Marisa Paredes, l’Astre du cinéma espagnol s’est éteinte

Marisa Paredes sur un tapis rouge

Marisa Paredes, figure incontournable du cinéma espagnol, nous a quitté ce 17 décembre 2024, à l’âge de 78 ans. Muse de Pedro Almodóvar, elle a illuminé l’écran de son talent unique, empreint de grâce et de force. Avec une carrière marquée par plus de 75 films, elle laisse derrière elle un héritage artistique mémorable.

Une vocation contre vents et marées

Née le 3 avril 1946 à Madrid, Marisa Paredes s’est très jeune tournée vers le théâtre, défiant la volonté de son père ouvrier. À 15 ans, elle intègre le Conservatoire d’art dramatique de Madrid. Elle foule les planches pour la première fois en 1961 dans Esta noche tampoco de José López Rubio. Ce sera le début d’une longue histoire d’amour avec le théâtre, qu’elle ne quittera jamais, même au sommet de sa gloire cinématographique.

Marisa ne se contente pas de suivre les sentiers battus. Elle s’impose par son talent et sa persévérance, devenant rapidement une figure montante des années 1970 et 1980. En 1988, elle décroche une nomination aux Goya pour son rôle dans Cara de acelga.

La rencontre décisive avec Pedro Almodóvar

C’est en 1983, en pleine effervescence de la Movida madrilène, que Marisa Paredes croise la route de Pedro Almodóvar. Le réalisateur la dirige dans Dans les ténèbres, où elle campe une religieuse fantasque. Leur collaboration devient légendaire. Marisa devient la muse du cinéaste, incarnant des rôles de divas complexes et tourmentées.

Marisa Paredes, muse inoubliable de Pedro Almodóvar, incarnant avec force et élégance les héroïnes de Talons aiguilles et Tout sur ma mère. Un visage intemporel qui a marqué le cinéma mondial.
Marisa Paredes, muse inoubliable de Pedro Almodóvar, incarnant avec force et élégance les héroïnes de Talons aiguilles et Tout sur ma mère. Un visage intemporel qui a marqué le cinéma mondial.

En 1991, elle brille dans Talons aiguilles, où elle joue Becky del Páramo, une chanteuse au passé trouble. La scène culte où elle interprète Piensa en mí devant un rideau rouge est entrée dans l’histoire du cinéma. Pedro Almodóvar, impressionné par sa capacité à mélanger fragilité et intensité, lui offre d’autres rôles marquants : une romancière dépressive dans La Fleur de mon secret (1995), une actrice admirée dans Tout sur ma mère (1999), et une apparition poignante dans Parle avec elle (2002). Leur dernière collaboration remonte à 2011, avec La piel que habito.

Une actrice aux mille visages

Si le nom de Marisa Paredes est indissociable de celui d’Almodóvar, elle a su s’aventurer bien au-delà. Elle tourne avec Guillermo del Toro dans L’Échine du diable (2001), un drame mêlant horreur et histoire sous la dictature franquiste. Avec Manoel de Oliveira, elle explore la spiritualité dans Le Miroir magique. En Italie, elle participe au triomphe de La Vie est belle de Roberto Benigni.

En France, son charisme inspire Philippe Lioret dans Tombés du ciel (1993) et Thierry Klifa dans Les Yeux de sa mère (2011), aux côtés de Catherine Deneuve. Son goût pour les rôles audacieux et exigeants a fait d’elle une actrice respectée sur la scène internationale.

Une figure engagée et honorée

Marisa Paredes ne se contentait pas de jouer. Entre 2000 et 2003, elle préside l’Académie espagnole du cinéma, où elle défend la diversité culturelle et l’indépendance des artistes. En 2018, elle reçoit un Goya d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, consacrant son rôle incontournable dans le patrimoine cinématographique espagnol.

Anecdotes et souvenirs d’une icône

Son humour et sa sincérité étaient légendaires. Sur les plateaux, elle aimait répéter : “Le plus difficile pour une actrice, ce n’est pas de pleurer, mais de garder le silence quand tout hurle en elle.” Pedro Almodóvar, touché par sa disparition, a partagé sur les réseaux sociaux : “Marisa m’a appris la liberté. Elle incarnait l’âme même du cinéma espagnol.”

Sur le tapis rouge, Marisa Paredes rayonne de charisme et de dignité. Présence iconique, elle a offert au cinéma espagnol une modernité inégalée avec des rôles à la fois flamboyants et poignants.
Sur le tapis rouge, Marisa Paredes rayonne de charisme et de dignité. Présence iconique, elle a offert au cinéma espagnol une modernité inégalée avec des rôles à la fois flamboyants et poignants.

Lors de la présentation de Tout sur ma mère, elle confiait en souriant : “Ce rôle, c’était moi, dans ma vérité et mes mensonges.”

Une disparition qui marque le cinéma

Marisa Paredes, avec son regard intense et sa voix grave, a marqué des générations. Elle laisse derrière elle une œuvre riche et vibrante, traversant les émotions humaines avec une sincérité rare. Le rideau est tombé, mais son image reste, gravée à jamais dans les mémoires.

Le cinéma espagnol perd une de ses plus belles âmes. Adieu, Marisa. Buenas noches, Madrid.

Commentaires

Articles liés