Percée des partis populistes au 1er tour des législatives : quel impact pour la presse et la culture ?

Jordan Bardella, Clémentine Autain et Gabriel Attal de gauche à droite

Les résultats des élections législatives du 30 juin ont révélé une recomposition majeure du paysage politique français. Le Rassemblement National (RN) a pris la tête avec 33,14 % des suffrages, totalisant 10 625 662 votes. Le Nouveau Front Populaire (NFP) suit avec 27,99 %, surpassant la Nupes de 2022. Le camp présidentiel est relégué en troisième position avec seulement 20 % des voix. Quel serait l’impact des législatives sur la presse, les médias et la culture ? Nous avons analysé, par ordre de score au 1er tour, ce que disent les programmes des trois partis en tête.

Analyse du programme du Rassemblement National

Le RN, sous la direction de Jordan Bardella, propose des réformes de rupture.

Parmi celles-ci, la privatisation de l’audiovisuel public. Cette mesure entraînerait le transfert des télévisions et radios publiques vers le privé, et donc leur quasi-disparition en tant que service public. Si cette mesure promet de réduire les dépenses, elle pourrait aussi entraîner une réduction de la pluralité d’opinions. En effet, de nombreux médias de diverses obédiences politiques demeurent largement subventionnés.

Quant à la mode, la création, l’art et la culture, le parti de Marine Le Pen est peu prolixe. Toutefois, il mise sur la "civilisation française" en mettant en place une "législation spécifique visant les idéologies islamistes" (page 21). De plus, il insiste sur la francophonie et le patrimoine bâti et naturel.

Analyse du programme du Nouveau Front Populaire

Le NFP propose des réformes profondes pour la presse et les médias (page 19). Il vise à limiter la concentration des médias afin d’éviter que quelques propriétaires ne dominent le paysage médiatique. Les médias condamnés pour incitation à la haine ou atteinte à la dignité seront exclus des aides publiques. De plus, le NFP défend l’indépendance des rédactions vis-à-vis de leurs propriétaires. Enfin, le service public de l’audiovisuel bénéficierait d’un financement "durable, lisible et socialement juste".

Pour l’art, la création et la culture, le NFP veut augmenter le budget à 1 % du PIB par an. Par ailleurs, la gratuité serait étendue à tous les musées nationaux. Des tarifs abordables seraient garantis dans les institutions publiques, avec une régulation des tarifs des lieux privés. Pour finir, le régime des intermittents serait amélioré avec la création d’un nouveau régime pour les artistes-auteurs, offrant une reconnaissance et une protection accrues.

Analyse du programme d’Ensemble

Le programme du camp présidentiel, bien que moins spécifique, propose des initiatives visant à influencer les médias. Ils souhaitent interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans et promouvoir la laïcité à l’école. Cela dans le but de lutter contre les fake news et le harcèlement en ligne.

Quant à la culture, on se souvient qu’Emmanuel Macron avait un temps exigé la rentabilité des films français. De quoi menacer l’Exception Culturelle Française selon certains. Toutefois, il avait aussi créé le Pass Culture : une initiative offrant aux jeunes de 18 ans un crédit pour découvrir des activités culturelles.

Mais dans cette campagne, Ensemble se contente de soutenir la culture de proximité en ruralité avec des initiatives comme le "printemps de la ruralité".

Conclusion

Le RN en tête pourrait radicalement changer le paysage médiatique et culturel. Cependant, une résistance significative est prévisible. Le milieu culturel, étant ostensiblement orienté à gauche, pourrait freiner les réformes radicales du RN. Les prochaines semaines nous le diront.