
La série Kaboul, diffusée sur France 2 dès le 31 mars 2025, propose une immersion saisissante dans l’Afghanistan de 2021. Ce programme dramatique raconte quinze jours cruciaux, marqués par le retour des talibans au pouvoir. Il raconte l’histoire d’une famille afghane cherchant à s’évader. Par ailleurs, des diplomates européens font face à une évacuation urgente et tendue.
Créée par Olivier Demangel et Thomas Finkielkraut, puis réalisée par Kasia Adamik et Olga Chajdas, la série s’appuie sur des faits réels. Elle illustre l’effondrement fulgurant d’un pays, vingt ans après le lancement de l’intervention occidentale. Le scénario évoque aussi le passé tourmenté de l’Afghanistan, entre guerre soviétique et ascension des moudjahidines, pour offrir un éclairage historique.

Un récit choral et immersif
Kaboul adopte une narration chorale pour mieux révéler l’ampleur de la crise. Zahara Nazany, procureure menacée, incarne la force des femmes afghanes luttant pour leurs droits. Son fils, Fazal, soldat désemparé, espère négocier son salut avec un agent de la CIA. Sa sœur, Amina, chirurgienne, subit une nouvelle règle : les femmes médecins ne peuvent travailler qu’avec une stricte séparation entre les sexes.
Ces trajectoires soulignent la peur et l’impuissance qui paralysent la capitale. Chacun cherche désespérément un vol pour échapper au chaos. Les rares issues se réduisent, tandis que la pression s’accroît.
L’ombre des ambassades et l’évacuation urgente
À l’ambassade de France, Jonathan Zaccaï incarne Gilles, responsable de la sécurité. Il redoute un attentat islamiste et tente de préserver la vie des civils. De son côté, un diplomate italien, joué par Gianmarco Saurino, gère l’accueil des réfugiés à l’aéroport, tout en constatant la position dominante des États-Unis dans cette crise. L’agente allemande interprétée par Jeanne Goursaud brave de son côté les interdictions pour extirper un général afghan d’une situation sans issue.

Selon le ministère français de la Défense, l’opération Apagan, menée en août 2021, a exfiltré plus de 3 000 personnes depuis Kaboul. Cette réalité nourrit le suspense de la série. Les personnages, qu’ils soient diplomates ou civils, affrontent des obstacles logistiques et un sentiment permanent de menace.
Une coproduction ambitieuse pour un drame européen
Fruit d’une coproduction réunissant 13 pays européens, Kaboul témoigne de l’ampleur de l’engagement culturel autour de ce sujet. Soutenue par France Télévisions, ZDF, RAI et d’autres diffuseurs, la série revêt une dimension continentale. Le tournage a eu lieu en Grèce, sur l’ex-aéroport d’Hellenikon, choisi pour reproduire la fièvre qui régnait dans l’aéroport de Kaboul.
Filmer en Afghanistan demeurait impossible pour des raisons de sécurité. Pourtant, les équipes ont fidèlement recréé l’atmosphère suffocante. Elles ont inclus la poussière et le vacarme des avions. En outre, elles ont capturé l’angoisse d’un départ manqué. La réalisation nerveuse accentue l’impression de danger permanent.
Un regard humain plutôt qu’une analyse géopolitique
Sans s’attarder sur l’accord de Doha ou les tractations politiques, Kaboul met en avant le vécu individuel. Sa dramaturgie dépeint la confusion d’un départ précipité et l’incompréhension qui règne parmi la population. Cette approche complète les documentaires Kaboul Chaos ou Fuir Kaboul, déjà consacrés aux témoignages des civils.
Le livre de François Forestier, prévu le 3 avril, approfondit aussi le thème de l’abandon afghan. De même, le film 13 jours, 13 nuits, réalisé par Martin Bourboulon avec Roschdy Zem et Lyna Khoudri, partage cette volonté de transmettre la mémoire d’un drame collectif.
Des espoirs contrariés et un constat poignant
La série Kaboul illustre la détresse de ceux qui ne parviennent pas à s’enfuir. Les femmes se retrouvent confinées, sans perspective. Les enfants errent dans les rues, au milieu des contrôles talibans. Les diplomates, eux, s’affairent mais subissent la pression de leurs gouvernements. Ce tableau rejoint les rapports du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, signalant un exode massif hors d’Afghanistan.
Au fil des épisodes, des gestes de solidarité jaillissent, rappelant la force humaine dans l’adversité. Ces rares moments de courage illuminent un horizon sombre, comme pour souligner la volonté de survie.
Une mémoire collective en construction
Kaboul dépasse le pur divertissement. Elle montre la réalité d’un désastre humain et politique, souvent réduit à des chiffres abstraits. Son style, inspiré de l’écriture incisive chère à Joseph Kessel, privilégie l’émotion et l’authenticité des témoignages. Les spectateurs découvrent alors l’ampleur du drame afghan et s’interrogent : qui porte la responsabilité de cet échec ?
À travers cette évocation puissante, la série interpelle sur le retrait occidental et ses conséquences. Elle rappelle qu’au-delà des bilans officiels, des destins se brisent dans le tumulte. Au final, Kaboul demeure un acte de transmission, une chronique indispensable qui témoigne du prix de la liberté, de l’exil et de la dignité humaine.