
Le 2 mars 2025, la chanson française a perdu un artiste majeur. Herbert Léonard, interprète du célèbre Pour le plaisir, est décédé à 80 ans des suites d’un cancer du poumon. Il laisse derrière lui un parcours riche en rebondissements et une empreinte indélébile sur la scène francophone. Ainsi, son existence rappelle combien la persévérance peut triompher de tous les obstacles.
De l’Alsace aux premiers pas scéniques
Né le 25 février 1945 à Strasbourg, Hubert Lœnhard grandit dans un foyer modeste. Son père est éboueur et sa mère reste au foyer. Très jeune, il découvre le rock, le rhythm and blues et s’essaie à la guitare. De plus, il intègre divers groupes avant de rejoindre les Lionceaux dans les années 1960. Ce groupe de reprises anglo-saxonnes acquiert une notoriété passagère. Cependant, la voix grave de ce jeune guitariste surprend déjà les professionnels.
En 1967, il se lance en solo sous le nom d’Herbert Léonard et sort Quelque chose tient mon cœur. Les ventes restent modestes mais lui permettent de nouer des contacts dans l’industrie musicale. Ainsi, il construit patiemment les bases de ce qui deviendra une longue aventure artistique.
L’accident qui brise l’élan
En 1969, un accident de voiture interrompt brutalement son ascension. Il souffre de blessures au visage et traverse plusieurs mois de convalescence loin des projecteurs. Il confiera plus tard : “Je craignais de ne plus chanter devant un public”. Pendant ce repos forcé, il découvre une passion étonnante : l’aviation militaire soviétique. Il écrit alors pour Aviation Magazine, démontrant sa soif d’apprendre et sa curiosité tous azimuts.
Cette période marque un tournant. Ainsi, il s’éloigne de la scène pour mieux y revenir quelques années plus tard, armé d’une nouvelle détermination.
Le tube qui change tout

En 1981, une rencontre fortuite avec Julien Lepers bouleverse à jamais sa carrière. Ce jeune compositeur lui propose la chanson Pour le plaisir. Herbert Léonard l’enregistre sans imaginer l’ampleur du succès à venir. De plus, ce titre se transforme en phénomène national et dépasse rapidement 2,5 millions de ventes.
Son timbre chaud, proche des crooners américains, séduit un large public. Le chanteur enchaîne alors les hits, dont Amoureux fous (en duo avec Julie Pietri), Quand tu m’aimes ou Laissez-nous rêver. Il devient la voix emblématique des années 1980 et vend près de 10 millions de disques. Le public l’associe à une image de chanteur romantique, capable d’envoûter les foules avec des mélodies intemporelles.
Entre gloire et difficultés
Dans les années 1990, l’absence de nouveaux tubes fragilise sa popularité. Cependant, il reste actif sur la scène musicale et développe d’autres projets. En 1999, il surprend avec le rôle de Frollo dans la comédie musicale Notre-Dame de Paris. Cette expérience lui permet de revenir sous le feu des projecteurs et de toucher un nouveau public.
Les années 2000 et 2010 sont plus éprouvantes. En 2017, il subit une embolie pulmonaire et sombre dans le coma pendant 32 jours. Puis, en 2022, il contracte une forme grave de COVID-19 qui le contraint à une longue hospitalisation. Malgré ces épreuves, il monte encore sur scène, notamment lors des tournées Âge tendre. Le public y retrouve son répertoire nostalgique et sa voix reconnaissable.
Un héritage pour la chanson française

En 2014, son album Demi-tour témoigne de son attachement au rhythm and blues. Il y rend hommage aux sonorités qui l’avaient bercé durant son adolescence alsacienne. Jusqu’à ses derniers jours, Cléo, son épouse, et leur fille Éléa l’accompagnent avec tendresse.
À l’annonce de son décès, Julien Lepers déclare : “Herbert savait transmettre l’émotion comme nul autre”. De plus, la ministre de la Culture, Rachida Dati, salue “un interprète inoubliable de la chanson française”. Les médias et le public soulignent unanimement son rôle essentiel dans l’histoire de la variété hexagonale.