
Le 27 janvier 2025, Paul Marcon a marqué l’histoire de la gastronomie en remportant la 20ᵉ édition du Bocuse d’Or, cette "coupe du monde de la cuisine" qui fait rêver les plus grands chefs. Ce jeune homme de 29 ans, fils du légendaire Régis Marcon, triplement étoilé Michelin et lauréat du Bocuse d’Or 1995, a offert à la France un doublé père-fils inédit. Mais ce n’est pas qu’une histoire de famille : Paul Marcon est bien plus que le digne fils de son père. Il est un compétiteur acharné, un amoureux de la nature et un artisan du goût, qui s’affirme avec une vision unique.
Une enfance au cœur des saveurs de l’Auvergne
Paul Marcon a grandi à Saint-Bonnet-le-Froid, un village de Haute-Loire où la gastronomie est une tradition familiale. Né le 10 juillet 1995, il est le benjamin d’une fratrie de quatre enfants. Dès l’enfance, la cuisine occupe une place centrale dans sa vie. Son père, Régis Marcon, raconte avec tendresse : « Il aimait enfiler la toque, préparer des crêpes pour le petit-déjeuner et poser mille questions. » Pourtant, jamais son père n’a cherché à le pousser dans cette voie : "Il fallait qu’il trouve sa propre motivation."
Très tôt, Paul montre un tempérament compétitif et une envie de se mesurer aux autres. En 2010, il entre en école hôtelière et commence à participer à des concours culinaires. À seulement 16 ans, il s’inscrit seul à sa première compétition régionale. Un début qui pose les bases d’un parcours marqué par la rigueur et la passion.
Le parcours d’un compétiteur acharné
Dès 2017, Paul Marcon décroche la médaille d’or aux WorldSkills France, un concours international récompensant les meilleurs talents de différents métiers. Cette victoire lui ouvre des portes et lui donne une expérience précieuse pour affronter le Bocuse d’Or, une compétition qu’il qualifie de "rêve de gosse". Deux années d’entraînement intensif, physique et mental, ont été nécessaires pour atteindre ce niveau d’excellence.
Avec une équipe soudée, dont sa commis Camille Pigot, elle-même sacrée meilleure commis 2025, et le soutien du chef Christophe Quantin, meilleur ouvrier de France, Paul a mis toutes les chances de son côté. Chaque geste, chaque préparation a été répété comme une chorégraphie. Pour lui, le Bocuse d’Or n’est pas qu’un concours culinaire : c’est une discipline proche du sport de haut niveau. Marathonien à ses heures perdues, Paul aime comparer la compétition à un match où l’on "veut toujours battre le Brésil".
Une victoire au Bocuse d’Or : tradition et innovation
Lors de la finale, Paul a séduit le jury avec des créations sublimes et techniquement irréprochables. En 4 h 40, il a présenté un mets autour du céleri, du maigre et du homard. Ensuite, en 5 h 30, il a conçu un plateau d’exception autour du chevreuil, du foie gras et du thé. Le résultat ? Du chevreuil rôti à la broche et farci au foie gras, accompagné de garnitures millimétrées.
Cette cuisine "cadrée et millimétrée" reflète parfaitement l’esprit de Paul. Inspiré par la nature, il puise dans les richesses de l’Auvergne, comme son père, tout en y ajoutant une touche moderne. "La nature est ma plus grande source d’inspiration. Elle permet d’ancrer ma cuisine dans une identité française", confie-t-il.
Jérôme Bocuse, fils de Paul Bocuse et président du concours, a salué cette performance en déclarant : "Après Régis, voilà Paul. L’histoire de la famille Marcon rejoint celle du Bocuse d’Or."

Une relation père-fils sous le signe de l’excellence
Si Régis Marcon a ouvert la voie, Paul a tenu à construire son propre chemin. "Mon père m’a appris l’importance de l’humilité et du travail, mais je voulais prouver que je pouvais réussir par moi-même", explique-t-il. Régis, de son côté, avoue avoir été "dur mais juste" avec son fils : "Je ne voulais pas qu’il se ridiculise en concours, pour lui et peut-être un peu pour moi aussi."
Malgré cette exigence, Paul a toujours vu son père comme un guide bienveillant, qu’il consulte à l’occasion mais sans en faire un mentor exclusif. "L’envie de bien faire est là, mais elle est biaisée par notre relation", confie Régis. Pourtant, la fierté du père est évidente. En voyant son fils remporter le Bocuse d’Or, il conclut : "La boucle est bouclée."
Paul Marcon et… un autre Paul Marcon ?
Le nom de Paul Marcon évoque aussi un tout autre domaine : le rugby. Né la même année, Paul Marcon, joueur de rugby à XIII, évolue au poste d’ailier et est lui aussi fils d’un grand nom, Serge Marcon, ancien international français. Ces deux Paul partagent un lien fascinant : celui d’un héritage familial exigeant et d’une quête d’excellence dans des disciplines très différentes. Là où l’un domine les terrains, l’autre règne en cuisine. Et tous deux incarnent une même détermination à briller par leur propre mérite sous les couleurs de la France.
Un avenir étoilé pour Paul Marcon
Avec cette victoire au Bocuse d’Or, Paul Marcon ne fait pas seulement honneur à son nom. Il ouvre une nouvelle ère pour la gastronomie française. Désormais chef dans les cuisines des Maisons Marcon, il a prouvé qu’il pouvait allier tradition et innovation, rigueur et créativité.
Mais Paul ne compte pas s’arrêter là. Pragmatique, il confie : "Il faut savourer, mais rapidement redescendre sur terre et retourner au travail." Avec son mental de compétiteur, il est certain que ce n’est que le début d’une carrière marquée par de nouvelles étoiles.
Entre Saint-Bonnet-le-Froid et les sommets de la gastronomie mondiale, Paul Marcon est un nom à retenir, synonyme d’excellence et de passion.