Icône du X, entrepreneur sulfureux pour certains et figure adulée du porno européen pour d’autres, Tim Kruger a marqué toute une génération par son charisme et son approche sans artifices. Mais son décès brutal, survenu dans des circonstances troubles à Barcelone ce 1er mars 2025, fait chauffer les claviers depuis quelques jours. Qui était vraiment Tim Kruger ? Et que cache son départ prématuré ?
Les débuts d’une légende du X
Tim Kruger, de son vrai nom Marcel Bonn, naît le 25 janvier 1981 à Düsseldorf, en Allemagne. D’abord attiré par la cuisine, il envisage d’en faire son métier et s’installe à Berlin. Toutefois, son intérêt pour l’expression artistique et le monde de l’image prend rapidement le dessus. Dans cette ville libertaire et vibrante, il entame alors son ascension.
C’est dans un sex-shop spécialisé qu’il découvre l’industrie du porno gay. Son physique athlétique et son regard magnétique attirent l’attention des professionnels. En 2006, il contacte Raging Stallion Studios et se rend à San Francisco pour tourner Monster Bang 11 : Bang That Ass. Ce premier tournage est un succès, propulsant son nom sur la scène internationale.
Une ascension fulgurante et la création de TimTales
Le jeune allemand enchaîne les collaborations avec des studios réputés tels que Cazzo Film et Hot House Entertainment. Ses performances le distinguent : il incarne une virilité brute, associée à une simplicité désarmante. Son surnom d’ultime pornstar rousse devient une marque de fabrique.
En 2009, il fonde TimTales avec son compagnon Grobes Geraet. Leur approche épure les codes du X : des scènes sans scénario, où priment la spontanéité et le réalisme. Cette signature séduit un large public en quête d’authenticité.
Pour l’essayiste Didier Lestrade [essayiste, journaliste et activiste LGBT français, ndlr.], grand spécialiste du porno gay :
"TimTales est le meilleur studio porno européen – et peut-être même le meilleur studio gay mondial" [source : Libération].
Avec la disparition de Tim Kruger, c’est donc le top du top du X contemporain que l’on pleure aujourd’hui. Rapidement, les vidéos Tim Kruger s’imposent comme une référence incontournable du porno gay européen, voire occidental.
Le mystère autour de sa disparition
Ce week-end, Tim Kruger est décédé à Barcelone, à l’âge de 44 ans. Grobes Geraet annonce un "accident domestique", mais ne précise pas les circonstances. Cette opacité alimente les rumeurs : overdose ? Crime ? Suicide ?
Sur les réseaux sociaux et les forums Reddit, les fans s’interrogent. Pourquoi aucune autopsie n’a-t-elle été médiatisée ? Pourquoi son compagnon a-t-il insisté pour clore le sujet rapidement ? Certains établissent un parallèle avec d’autres disparitions d’acteurs X, comme Arpad Miklos ou Erik Rhodes, morts dans des circonstances floues. Sur le Twitter de Tim Kruger, les hommages affluent, mais aussi les interrogations sur les vraies causes de sa disparition.
Une carrière marquée par la diversité et l’avant-garde
Loin de se cantonner aux studios classiques, Tim Kruger a toujours cherché à élargir son horizon. Il a tourné des scènes en extérieur, dans des lieux atypiques, proposant une image solaire du désir gay. L’esthétique de ses productions s’inscrit dans une ère post-PrEP. Ce traitement préventif qui permet aux personnes séronégatives de réduire fortement le risque de contracter le VIH. La question du préservatif y est laissée à l’appréciation des acteurs.
Sa popularité dépasse les cercles de l’industrie pornographique. En 2013, il est invité à défiler à la Fashion Week de Barcelone. Certaines marques voient en lui une icône alternative au parfum de souffre, la mode sachant exploiter les scandales. Des confrères estimés de Libération, Les Inrockuptibles, Têtu, entre autres, lui consacrent des articles entiers.
Entre stigmatisation et reconnaissance
Plusieurs figures du milieu X comme Rhyheim Shabazz, Sir Peter ou le cinéaste Bruce LaBruce lui ont rendu hommage. Ils saluent un artiste authentique, passionné, qui a redéfini les codes du porno gay avec audace.
Le parcours de Tim Kruger illustre les paradoxes de l’industrie du X. D’un côté, il a connu la gloire, l’adulation de milliers de fans sur internet et la reconnaissance de ses pairs. D’autre part, il a dû affronter l’ostracisme subi par les travailleurs du sexe. En particulier dans le porno gay, ce milieu est très attaqué par des homophobes sur les réseaux sociaux.
Un nom à jamais gravé dans l’histoire du X
La surproduction de vidéos pornographiques et leur consommation frénétique n’ont jamais été aussi omniprésentes. Même les rares femmes qui regardent du porno semblent éviter l’hétéro, où la femme est souvent humiliée. Fait surprenant, le X gay et les ébats dessinés des mangas yaoi plaisent à un certain public féminin. Tim Kruger, figure emblématique du genre, s’est imposé comme un symbole d’émancipation et de liberté d’expression pour libertaires et libertins de tout bord. Son décès brutal, entouré de mystère, laisse un vide abyssal chez ses fans. Du moins, c’est ce que révèlent les réseaux sociaux. Pourtant, son héritage perdure : ses vidéos continuent de circuler dans le cyberespace, témoins éternels d’une époque où le X avait encore ses stars.
