
Au soir de ce lundi 6 octobre 2025, sur les Champs-Élysées à Paris, Nawell Madani est mise en cause après un geste signalé contre un garçon de 6 ans. L’humoriste se rend aussitôt au commissariat. Pendant ce temps, le parquet de Paris ouvre une enquête pour violences sur mineur sur les Champs-Élysées. Entre réflexe de défense invoqué et demande de photo rapportée par le père, les versions divergent. La justice devra éclairer les faits.
Les faits, une chronologie sous enquête
Dans la soirée du 6 octobre 2025, aux alentours de 22 h 30 sur l’avenue des Champs-Élysées à Paris, une interaction brève dégénère. Selon le père d’un garçon de 6 ans, l’enfant s’avance, aurait voulu saluer l’artiste et « prendre une photo ». Un coup partirait alors en direction du thorax de l’enfant, qui chute. L’ambulance le conduit à l’hôpital Necker-Enfants malades. La gravité des blessures n’est pas précisée par les sources consultées.

Dans la nuit du 6 au 7 octobre, Nawell Madani, humoriste belgo-algérienne de 45 ans, se présente d’elle-même au commissariat du 8e arrondissement pour relater l’incident. Le parquet de Paris ouvre ensuite une enquête préliminaire. Elle concerne des violences sur mineur de moins de 15 ans. Ces faits sont au sens du Code pénal. Les 8 et 9 octobre, les premières informations confirment l’ouverture de l’enquête ainsi que l’existence de deux versions opposées des faits.
À ce stade, aucun élément judiciaire public ne tranche. L’affaire demeure sous investigation et relève entièrement du principe de présomption d’innocence.
Deux récits qui s’opposent
La défense avance la thèse d’un réflexe de protection. Me Caroline Toby, avocate de l’humoriste, rapporte que sa cliente a ressenti à sa hauteur une présence jugée inquiétante près de son sac. La peur d’un vol se serait imposée. Cela a déclenché un geste brusque présenté comme un réflexe de défense. Cette réaction était face à une situation perçue comme dangereuse.
Le père du garçon témoigne d’une tout autre scène. Selon lui, l’enfant s’est approché avec bienveillance pour obtenir une photo. De plus, il voulait caresser un chien aperçu auprès de l’artiste. Il affirme qu’un coup a été porté au thorax de l’enfant, suivi d’une chute. Le récit insiste sur le caractère soudain du geste. Il souligne également l’absence d’hostilité de la part de l’enfant.
D’un côté, l’idée d’un geste maladroit lié à l’angoisse du vol. De l’autre, l’assertion d’un acte injustifié sur un mineur. Entre ces deux lignes, l’enquête devra établir les circonstances précises et la proportionnalité éventuelle du geste.
Ce que l’on sait, ce qui reste à établir
Plusieurs points sont acquis et ne souffrent pas de contradiction dans les récits disponibles. Les lieux sont identifiés : avenue des Champs-Élysées et commissariat du 8e. La temporalité converge : la soirée du 6 octobre pour les faits allégués puis une démarche volontaire de l’humoriste au commissariat dans la foulée. Le cadre judiciaire est posé : enquête préliminaire du parquet de Paris pour violences sur mineur de moins de 15 ans.
D’autres éléments, en revanche, demeurent incertains. La cinétique exacte de l’interaction reste à documenter. La nature et la gravité des éventuelles lésions n’ont pas été rendues publiques. Les témoignages disponibles, relayés par la presse, doivent être corroborés par des auditions, d’éventuelles images de vidéosurveillance et des constatations médicales. L’affaire se situe donc, pour l’instant, au seuil des vérifications.
Une célébrité dans la nasse des regards

L’épisode s’inscrit dans un contexte dorénavant familier. La figure publique est saisie sur le vif au milieu de la foule. Sous les smartphones brandis, l’image vaut désormais preuve, promotion et risque dans une économie de l’attention. Une artiste en tournée, identifiée dans la rue, voit accourir des curieux, parfois des enfants, souvent des adultes qui cadrent avant de parler. Les Champs-Élysées agissent comme une scène, où le hasard rejoint la curiosité.
La notoriété n’abolit pas la vulnérabilité. Elle la déplace. Elle impose des réflexes de prudence qui peuvent, au pire moment, se confondre avec de la brusquerie. Elle expose aussi à une attente inverse : une disponibilité permanente, un sourire prêt à l’usage, la photo comme tribut. Entre ces deux attentes contraires, le malentendu guette. Il suffit d’un geste raté pour qu’une soirée se transforme en dossier judiciaire.
Le point de droit, avant tout
L’infraction visée par le parquet touche à un mineur, ce qui constitue, en droit français, une circonstance aggravante. La qualification précise dépendra des constatations et des auditions. Les peines pour violence sur mineur varient selon la durée d’incapacité totale de travail éventuelle. Elles dépendent aussi de l’âge de la victime et des circonstances du geste. Toute prise de position définitive serait prématurée. Le traitement médiatique de ces affaires s’adosse à un devoir simple : nommer ce qui est établi, préciser ce qui est contesté, attendre ce que l’enquête confirmera.
Ce que rappelle l’incident : l’enfant d’abord
La parole publique autour des violences sur mineurs alléguées ne doit pas effacer l’essentiel : la dignité de l’enfant, son intérêt supérieur, la nécessité de préserver son anonymat. L’enquête devra notamment vérifier si la situation supposait un geste de protection. Elle devra aussi déterminer si ce geste, tel qu’il est décrit, pouvait être proportionné. Elle devra aussi, en miroir, considérer la place des adultes qui entouraient la scène : encadrement, distance, prudence. L’image d’un enfant dans l’espace public n’est pas un passe-droit. Elle est un bien fragile que la société a depuis longtemps rangé du côté du respect.
Une romanesque soirée d’octobre
Octobre à Paris. Les vitrines épandent leurs halos sur les voitures qui remontent la plus célèbre des avenues. Les passants font flotter des bribes de langues. Un chien, quelque part, attire des mains d’enfants. L’artiste pense à la représentation du lendemain. Des voix s’approchent. Les poches serrent leurs secrets. Un mouvement, trop vite, et l’équilibre se rompt. Un garçon se met à pleurer. Un père se retourne. Les sirènes trouent la rumeur. La célébrité se rend au commissariat. La nouvelle, plus rapide que tout, gagne les écrans.

Dans ce théâtre, chacun parle à sa place. L’avocate souligne la peur. Le père réplique par la stupeur. L’opinion, elle, a déjà choisi son camp. Pourtant la seule histoire qui compte est celle qu’écrira la procédure. Elle dira si, ce soir-là, une conduite défensive a dérapé ou si un enfant a été pris pour une menace.
Réactions, silences, attentes
Du côté de Nawell Madani, la ligne est claire : coopération avec les enquêteurs, émotion face à l’onde de choc, affirmation d’un geste spontané protecteur. Du côté du plaignant, le récit insiste sur la bienveillance initiale. Les réseaux sociaux ont déjà multiplié les commentaires, parfois acerbes, souvent immédiats. La justice, elle, se gardera de l’instantané. Elle prélève, elle mesure, elle confronte.
La célébrité est un art d’équilibre. Elle demande de tenir ensemble la distance et la proximité. Elle impose des interactions rapides où une seconde de doute peut devenir un dérapage. L’épisode rappelle une leçon simple : dans la ville et dans la foule, le temps long de l’attention reste la meilleure des sécurités.
Repères juridiques et présomption d’innocence
La qualification de violences sur mineur de moins de 15 ans relève du Code pénal, notamment de l’article 222-13. Les dispositions de cet article définissent les violences volontaires n’ayant pas entraîné plus de huit jours d’incapacité. Elles prévoient également des circonstances aggravantes. Les peines encourues varient selon la combinaison des circonstances. Elles peuvent atteindre cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende dans certaines hypothèses. L’enquête en cours devra préciser s’il y a eu ITT, quelles circonstances exactes entourent les faits et si une proportionnalité du geste peut être retenue.
La présomption d’innocence demeure un principe cardinal. Elle implique de ne pas présenter comme établie une version avant la fin des investigations ou une éventuelle décision judiciaire.
Smartphones, droit à l’image, responsabilité des adultes
Filmer une personne dans la rue et publier la vidéo pose des questions de droit à l’image. De plus, cela concerne également la vie privée.En France, chacun dispose d’un contrôle sur l’usage de son image. La publication d’images de mineurs exige l’accord des titulaires de l’autorité parentale. Toutefois, des exceptions existent pour l’information légitime du public.
La décennie a vu la montée d’une économie de l’image portée par les smartphones. Les enfants y sont particulièrement exposés. Plusieurs autorités publiques rappellent des règles et des précautions importantes. Il ne faut pas capter ni diffuser l’image d’un mineur sans consentement parental. De plus, il est conseillé de ne pas filmer de près un enfant incapable de s’exprimer clairement. Par ailleurs, il convient de signaler tout contenu problématique. Enfin, il est préférable de privilégier la pédagogie sur la confiscation.
La responsabilité des adultes est collective : parents, témoins, passants. Elle consiste à protéger, à expliquer, à désamorcer. L’espace public n’abolit pas le tact. Dans un monde confondant parfois trace et preuve, le respect dû à l’enfance redevient une boussole. De plus, la dignité des personnes retrouve son importance.
Avant de trancher : le temps judiciaire et le respect dû à l’enfant
L’affaire dite des Champs-Élysées met face à face le réflexe invoqué par une artiste et la vulnérabilité d’un enfant. Elle nous renvoie au cœur d’un dilemme contemporain : comment circuler en paix dans des rues saturées d’images où la célébrité attire, où l’émotion précède souvent la vérification. Il reviendra à la justice de dire le droit. En attendant, une prudence s’impose : laisser aux enquêteurs le temps d’établir les faits. Par ailleurs, il faut rappeler le respect dû à l’enfance. De plus, ne pas faire d’un écran la scène d’un procès immédiat.