Kris Kristofferson, acteur de cinéma et vedette de la musique country, s’est éteint paisiblement ce samedi 28 septembre à l’âge de 88 ans. Sa famille a annoncé sa disparition le lendemain sur les réseaux sociaux, accompagnée d’un message touchant : « Quand vous verrez un arc-en-ciel, sachez que c’est lui qui nous sourit à tous. » Il est décédé chez lui à Hawaï, laissant derrière lui une carrière exceptionnelle, aussi bien dans la musique que dans le cinéma. Auteur de classiques intemporels, Kristofferson a influencé plusieurs générations de musiciens, y compris l’illustre Bob Dylan.
Une carrière musicale monumentale
Né le 22 juin 1936 à Brownsville, au Texas, Kris Kristofferson semblait promis à une carrière militaire, suivant les pas de son père. Pourtant, c’est la musique qui finit par l’emporter. Dans les années 1960, il s’installe à Nashville, berceau de la musique country, et commence à écrire pour des géants comme Johnny Cash. C’est de cette collaboration qu’émerge l’un de ses plus grands succès, Sunday Mornin’ Comin’ Down, interprété par Cash en 1969. Cette chanson marque un tournant dans le genre et lui vaut le titre de meilleur auteur-compositeur de l’année.
Dans les années 1970, il compose également Me and Bobby McGee, chanson rendue mythique par Janis Joplin. Enregistrée peu avant le décès tragique de Joplin en 1970, cette ballade devient un tube posthume et catapulte Kristofferson sur le devant de la scène.
Il rejoint plus tard le supergroupe The Highwaymen, aux côtés de Willie Nelson, Johnny Cash et Waylon Jennings. Ensemble, ils insufflent à la country une nouvelle énergie, plus libre et audacieuse, laissant une empreinte durable sur l’industrie musicale.
Un acteur au talent reconnu
Outre sa carrière musicale, Kris Kristofferson brille également au cinéma. En 1976, il remporte un Golden Globe pour son rôle dans Une étoile est née, aux côtés de Barbra Streisand. Ce film marque un tournant dans sa carrière d’acteur, mais il ne s’arrête pas là.
Il incarne également des rôles mémorables dans des films devenus cultes, tels que Pat Garrett et Billy the Kid (1973), réalisé par Sam Peckinpah, où il interprète le légendaire hors-la-loi Billy the Kid. Ce western, dans lequel il partage l’affiche avec Bob Dylan, est aujourd’hui considéré comme un chef-d’œuvre du genre.
En 1980, il joue dans La Porte du paradis de Michael Cimino, un film initialement décrié pour son échec commercial, mais désormais salué comme une œuvre majeure du cinéma américain.
On le retrouve aussi dans le film Alice n’est plus ici de Martin Scorsese en 1974, ainsi que dans la saga Blade, où il campe le rôle du mentor du personnage principal incarné par Wesley Snipes.
Une influence indélébile
Tout au long de sa vie, Kristofferson reste passionné par la poésie, notamment celle de William Blake. Ses textes, souvent introspectifs et engagés, se démarquent des conventions de la country de son époque. Il aborde des thèmes profonds comme la solitude, le pacifisme et la liberté, combinant poésie et engagement politique. Son album Third World Warrior (1989), qui critique ouvertement les politiques américaines en Amérique centrale, divise son public mais renforce son image d’artiste engagé.
Son influence sur la scène musicale est immense. Bob Dylan, l’un de ses plus grands admirateurs, a un jour déclaré : « Il y a eu un Nashville avant Kris, et un Nashville après Kris. Il a tout bouleversé. » Effectivement, Kristofferson a apporté une profondeur nouvelle à la country, enrichie de folk et de références littéraires.
Un héritage impérissable
Malgré son retrait de la scène en 2021, Kris Kristofferson demeure une figure emblématique de la musique country et un acteur charismatique. Il laisse derrière lui son épouse Lisa Meyers, ses huit enfants et ses sept petits-enfants. Sa disparition marque la fin d’une ère pour la country américaine.
Ami des plus grandes figures de son temps, Kristofferson aurait pu mener une brillante carrière académique ou militaire. Mais il a suivi son cœur et choisi la musique. Ses chansons, interprétées par de grandes voix telles que Johnny Cash, Janis Joplin et Ray Price, continueront de résonner longtemps encore. Avec sa voix grave et ses textes poignants, Kris Kristofferson incarne l’âme libre de l’Amérique, et son souvenir restera gravé dans les esprits.