Rubby Pérez foudroyé en plein concert

Rubby Pérez en pleine performance, électrisant la scène dominicaine avec son énergie légendaire

Né le 8 mars 1956 à Bajos del Haina, petite ville portuaire de la République dominicaine, Rubby Pérez semblait destiné à une brillante carrière sportive. Son père, passionné de baseball, espérait le voir évoluer sous les couleurs des célèbres Leones del Escogido.

Sous les projecteurs, Rubby Pérez électrise la scène comme aux plus belles heures de sa carrière solo. Ironie du destin, celui que le destin voulait baseball pro est devenu l’as du micro. Il enchaîne les tubes avec la fougue d’un lanceur de feu.
Sous les projecteurs, Rubby Pérez électrise la scène comme aux plus belles heures de sa carrière solo. Ironie du destin, celui que le destin voulait baseball pro est devenu l’as du micro. Il enchaîne les tubes avec la fougue d’un lanceur de feu.

Toutefois, le destin en décide autrement. À seulement 15 ans, Rubby est victime d’un accident brutal : percuté par une camionnette, il souffre d’une grave blessure à la jambe droite. Cet événement tragique met fin à ses ambitions sportives. Durant sa convalescence, une nouvelle vocation émerge. À l’hôpital, Rubby commence à chanter et jouer de la guitare pour les autres patients. Affectueusement surnommé « le lit 13 », il découvre alors son talent musical.

La naissance d’un artiste d’exception

Fort de cette révélation, Rubby Pérez intègre le prestigieux Conservatoire national de Saint-Domingue, où il étudie le piano et affine sa voix singulière. Son talent est vite remarqué. Il rejoint ainsi plusieurs formations locales renommées comme Los Juveniles de Baní et la Chorale de la Société d’orientation des jeunes.

« Vous m’entendez là, derrière ? », semblait plaisanter Rubby pendant ses concerts endiablés. Toujours complice avec son public, il jouait avec la foule comme avec ses musiciens, créant une communion irrésistible à chaque performance.

En 1982, une rencontre cruciale marque un tournant dans sa vie : celle avec Wilfrido Vargas, légende du merengue. Rubby devient rapidement un pilier de l’orchestre de Vargas, séduisant le public grâce à sa voix aiguë et puissante. Ses interprétations des titres comme Volveré, El Africano et Cuando Estés Con Él lui valent une renommée grandissante, au-delà même des frontières dominicaines. Rapidement, Rubby se produit sur des scènes prestigieuses, des Caraïbes jusqu’en Europe.

Une carrière solo couronnée de succès

En 1987, Rubby franchit un nouveau cap et se lance dans une carrière solo avec son album Buscando tus besos. Le succès est immédiat, propulsant ses chansons sur les scènes internationales. Son single Love Her atteint ainsi la 29e place des charts latins de Billboard, tandis que l’album éponyme Rubby Pérez se classe à la 15e place des classements tropicaux.

Bras ouverts vers son public, Rubby Pérez incarnait l’âme du merengue, généreux et flamboyant. Il confiait souvent :
Bras ouverts vers son public, Rubby Pérez incarnait l’âme du merengue, généreux et flamboyant. Il confiait souvent : « Sur scène, j’oublie tout, sauf l’amour des gens. » Et le public lui rendait bien, jusqu’à son dernier souffle.

Au fil des années, sa discographie s’enrichit de nombreux tubes comme Enamorado de ella, Dame veneno ou encore Sobreviviré. Reconnu et récompensé à de multiples reprises, Rubby obtient notamment plusieurs prix Casandra prestigieux, dans les catégories « Orchestre de l’année » et « Merengue de l’année ». Son premier album solo est également certifié disque d’or et de platine au Venezuela en 1988, confirmant définitivement son statut international.

Un artiste engagé au service des autres

Au-delà de ses succès artistiques, Rubby Pérez s’engage dans de nombreuses causes humanitaires. En 2010, il est honoré par le Comité des partis politiques latino-américains aux États-Unis (COPOLA USA) pour son engagement auprès des victimes du séisme dévastateur en Haïti.

Classe absolue ! Rubby Pérez, ici en coulisses, aimait dire que ses lunettes noires cachaient
Classe absolue ! Rubby Pérez, ici en coulisses, aimait dire que ses lunettes noires cachaient « la lumière trop forte de ses émotions ». Un clin d’œil élégant pour l’artiste qui avait le show dans le sang, même à l’abri des regards.

Cet engagement sincère renforce encore davantage son lien privilégié avec le public. Ses concerts, empreints d’une énergie contagieuse, restent gravés dans les mémoires, faisant de lui bien plus qu’un simple artiste : un véritable ambassadeur de l’âme dominicaine.

Une disparition tragique qui bouleverse le pays

Le 8 avril 2025, le drame survient brutalement. Alors qu’il se produit au Jet Set, célèbre établissement de Saint-Domingue, le toit s’effondre soudainement, faisant plus de cent victimes, dont Rubby Pérez lui-même. L’annonce de cette tragédie plonge la République dominicaine et ses admirateurs du monde entier dans une profonde tristesse.

Le président dominicain, Luis Abinader, décrète trois jours de deuil national. Sur les réseaux sociaux, les hommages se multiplient. Son ami de toujours, Wilfrido Vargas, exprime publiquement son chagrin : "Je suis dévasté. Le meilleur chanteur que le genre ait connu, la voix la plus haute du merengue."

Aujourd’hui, la voix unique de Rubby Pérez demeure un symbole vibrant du merengue. Ses chansons, riches d’émotions et de rythmes, continuent d’animer les cœurs. Elles rappellent à chacun que même dans l’épreuve, sa musique n’a cessé de faire danser le monde.

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