
TF1 a lancé le 3 novembre 2025 à 21 h 10, le double pilote du whodunit Un meurtre (presque) parfait, porté par Claire Keim. Dans une « villa corse » reconstituée à Grasse, Laure Mondo et Pica rouvrent le dossier après la mort d’Yves Cayatte. Hommage assumé à Agatha Christie, format téléfilm 2 × 45 min : ce lancement jauge une série policière légère et pop, entre plaisir du jeu, faux-semblants familiaux et pragmatisme de production.
Les faits essentiels
Diffusion : double épisode pilote diffusé le 3 novembre 2025 à 21 h 10 sur TF1 (disponible en streaming sur TF1+). Première exposition en Suisse le 31 octobre 2025 en prime sur RTS 1.
Intrigue : dans la « villa corse » d’un magnat du luxe, Yves Cayatte, une noyade jugée accidentelle réveille les soupçons de Laure Mondo, romancière fascinée par le crime parfait. Elle entraîne Pica, assistante au franc-parler, dans une contre-enquête façon whodunit, avec indices à vue et suspects en huis clos.
Casting : Claire Keim (Laure Mondo), Clémence Lassalas (Pica), Marie-Anne Chazel (Marianne Cayatte), Nicolas Briançon (Yves Cayatte), Stanley Weber (Barthélémy Cayatte), Lionnel Astier (Joseph Mondoloni), entre autres.
Fabrication : création : Éliane Montane, réalisation : Christophe Douchand, scénario : Éliane Montane & Elsa Mané
production : Escazal Films avec TF1, Be-FILMS, RTL TVI, format annoncé : 2 × 45 min.
Un tandem féminin au cœur de l’enquête

Le projet repose sur un duo à la dynamique bien huilée : Laure Mondo, autrice mondaine, cynique, chaussée de talons vertigineux, et Pica, tempête de mauvais goût assumé et de tendresse. Leur opposition de tempéraments gouverne l’angle de la série : les deux protagonistes ne sont pas policières, mais elles mesurent les mobiles, fouillent les alibis, désossent les récits familiaux.
Claire Keim, star du téléfilm, assume une héroïne « cartoonesque », avec une énergie de comédie qui déborde volontairement le réalisme. Le « côté Agatha Christie sous ecstasy » revendiqué par l’actrice signale le contrat de lecture : un whodunit moderne, enlevé, à la française, qui préfère la jubilation à l’austérité.
Une Corse de fiction, une Côte d’Azur de tournage
Le récit se déroule en Corse avec ses criques, son maquis et ses notables à secrets. Cependant, le tournage a eu lieu en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il a débuté à partir du 15 mai 2025 et s’est notamment déroulé à Grasse. Le parti pris est assumé : faire croire plutôt que coller au réel, avec décors et lumière méditerranéens pour imiter l’Île de Beauté.
Ce choix logistique répond à des impératifs de production (coûts, accès aux lieux, planification). Il offre aussi une unité visuelle : façades crème, jardins en restanques, bassins et terrasses prêtes pour les scènes clés. L’illusion fonctionne à l’écran : la villa corse est un personnage piscine, verrières, salons où l’on se jauge en silence.
Fabrique d’un polar populaire TF1
Signée Éliane Montane, cette série policière est portée par Escazal Films (Sophie Révil, Denis Carot), artisans d’un polar de détente à la française, balisé par des codes :
- une communauté fermée (famille Cayatte),
- des indices semés à vue,
- une révélation en fin de deuxième partie,
- des références appuyées au whodunit.
Le format 2 × 45 min épouse la grammaire des chaînes généralistes : premier acte exposition/soupçon, second acte démasquage. La diffusion en deux volets successifs (21 h 10 puis 22 h 00) permet un rythme sans ventre mou.
Coulisses : piscine glacée, logistique et décor

Clémence Lassalas raconte un tournage physique : pour une séquence de chute dans la piscine, l’actrice dit être restée près de cinq heures dans l’eau, entre répétitions et prises, afin d’obtenir la bonne texture de scène. L’anecdote éclaire la précision recherchée sur l’écran : le corps compte autant que le dialogue.
La délocalisation en PACA a facilité les autorisations, la mobilisation d’équipes et la gestion des nuitées. Les extérieurs grassoises (terrasses, jardins, routes en corniche) livrent des valeurs de plans généreuses et une palette de couleurs chaudes, compatibles prime-time.
Réception et suite possible
La diffusion RTS 1 du 31 octobre 2025 a servi de galop d’essai avant le lancement TF1 du 3 novembre. Les grilles suisses indiquent des cases de 50 à 55 minutes, quand TF1 annonce 2 × 45 minutes : une différence classique selon les habillages d’antenne, la publicité et les montages.
Côté ambition, tout est posé comme pilote d’une collection : si l’accueil est au rendez-vous, la chaîne pourra enchaîner d’autres intrigues en huis clos glamour, héritières du roman-problème. Plusieurs portails de programmes mentionnent déjà une soi-disant « Saison 1 » comprenant deux rendez-vous la même soirée. Cependant, il s’agit d’une lecture technique plutôt qu’une saison complète.

Repères, visages, filiations
Claire Keim, connue pour Vise le cœur, change de registre : la comédienne souligne un plaisir de dépassement oser l’excès de jeu pour une héroïne qui « colorie en débordant ».
Lionnel Astier, né à Alès, apporte une granularité cévenole au casting. Père d’Alexandre et Simon Astier, il transmet, à l’écran, une autorité tranquille. Un écho discret rappelle un item biographique qui a déjà fait l’objet de confidences publiques : Alexandre Astier a expliqué en 2021 être né d’un adultère, propos tenus dans Society et rapportés par la presse. Stanley Weber et Nicolas Briançon installent la dimension mondaine et les rivalités familiales.

Marie-Anne Chazel joue la mère en gardienne du paraître.

Le jeu collectif alimente la galerie des suspects indispensable au genre.

Ce que la collection raconte de TF1 en 2025
Le polar populaire de grande audience reste un marqueur de TF1 : intrigue lisible, décor identifiable, duo d’amatrices éclairées pour déplacer les codes procéduraux. L’ADN de Escazal Films efficacité dramaturgique, humour ténu, décor-star est ici reconnaissable. La disponibilité sur TF1+ répond aux usages de rattrapage.
Le label whodunit se mêle à la comédie : indices visibles, humour de caractère, dénouement expliqué. Dans la lignée des téléfilms policiers français grand public, le public cible ? Multi-générationnel, en quête d’un jeu d’esprit sans cynisme ni gore.
Enjeux, limites et angles morts
- Vérité géographique : le décor corse est recréé. Cela nourrit un débat récurrent authenticité contre pragmatisme de production surtout lorsqu’un territoire, la Corse, incarne une identité forte.
- Format : entre 2 × 45 min déclarés et cases de 50–55 min selon les chaînes, l’écart relève de l’antenne plus que de la narration.
- Pérennité : une collection demande des énigmes et des décors qui se renouvellent sans se contredire. L’équilibre comédie/enquête sera l’axe à surveiller.
Pourquoi ça marche (et où ça peut coincer)
Le whodunit n’est pas qu’un puzzle : c’est une chorégraphie. Ici, la mise en scène de Christophe Douchand privilégie des entrées/sorties nettes, des tableaux en décor naturel, des recadrages qui pointent le moindre faux-pas chez les suspects. La musique (Stéphane Moucha) appuie la légèreté sans rompre la tension. Résultat : un climat de jeu où l’on savoure autant les indices que les piques.
La promesse TF1 est claire : un polar de prime-time accessible, sans violence graphique, avec un binôme identifiable et un décor-totem. Reste le dosage : si la comédie déborde, l’énigme s’affadit, si l’énigme durcit, la comédie perd son allant. C’est l’équilibre et la capacité à renouveler les lieux (mer, montagne, palaces, villages) qui feront la durée de la collection.