
Le jeudi 10 octobre 2024, Paris s’est figée. C’était les adieux à Michel Blanc, la dernière scène d’un acteur inoubliable. Une foule silencieuse, mêlant célébrités et anonymes, s’est rassemblée pour les obsèques de Michel Blanc, ce visage si familier du cinéma français. La tristesse imprégnait l’air aux abords de l’église Saint-Eustache, lieu symbolique choisi pour cette cérémonie empreinte de recueillement. Michel Blanc, fauché par une mort soudaine une semaine plus tôt, laisse derrière lui bien plus qu’un film ou un personnage culte ; il laisse une empreinte indélébile dans le cœur de millions de spectateurs.
Le dernier hommage des amis de toujours
Autour du cercueil de Michel Blanc, une constellation d’amis de longue date. Ses compagnons du Splendid, cette troupe devenue mythique, étaient tous là. Christian Clavier, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte, Josiane Balasko, Marie-Anne Chazel, et Martin Lamotte avaient les visages fermés par la douleur. Ces amis de toujours, ces frères et sœurs de cinéma, avaient partagé avec lui des décennies de fous rires et de succès.
Dans l’immense nef de Saint-Eustache, d’autres figures du cinéma étaient présentes pour dire adieu : Patrice Leconte, Dany Boon, Karine Viard, Jean-Paul Rouve. Aux côtés de ces figures publiques, une présence discrète mais lourde de sens, celle de Ramatoulaye Diop, la compagne de Michel Blanc, soutenue par les bras de Jean-Paul Rouve. Et puis, comme un signe du respect porté à l’acteur, la première dame, Brigitte Macron, et la ministre de la culture, Rachida Dati, étaient venues honorer ce dernier hommage.
Une cérémonie à l’image de Michel Blanc : sobre et musicale
Sous les voûtes historiques de Saint-Eustache, c’est la musique qui a accompagné Michel Blanc pour son dernier voyage. De la Marche pour la cérémonie des Turcs de Lully, aux œuvres sublimes de Bach, Chopin et Mozart, chaque note semblait résonner avec la vie intérieure de l’acteur. Un violoncelle déchirait le silence, et le grand orgue de l’église faisait vibrer les pierres, comme un écho aux passions secrètes de Blanc pour la musique classique.
Le père Yves Trocheris, curé de Saint-Eustache, a livré des mots pleins de tendresse. Il a raconté Michel Blanc dans l’intimité de sa foi, comme un "paroissien drôle" et discret, presque invisible mais toujours présent. Cet homme, qui fuyait les projecteurs en dehors des plateaux, trouvait dans le silence de l’église un refuge intime.
Des souvenirs simples, des adieux empreints de pudeur
Les discours furent rares, mais chaque mot portait un poids immense. Josiane Balasko, la gorge nouée par l’émotion, a évoqué avec tendresse cet homme "de la ville", qui ne supportait pas la campagne. Une anecdote qui fit sourire l’assistance, rappelant ce Michel Blanc farouchement attaché à Paris. Jean-Paul Rouve, lui, arracha des rires entre les larmes avec une histoire sur une veste tyrolienne que Blanc venait d’acheter, quelques jours seulement avant sa disparition. Ces moments de légèreté faisaient écho à l’humour irrésistible qui avait marqué la vie et la carrière de Blanc.
Même les anonymes rendaient hommage à leur façon. Un jeune homme, vêtu d’une tenue de ski, traversa la nef en souvenir de Jean-Claude Dusse, ce personnage qui, génération après génération, incarna un humour aussi tendre que maladroit.
Michel Blanc : une mort qui laisse un vide
La disparition de Michel Blanc, à 72 ans, des suites d’une allergie médicamenteuse, a pris le pays de court. Gérard Jugnot n’a pu cacher son émotion en partageant les détails tragiques de son décès, survenu après une série d’infarctus provoqués par un choc anaphylactique. Blanc, hospitalisé à l’hôpital Saint-Antoine, n’a pu être sauvé.
Si Michel Blanc n’avait peut-être pas la stature mythique d’un Alain Delon ou d’un Jean-Paul Belmondo, son départ a provoqué une onde de choc tout aussi intense. Car Blanc, avec son humilité, sa simplicité, et son talent sans limite, était de ces hommes qu’on aime sans réserve. Sous une pluie fine, une foule compacte s’est massée devant l’église, dernier hommage populaire à un artiste dont la disparition laisse un vide immense dans le cinéma français.