
La nomination de Najat Vallaud-Belkacem au poste de conseillère maître à la Cour des comptes a été officialisée le 16 juillet lors du Conseil des ministres. Cette annonce intervient dans un climat politique tendu. Ainsi, la polémique a pris de l’ampleur dès la publication du communiqué gouvernemental. La nomination, intervenue « sur proposition du Premier ministre », François Bayrou, suscite de nombreux commentaires. Plusieurs responsables politiques et observateurs y voient le symbole d’une nomination politique.

Les critiques sur l’absence de parcours dans la fonction publique
L’ancienne ministre socialiste n’a jamais exercé dans la haute fonction publique. Cela nourrit les critiques. De plus, certains rappellent qu’elle est l’épouse de Boris Vallaud, président du groupe PS à l’Assemblée nationale. Selon un article du Canard enchaîné, cette nomination serait une manœuvre politique. Elle viserait à s’assurer la neutralité du Parti socialiste lors des prochains débats budgétaires. Ces allégations ont été démenties par la principale intéressée. Sur X, elle affirme : “Un étudiant en première année de journalisme saurait qu’il faut toujours recouper les infos, et pas se contenter de recopier les vacheries susurrées par quelques malins. Pas très compliqué alors de découvrir que la voie que j’ai volontairement utilisée pour la Cour est celle du concours…”.
La procédure officielle de recrutement remise en question
Cependant, la procédure de recrutement reste au cœur de la controverse. Selon le site de la Cour des comptes, les candidats sont sélectionnés après dépôt de dossier. Ensuite, ils sont auditionnés devant une commission. Pierre Moscovici, premier président de l’institution, défend la procédure : “Elle est arrivée par une procédure de recrutement professionnel parfaitement objective, parfaitement collective et sans que je sois intervenu en quoi que ce soit”. Il affirme avoir pris ses distances au moment de la délibération, du fait de leur passé commun au gouvernement.

Pourtant, des voix comme celle de l’historien Hervé Joly rappellent que l’épreuve n’a rien d’un concours classique. “L’arrêté du 12 mars 2025 (…) parle d’un simple dépôt de candidatures ; la nomination intervient par décret sur proposition du 1er président après avis d’une commission d’intégration”, écrit-il. Cette année, selon lui, le poste supplémentaire ouvert aurait permis la sélection de Najat Vallaud-Belkacem sans parcours préalable dans la fonction publique.
Réactions à droite et à gauche : le spectre du “système”
L’extrême droite s’empare immédiatement du sujet. Jean-Philippe Tanguy, député RN, annonce saisir le Conseil d’État contre cette décision, la qualifiant de “scandaleuse”. Pour le RN, cette nomination incarne “la République des copines et des coquins”. Le député Thomas Ménagé dénonce, lui, un nouvel exemple du “système”. À gauche, les critiques existent aussi. Antoine Léaument (LFI) s’indigne : “Ça en dit long sur la manière dont le PS est vu par ce gouvernement : des magouilleurs sans principe. J’espère que c’est faux et que le PS censurera avec nous Bayrou à la première occasion”.
En défense, Najat Vallaud-Belkacem rappelle que la dernière motion de censure contre le gouvernement a été rédigée par son époux et soutenue par l’ensemble de la gauche. “La seule perspective possible, c’est la censure”, a déclaré Olivier Faure, premier secrétaire du PS.
Un enjeu de confiance institutionnelle
La nomination de Najat Vallaud-Belkacem intervient à un moment où la confiance dans les institutions est fragilisée. En France, la Cour des comptes est un pilier du contrôle démocratique de l’utilisation des fonds publics. Pourtant, la politisation perçue de certaines nominations nourrit la défiance. La crise de confiance se voit dans les débats budgétaires à l’Assemblée, où chaque acte institutionnel suscite le doute. La nomination d’une personnalité politique sans expérience dans la fonction publique soulève des questions. En effet, cela interroge sur le renouvellement des grands corps d’État. Par ailleurs, l’indépendance de ces institutions est également mise en débat.
Pour aller plus loin : transparence et débats ouverts
Les débats actuels illustrent une attente forte de transparence dans les processus de nomination.
La polémique met en lumière la nécessité de renforcer la confiance citoyenne. Car au-delà de la personne de Najat Vallaud-Belkacem, c’est le fonctionnement institutionnel et la question de la neutralité des hauts magistrats qui se trouvent interrogés. La crise exige une vigilance accrue sur les nominations politiques et l’usage du pouvoir en République.