
À la cour d’assises de Paris, ce 17 octobre 2025, s’ouvre le procès de Dahbia Benkired, accusée, 27 ans, pour meurtre et viol avec actes de torture ou de barbarie sur Lola Daviet, 12 ans, morte le 14 octobre 2022. Entre excuses de l’accusée et appel à la vérité du frère, les jurés devront démêler les faits. Par ailleurs, un débat annoncé sur l’altération du discernement est prévu. Ils examineront cela à l’aune d’indices matériels et d’une parole encore vacillante.

Les faits essentiels, sans emphase
La justice s’est mise en marche, vendredi 17 octobre 2025, dans la solennité de la cour d’assises de Paris. Dahbia Benkired, accusée, 27 ans, comparaît pour le meurtre de Lola sur mineure de moins de 15 ans, précédé ou accompagné de viol, de tortures ou d’actes de barbarie, et pour viol sur mineure, des qualifications retenues par les magistrats instructeurs. En face d’elle, les parents de Lola Daviet (père et mère), devenus parties civiles. D’après les comptes rendus de presse, et selon les éléments communiqués par le parquet de Paris en 2022 puis rappelés à l’audience, l’accusée a présenté des excuses, « pardon à toute la famille », tandis que Thibaut Daviet, le frère de l’enfant, l’a exhortée à dire « toute la vérité ».
La scène judiciaire est connue. La salle froide, l’estrade, la cour en robe rouge, les assesseurs, les jurés tirés au sort. Dans ce calme tendu, un dossier qui heurte la conscience collective.
Vient alors la mécanique des assises : la présidente rappelle le périmètre des débats, fixe le rythme des témoignages, veille à la clarté des mots. On entend le souffle des micros, les pages que l’on tourne, les pas mesurés des huissiers. Dans les premiers rangs, les jurés notent, sans un geste de trop.
Retour sur l’enquête : de la disparition de Lola Daviet à l’interpellation
Vendredi 14 octobre 2022. La disparition de Lola Daviet est signalée en début de soirée, vers 20 h 00. Les premières vérifications se concentrent sur l’immeuble familial du 19ᵉ arrondissement de Paris, où ses parents sont gardiens. La vidéosurveillance montre l’adolescente entrant dans le hall aux côtés d’une femme peu avant 15 h 15. La même femme ressort vers 17 h 00, seule, tirant des bagages.
Fin de soirée, autour de 23 h 00. Une malle plastique est remarquée dans la cour d’un immeuble voisin. Le corps de l’enfant y est retrouvé, ligoté, enveloppé d’adhésif. L’autopsie conclura à une asphyxie et décrira de multiples lésions. Cependant, les enquêteurs relèveront les chiffres « 0 » et « 1 » inscrits sous les pieds de la victime. Ces indices nourrissent des interprétations incertaines sur un éventuel mobile, selon les sources judiciaires citées par la presse.
Samedi 15 octobre 2022, au matin. Dahbia Benkired (dite Dahbia B. dans certains médias) est interpellée. Placée en garde à vue, elle fait des déclarations fluctuantes. En effet, elles oscillent entre reconnaissance et contestations partielles, selon le parquet de Paris et les comptes rendus médiatiques. Les investigations reconstituent une séquence resserrée. L’enfant aurait été attirée vers un appartement, puis contrainte de se doucher. Elle aurait été victime d’atteintes sexuelles et de violences, suivies d’un ligotage. Ensuite, il y aurait eu une asphyxie au ruban adhésif. Puis, une tentative de dissimulation dans une malle, toujours selon ces sources.
Dans les jours suivants, l’information judiciaire est ouverte et l’accusée mise en examen des chefs précités. Aucun antécédent judiciaire n’est alors relevé à son casier. Les documents administratifs rappellent une arrivée en France en 2016 avec un titre d’étudiante. Deux mois avant les faits, elle était visée par une obligation de quitter le territoire français (OQTF), ce qui alimentera une polémique nationale en 2022. Les autorités avaient appelé à ne pas instrumentaliser le drame.

La présidente de la cour encadre la parole. Elle rappelle la présomption d’innocence pour tout ce qui demeure contesté, et le périmètre des chefs de poursuite. La procureure retrace les faits tels qu’ils résultent des pièces du dossier. Les experts sont annoncés à la barre : psychiatres et psychologues. Leurs rapports n’ont pas retenu l’abolition du discernement. La possibilité d’une altération est, elle, débattue et pourrait, le cas échéant, influer sur la peine encourue.
Paroles à l’audience
À la demande de la cour, Dahbia Benkired, accusée : « Je demande pardon à la famille. » La voix se brise, puis se reprend. Rien de plus pour l’instant, sinon l’annonce d’explications ultérieures.
Quant à Thibaut Daviet, frère de la victime : « Je voudrais que vous disiez toute la vérité. » La formule n’ajoute pas de faits, elle trace une ligne : l’audience doit éclairer et préciser.
Ces bribes, rapportées par plusieurs médias présents, disent le climat : pudeur, gravité, mesure. Elles ne préjugent de rien, elles fixent un horizon : répondre aux questions restées ouvertes, dans le cadre public voulu par la mère de Lola, Delphine Daviet, qui a renoncé à demander le huis clos.
Un temps suspendu suit ces mots. On entend la ventilation, un froissement d’étoffe. La présidente hoche légèrement la tête, invite à reprendre. Les jurés regardent tour à tour la barre et le box. Le débat s’installe, sans éclat, avec ce mélange de retenue et d’exigence qui fait le ton des assises.
Le cadre des assises et l’enjeu du discernement
La cour d’assises juge, en première instance, les crimes les plus graves. Le procès est public, sauf décision contraire pour protéger l’ordre public ou l’intimité des personnes. Dans cette affaire, la partie civile n’a pas sollicité la huisserie. Les jurés, citoyens tirés au sort, délibéreront aux côtés de la cour.
Les chefs de poursuite sont récapitulés ainsi : meurtre sur mineure de 15 ans précédé ou accompagné d’un viol, de tortures ou actes de barbarie. Par ailleurs, il y a aussi viol sur mineure de 15 ans avec torture ou acte de barbarie. En droit français, le meurtre d’un mineur de moins de 15 ans est sévèrement puni. En effet, lorsqu’il est accompagné de violences aggravées, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Les atteintes sexuelles avec torture ou acte de barbarie relèvent du même ordre de gravité.
Point de droit attendu dans les débats : la question du discernement. Les expertises n’ont pas conclu à une irresponsabilité au sens pénal. Elles décrivent une personnalité perturbée mais responsable. Si l’altération était retenue, elle pourrait diminuer la peine encourue, sans l’effacer ; si elle ne l’était pas, la responsabilité pleine et entière s’imposerait. Les jurés apprécieront, au vu des rapports et des auditions.
En droit, l’altération du discernement n’exonère pas : elle reconnaît qu’au moment des faits, la faculté de comprendre et de vouloir a pu être affaiblie. Elle invite la cour à moduler la sanction, sans réduire la gravité des actes. À l’inverse, l’abolition emporterait l’irresponsabilité ; or elle n’a pas été retenue par les experts cités à ce stade. L’issue dépendra de la crédibilité des expertises. De plus, elle reposera sur la cohérence du parcours de l’accusée. Enfin, les pièces matérielles joueront un rôle déterminant. C’est là que se jouera, très concrètement, l’échelle de peine.
À distance du tumulte : replacer le dossier
Automne 2022 : l’émotion est immense. Des élus de tous bords s’expriment. La mention de l’OQTF visant l’accusée nourrit une querelle politique. Le chef de l’État appelle alors, publiquement, à respecter la douleur de la famille et à ne pas instrumentaliser. Trois ans plus tard, la cour d’assises se tient loin du vacarme. Ici, seules les pièces, les experts, les témoins et la parole contradictoire font foi.
Delphine Daviet a souhaité que les débats soient publics. Cette décision confère au procès une dimension civique : ce qui s’y dit pourra être entendu. Elle s’accompagne d’une autre exigence : sobriété dans la narration, pudeur dans les détails. C’est la ligne suivie par la cour, relayée par les avocats, les journalistes, les auditeurs.
Dans le sillage des controverses de 2022, des juristes rappelaient que certaines expressions choc ne recouvrent aucune réalité juridique et que l’OQTF est une mesure administrative dont l’exécution dépend de multiples facteurs. Ces rappels de méthode permettent de tenir le procès à distance des slogans. Ils le ramènent à ce que dit, précisément, le dossier.
Ce que l’on sait, ce qui se discute
D’abord, selon l’accusation et d’après les constatations médico-légales communiquées, plusieurs points apparaissent stabilisés au dossier : la cause du décès par asphyxie dans l’affaire du meurtre de Lola ; la découverte du corps le 14 octobre 2022 vers 23 h 00 ; des marques relevées sous les pieds de l’enfant ; enfin, des images de vidéosurveillance montrant l’adolescente entrer dans l’immeuble avec une femme et cette dernière ressortir plus tard avec des bagages.
Ensuite, demeurent en débat le mobile et la cohérence des déclarations de l’accusée. Les versions ont varié, mêlant aveux et rétractations, explications parfois ésotériques et silences. L’audience devra déterminer s’il y a eu altération du discernement au moment des faits. Ce point pourrait influer sur la peine, sans préjuger de la responsabilité.
Par ailleurs, s’agissant du profil administratif, la presse rappelle que l’accusée, sans antécédent judiciaire, serait arrivée en 2016 au titre d’études et aurait fait l’objet, en août 2022, d’une obligation de quitter le territoire français, dite OQTF, non exécutée. Ces éléments n’expliquent pas le drame. Ils posent un cadre et éclairent le contexte, sans plus.
Une attente de vérité, un devoir de mesure
Dans les bancs, le frère parle peu. Il dit l’essentiel. La mère regarde le box, puis les bancs de la presse. La cour enchaîne les formalités d’usage, puis déroule l’appel des témoins. On sait, par l’expérience des assises, que la vérité judiciaire s’éprouve par strates. Ce qui paraît évident se discute, se confirme ou se réfute. Le jury écoute. La défense interroge.

Une vérité judiciaire, sans promesse de tout réparer
À Paris, l’ouverture de ce procès ne promet pas des réponses simples. Elle offre une méthode : la contradiction, la rigueur, l’écoute. Les preuves matérielles seront revisitées, les experts entendus, les témoins confrontés. La parole de l’accusée, fragile et variable, sera éprouvée. La vérité judiciaire n’efface jamais le deuil. Elle l’encadre, parfois elle apaise. C’est tout ce que l’on peut attendre, sans excès de promesse, d’une cour d’assises en 2025.