Robbie Williams, star planétaire et symbole d’une génération, s’offre un retour en lumière magistral. L’avant-première de son biopic, Better Man, au Grand Rex à Paris, a réuni une foule émerveillée par l’épopée chaotique de cet artiste complexe : idole des années 1990, héros des excès et père de famille rédempté.
L’ascension fulgurante et les vertiges de la gloire
En 1990, un adolescent à l’œil espiègle intègre le boys band Take That. Il a 16 ans, et sa vie va basculer. De concerts en hystérie collective, Robbie Williams devient, en quelques mois, l’emblème de la pop britannique. Mais sous les flashs des photographes, il y a un jeune homme mal préparé à l’avalanche de pressions. En 1995, à peine majeur, il quitte le groupe dans un scandale retentissant. Cette rupture marque le début d’une descente aux enfers vertigineuse.
Devenu proche des frères Gallagher d’Oasis, Robbie adopte leur mode de vie d’épicuriens frondeurs : alcool, drogues, nuits sans fin. Dans un entretien poignant accordé à Laurent Delahousse, il revient sur ces années d’excès : « Quand vous devenez célèbre si jeune, c’est toxique. Le cerveau du singe prend les commandes. » Sa confession dévoile un Robbie perdu, cherchant à combler un vide existentiel dans une spirale de chaos.
Malgré les démons qui l’assiègent — dépression, dysmorphophobie et addictions —, il livre certains des plus grands tubes de sa carrière : Angels, Feel, Rock DJ. Mais derrière ces succès se cache un homme en miettes. Entre 1997 et 2005, Robbie enchaîne les cures de désintoxication. Ses fans ignorent qu’à l’apogée de sa gloire, il envisage de tout abandonner, hanté par un sentiment de vide qui ne le quitte jamais.
Une vie sentimentale entre passions et blessures
Si Robbie Williams a réussi à réinventer sa carrière, sa vie sentimentale, longtemps digne des romans à scandales, ne l’était pas moins. Sa relation avec Geri Halliwell, ex-Spice Girl, a fait les choux gras de la presse tabloïd dans les années 1990. Mais aujourd’hui, c’est un homme posé et amoureux qu’il présente au monde.
Marié depuis 2010 à Ayda Field, il forme avec elle un couple solide, mais non sans complexités. Dans une interview bouleversante de 2023, il révèle une réalité intime : l’absence de relations sexuelles dans leur mariage, conséquence de l’arrêt d’un traitement à la testostérone, prescrit pour sa dépression. « La libido a disparu, mais cela ne nous affecte pas. L’intimité est bien plus qu’une question de sexe », affirme Robbie. Une déclaration qui tranche avec son passé, marqué par des années de conquêtes amoureuses tumultueuses.
Le couple partage aujourd’hui une vie apaisée, centrée sur leurs quatre enfants : Theodora, Charlton, Colette et Beau. Ces derniers, nés pour certains grâce à une mère porteuse, incarnent pour Robbie une seconde chance : celle d’être présent et aimant, loin des errances de sa jeunesse.
Better Man : un biopic audacieux
Dans Better Man, Robbie Williams choisit de se dépeindre à travers la métaphore saisissante d’un chimpanzé, symbole de ses instincts primaires et de sa différence. À travers ce choix artistique, le réalisateur Michael Gracey (The Greatest Showman) propose une plongée fascinante dans les hauts et les bas d’une vie marquée par les paradoxes.
Le film n’évite aucune zone d’ombre : les abus, les relations conflictuelles avec ses proches, les heures passées seul, à errer dans des chambres d’hôtel luxueuses, mais à jamais désertes de chaleur humaine. Robbie espère que ce biopic ne sera pas seulement un divertissement, mais une source d’inspiration pour ceux qui, comme lui, cherchent à surmonter leurs propres démons : « J’ai voulu être la personne la plus détruite. Maintenant, je veux être la plus saine. C’est ma nouvelle mission. »
L’avant-première au Grand Rex a réuni un parterre éclectique de personnalités. Amanda Lear, inoxydable, Daphné Bürki, enveloppée dans une tenue hivernale audacieuse, et Marie-Sophie Lacarrau, lumineuse, ont brillé parmi les invités. Les fans de la première heure étaient également au rendez-vous, ovationnant leur idole avec ferveur.
L’éternelle renaissance de Robbie Williams
Robbie Williams est bien plus qu’une icône pop. Il est devenu un phénomène culturel, explorant des territoires inattendus : direction de club de football, création de mode, comédies musicales. Son insatiable soif de nouveauté prouve qu’à 50 ans, il est loin de s’être assagi.
Mais c’est dans sa relation avec son public que Robbie reste unique. Lors de son apparition à Paris, il s’est montré humble, émotionné, rendant hommage à ceux qui l’ont soutenu à travers ses années d’errance. Better Man, attendu pour janvier 2025, s’annonce comme l’un des chapitres les plus emblématiques de sa légende.
Robbie Williams, tour à tour ange et démon, réussit à transcender ses erreurs pour incarner une forme rare de vulnérabilité publique. Avec ce biopic, il nous invite à explorer les abîmes et les sommets d’une vie qui n’a jamais cessé d’éblouir.