
Kirsty Coventry, élue le 20 mars 2025, devient la première femme africaine à présider le prestigieux Comité international olympique (CIO). À seulement 41 ans, l’ancienne nageuse d’élite originaire de Harare, capitale du Zimbabwe, brise un plafond de verre historique en succédant à Thomas Bach.
L’élection s’est tenue à Costa Navarino, en Grèce, et Coventry a remporté la présidence dès le premier tour avec 49 voix sur 97. Face à elle, des candidats reconnus tels que Juan Antonio Samaranch Jr. et Sebastian Coe représentaient pourtant la continuité d’une gouvernance majoritairement occidentale. Cette victoire symbolise une volonté profonde de renouvellement au sein du CIO.
Kirsty Coventry : de championne olympique à leader institutionnelle
Avant son parcours remarquable dans les institutions sportives, Kirsty Coventry s’est illustrée par une carrière exceptionnelle en natation. Avec sept médailles olympiques, dont deux en or consécutives sur 200 m dos à Athènes en 2004 et à Pékin en 2008, elle demeure aujourd’hui l’athlète africaine la plus médaillée de l’histoire olympique.

Après avoir mis fin à sa carrière sportive, Coventry s’est engagée activement dans la gestion du sport international. Dès 2013, elle rejoint la commission des athlètes du CIO, avant d’intégrer la très influente commission exécutive. En parallèle, elle devient en 2018 ministre de la Jeunesse, des Sports, des Arts et des Loisirs au Zimbabwe, sous la présidence controversée d’Emmerson Mnangagwa.
Inclusion et diversité au cœur du mandat de Coventry
Dans son discours inaugural, Kirsty Coventry a clairement positionné l’inclusion et la diversité au centre de ses priorités. Elle souhaite notamment renforcer la représentation africaine dans les organes décisionnels du CIO, traditionnellement dominés par des personnalités occidentales.
Cependant, ce mandat prometteur ne se fera pas sans défis. Sa proximité passée avec le gouvernement autoritaire de Mnangagwa soulève des questions légitimes sur la capacité de Coventry à préserver l’intégrité et l’image du mouvement olympique, en particulier dans un contexte où l’éthique et la transparence sont scrutées attentivement.
Une stratégie électorale discrète mais efficace
Kirsty Coventry a opté pour une stratégie électorale discrète, évitant soigneusement les confrontations publiques avec ses concurrents. Cette démarche lui a permis de convaincre en interne, attirant à elle des voix décisives. De leur côté, des candidats comme Coe ou Samaranch ont pâti d’une image trop associée à l’ancienne gouvernance du CIO.
Bien que le président sortant Thomas Bach nie tout soutien direct, plusieurs observateurs soulignent que la majorité actuelle des membres du CIO ont été nommés sous sa présidence, ce qui a indirectement facilité la victoire de Coventry, souvent perçue comme une figure proche de Bach.

Les dossiers brûlants du mandat Coventry
Le programme détaillé de Kirsty Coventry reste encore à définir. Elle prévoit néanmoins une phase de consultations approfondies avec les membres du CIO. Parmi les défis immédiats figurent notamment la délicate question de la participation des athlètes russes aux Jeux Olympiques de Milan-Cortina 2026, les relations complexes avec les États-Unis à l’approche de Los Angeles 2028, et les controverses persistantes autour des compétitions féminines, exacerbées depuis les JO de Paris 2024.
À plus long terme, Coventry devra gérer la compétition diplomatique intense autour de l’attribution des Jeux olympiques de 2036, convoités par plusieurs pays influents comme l’Inde, la Turquie ou l’Arabie saoudite.
Un symbole fort porteur d’attentes élevées
La victoire de Kirsty Coventry incarne un changement profond dans l’image du CIO, marquant une rupture avec une tradition élitiste et occidentale. Sa jeunesse, son origine africaine et son profil féminin en font une figure emblématique d’une ère nouvelle pour l’olympisme.
Cependant, le symbole ne suffira pas à lui seul. Coventry devra rapidement démontrer sa capacité à engager des réformes réelles et durables. Dès son entrée en fonction officielle le 23 juin 2025 à Lausanne, elle sera attendue. En effet, elle devra prouver que cette victoire historique dépasse le cadre symbolique et initie une transformation authentique du CIO.