comédie. Formée au prestigieux Cours Florent puis au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, elle impose rapidement sa signature dans le paysage cinématographique français. Sa première grande reconnaissance arrive en 1996 avec un César du Meilleur espoir féminin pour son interprétation dans En avoir (ou pas).
Dès lors, elle navigue avec aisance entre les genres. De l’intensité dramatique de Les Patriotes (1994) à l’élégance minimaliste de Mademoiselle Chambon (2009), en passant par la comédie décalée 9 Mois ferme (2014) qui lui vaut le César de la Meilleure actrice, Kiberlain incarne un rare éclectisme. En 2022, elle réalise un tournant audacieux en passant derrière la caméra avec Une jeune fille qui va bien, un premier long-métrage applaudissant sa sensibilité et sa maîtrise narrative.
Une artiste pluridisciplinaire
Si le cinéma constitue le cœur de son activité, Sandrine Kiberlain explore d’autres horizons créatifs. En 2005, elle surprend le public en sortant un premier album, Manquait plus qu’ça, suivi en 2007 de Coupés bien net et bien carré. Dans ces disques, elle dévoile une voix douce et un style intimiste, rappelant sa quête constante de sincérité dans l’expression artistique.
Cette diversification révèle une personnalité insatiable, toujours en quête d’authenticité. Cependant, cette dimension polyvalente n’est pas exempte d’une curiosité publique pour sa vie privée. L’évocation de sa relation passée avec Vincent Lindon, père de leur fille Suzanne, ou ses réflexions sur son parcours atypique, nourrissent un intérêt médiatique parfois trop intrusif. Elle affirme pourtant garder une distance critique face à cet aspect de la notoriété, soulignant : « Je préfère que l’on parle de mes rôles que de ma silhouette ou de mon âge. »
Sarah Bernhardt : un rôle à la mesure de son talent
Incarner Sarah Bernhardt représente un véritable défi artistique. Cette figure mythique du théâtre mondial, femme libre et visionnaire, symbolise l’avant-garde de la Belle Époque. Sandrine Kiberlain a abordé ce rôle avec une intensité rare : « Il fallait que je m’efface pour me fondre dans cette personnalité hors norme, à la fois démesurée et lumineuse. »
Le tournage a exigé un investissement total, tant physique qu’émotionnel. La diction particulière de Bernhardt, sa gestuelle élaborée et son énergie débordante ont constitué des axes de travail intenses pour Kiberlain, qui reconnaît que ce rôle lui a permis d’explorer des facettes inédites de son propre rapport au jeu d’acteur.
En revisitant la trajectoire de Bernhardt, le film évoque également les combats engagés de cette dernière. Militante féministe avant l’heure, fervente défenseure de l’affaire Dreyfus, Sarah Bernhardt est une figure de référence dans l’histoire culturelle et sociale française. Ce biopic promet une immersion dans l’éclat d’une époque et d’une personnalité hors normes.
Une transmission artistique
En parallèle de sa carrière, Sandrine Kiberlain observe avec fierté les premiers pas de sa fille, Suzanne Lindon, dans le cinéma. Cette dernière, réalisatrice et actrice, semble avoir hérité de la fibre artistique familiale tout en affirmant un style qui lui est propre. Kiberlain confie : « C’est beau de voir une nouvelle génération réinventer des codes tout en s’inspirant des anciens. »
Une artiste en quête d’avenir
Avec plus de trente ans de carrière, Sandrine Kiberlain continue de réinventer son art. Sarah Bernhardt, la divine marque une étape majeure, témoignant de sa capacité à relever des défis toujours plus ambitieux. À 56 ans, elle demeure une figure incontournable, tant par ses choix audacieux que par son intégrité artistique.
Ce rôle, au-delà d’être une performance, incarne une rencontre entre deux âmes d’artistes : celle de Bernhardt et celle de Kiberlain, unies par une même volonté de transcender les frontières du possible. Un rendez-vous cinématographique que ni les amateurs d’histoire ni les passionnés d’art ne voudront manquer.