
Julien Clerc, de son vrai nom Paul-Alain Leclerc, a fêté ses 77 ans en mai 2025 avec une nouvelle création musicale : Une vie. Cet album est le 28e d’une carrière entamée il y a plus d’un demi-siècle. En effet, il s’inscrit dans une démarche introspective et mélancolique. Sous la direction artistique de Benjamin Biolay, il explore sans artifice les grands thèmes de l’existence : l’amour, le deuil, la mémoire, le passage du temps. Chaque chanson agit comme une page de journal intime. Ainsi, elle dévoile la vulnérabilité d’un homme regardant derrière lui sans amertume. Cependant, il le fait avec une grande intensité.

Le titre Saint-Nazaire constitue un des sommets de l’album. Écrit par Paul École, ce morceau rend un hommage bouleversant à Gérard Leclerc, journaliste et demi-frère du chanteur, disparu tragiquement en 2023. Le texte convoque l’image de deux frères. L’un est vivant, tandis que l’autre a disparu. Néanmoins, ils sont réunis par la musique et la mémoire. "Un au piano, l’autre dans le ciel" : cette métaphore simple résume la profondeur du disque, entre épure et tendresse.
Une tournée nationale pour incarner l’émotion
Pour accompagner la sortie de Une vie, Julien Clerc s’engagera dans une tournée qui s’étendra sur deux ans, de 2026 à 2027. Baptisée du nom de l’album, cette série de concerts parcourra l’Hexagone, avec des dates prévues à Paris, Lille, Lyon, Nantes, Toulouse, Strasbourg, Nice, et Boulogne-sur-Mer. Le 9 octobre 2027, il se produira à l’Accor Arena. Cette salle mythique accueillera la célébration de près de 60 ans de carrière et presque ses 80 ans.

Son approche de la scène reste exigeante. Il compare son entretien vocal à une discipline sportive. Depuis plusieurs années, il suit quotidiennement des cours de chant. Cette rigueur lui permet de préserver l’intégrité de sa voix, tout en adaptant les tonalités à son âge. Il parle de cette pratique comme d’un "yoga sonore", une façon de se reconnecter à soi et à l’essentiel.
Une plume fidèle aux grandes collaborations
Depuis son premier succès avec La Cavalerie en 1968, Julien Clerc n’a cessé de réinventer son répertoire. À ses débuts, il s’associe à Étienne Roda-Gil, dont les textes flamboyants marquent une génération. Par la suite, il collabore avec de grandes figures de la chanson française : Jean-Loup Dabadie, Maxime Le Forestier, Carla Bruni, Didier Barbelivien, Serge Lama, pour n’en citer que quelques-uns.
Dans Une vie, ces complicités se renouvellent. On y retrouve Carla Bruni, Serge Lama et Gaëtan Roussel, qui signent des textes dépouillés, tranchants et émouvants. Les paroles abordent la vieillesse, le regard sur les enfants, la solitude, mais aussi la gratitude et la douceur. Ce n’est pas un disque de bilan, mais une mosaïque de sentiments authentiques.
Une esthétique visuelle épurée et méditative
La pochette de l’album frappe par sa sobriété. On y voit Julien Clerc debout sur la plage d’Ault, dans la baie de Somme, tourné vers l’horizon. Cette image est signée Anton Corbijn, photographe mondialement reconnu pour son travail avec Depeche Mode ou U2. Aucun symbole appuyé, aucune construction artificielle : juste un homme face au vent et à la mer.
Ce choix visuel n’est pas anodin. La plage d’Ault, régulièrement choisie pour des tournages, incarne une beauté brute et ouverte. C’est un lieu de passage, de silence, de contemplation. La photo résume l’esprit de l’album : un regard lucide sur soi, dans un monde en perpétuel mouvement.
Une filiation musicale assumée : Vanille
La musique est une affaire de famille. Vanille, de son vrai nom Elisa Clerc, poursuit une carrière musicale singulière. Née en 1988, elle sortira son troisième album Regarde le 13 juin 2025. Elle y mêle les influences de la bossa nova, de la pop française et de la musique du monde. Les thèmes abordés sont intimes : la maternité, l’amour, la transmission.

Vanille incarne une génération cosmopolite. Fille d’un chanteur et d’une cavalière, elle a grandi entre les voyages, la nature et les disques vinyles. Elle revendique son héritage tout en s’en émancipant. En studio comme en concert, elle affirme une voix douce, mais déterminée.
Un engagement constant et discret
Depuis toujours, Julien Clerc lie son art à ses convictions. En 2003, il devient ambassadeur du HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés) pour la francophonie. Il milite pour le droit d’asile, la dignité des exilés et la tolérance. En 2012, il prend position publiquement pour le mariage pour tous, défendant l’égalité des droits.

En 2023, il entame une nouvelle aventure radiophonique sur Nostalgie. Chaque jeudi, il y propose une émission où il raconte ses souvenirs, partage des titres qui l’ont marqué et reçoit des artistes de tous horizons. Cette voix familière accompagne désormais des milliers d’auditeurs.
Le 20 juin 2025, il participera à l’émission Taratata 100 % Live sur France 2. Cette soirée réunira des artistes de tous genres : Morcheeba, Oxmo Puccino, Vincent Delerm, M, dans une célébration de la scène vivante.
Un legs artistique en mouvement
Julien Clerc n’aime pas parler d’héritage. Il préfère les mots de "partage" et de "transmission". Il ne théorise pas le lien qui l’unit à son public. Il le vit. Chacune de ses chansons semble répondre à une émotion commune. Loin de vouloir figer son parcours, il continue de créer, de chanter, de s’engager. Une vie est bien plus qu’un disque : c’est une méditation musicale, une élégance sans emphase, un chant de continuité.
Dans une époque dominée par l’immédiat et la dérision, l’itinéraire de Julien Clerc rappelle des valeurs cardinales. La durée, le respect du texte, ainsi que la recherche de beauté simple et sincère demeurent essentielles. Son œuvre s’adresse à toutes les générations. Elle accompagne, elle éclaire, elle apaise.