
Hélène Risser, journaliste renommée, longtemps admirée pour son regard perçant sur la politique et la société, incarne aujourd’hui la résilience d’une mère qui a perdu l’essentiel. Révélée au grand public par ses analyses affûtées sur Public Sénat, notamment dans l’émission Déshabillons-les, où elle scrute la communication des figures politiques, Risser a bâti une carrière marquée par la rigueur et la profondeur d’analyse. Mais en 2022, le destin bascule. La perte brutale de son fils Arthaud, à seulement 21 ans, fissure sa vie. Depuis, avec une authenticité poignante, elle met des mots sur une douleur qui défie toute imagination.
Dans son ouvrage, Après Arthaud, elle se livre, avec une sincérité déconcertante, partageant le poids de son chagrin et le long chemin de deuil qu’elle emprunte, offrant un témoignage rare sur cette douleur d’une intensité infinie.
Une carrière ancrée dans la quête de vérité
L’itinéraire d’Hélène Risser n’avait rien de prédestiné. Née dans une famille de médecins, elle évolue dans un environnement intellectuel mais humble, où l’intégrité prime. Après des études en économie et en histoire de l’art, elle choisit le journalisme, un métier qu’elle aborde avec l’enthousiasme d’une quête. Ses débuts au Monde puis dans des médias comme Capital et Arrêt sur Images forgent son style incisif. En 2006, elle rejoint Public Sénat, où Déshabillons-les la consacre auprès du public comme une voix essentielle de l’analyse politique. Avec une habileté rare, elle décode les discours et postures des dirigeants, éclairant les spectateurs sur les subtilités du pouvoir.
Son approche, à la fois percutante et nuancée, lui vaut le respect de ses pairs et l’admiration des téléspectateurs, qui voient en elle un pilier de transparence dans le paysage médiatique.
Un matin d’hiver où tout s’effondre
La trajectoire d’Hélène Risser prend un tournant tragique en 2022. Un matin, l’impensable survient : elle retrouve son fils Arthaud inanimé dans sa chambre. Les secours ne peuvent que confirmer l’irréparable. Dans une interview bouleversante à Sept à Huit, elle évoque cet instant suspendu, où l’incompréhension se mêle à une culpabilité viscérale.
"Je suis une mère, je devrais protéger mon enfant. C’est un échec," confie-t-elle. "Comment n’ai-je pas su comprendre, à quelques mètres, qu’il était en train de mourir ?" Cette phrase, lancinante, devient le reflet de son tourment, un écho de sa douleur.
La culpabilité, compagne silencieuse
Pour Hélène, cette culpabilité s’insinue dans chaque instant, chaque pensée. Elle se reproche de ne pas avoir su déceler un signe, une demande d’aide muette. En cherchant des réponses, elle plonge dans les détails de l’autopsie : une combinaison fatale de médicaments, d’alcool et de Subutex, inoffensifs pris séparément mais mortels ensemble. Ces éléments ne dissipent ni le chagrin ni la colère, dirigée parfois contre un système de santé qu’elle juge défaillant. Elle questionne le suivi thérapeutique d’Arthaud et les décisions d’une clinique qui l’aurait laissé sortir trop tôt. Mais elle sait que cette colère, bien que légitime, ne lui apportera pas de paix.
Un deuil insondable, porté avec une dignité rare
Le deuil d’un enfant est un fardeau qui ne faiblit jamais. Pour Hélène, chaque recoin de sa maison murmure la présence d’Arthaud. Sa chambre, laissée telle quelle, devient un sanctuaire que seule sa fille ose parfois traverser. Ces objets, ces murs, gardent la mémoire du fils perdu, transformant chaque jour en une lutte silencieuse.
Pour trouver un semblant de réconfort, Hélène rejoint des groupes de parole. “Parler avec d’autres parents, c’est vital. Eux seuls peuvent comprendre,” dit-elle. Ce partage apaise l’isolement et crée un lien entre ceux qui connaissent cette douleur inexprimable.
Écrire pour donner une voix à la mémoire
L’écriture devient alors son refuge. Dans Après Arthaud, elle s’adresse non seulement aux parents endeuillés, mais aussi à ceux qui cherchent à saisir l’indicible. À travers ce livre, Hélène tente de transcender son chagrin, de donner un sens à la perte. "Je ne veux pas que cette souffrance reste muette. Elle doit toucher, peut-être aider ceux qui souffrent aussi," affirme-t-elle. Ce témoignage, intime et viscéral, devient un acte de transmission, un moyen de faire survivre Arthaud au-delà du silence.
Une quête de justice et de résilience
Ce parcours de deuil s’accompagne d’une épreuve professionnelle. En 2022, Hélène est licenciée de Public Sénat à la suite d’un désaccord sur un documentaire historique. Deux ans plus tard, elle obtient gain de cause au Conseil de prud’hommes, qui annule ce licenciement et ordonne sa réintégration, reconnaissant la brutalité de la rupture. Cette décision juridique, bien que symbolique, éclaire sa trajectoire marquée par l’injustice d’une perte incompréhensible.
Aujourd’hui, malgré le poids d’un chagrin qui ne s’effacera jamais, Hélène Risser continue de défendre ses valeurs et d’exercer sa vocation avec passion. Par son parcours, elle montre qu’il est possible, après l’inimaginable, de retrouver la force de se relever. En rendant hommage à son fils par ses mots, Hélène Risser offre un témoignage de dignité et de courage, rappelant que, même dans la douleur la plus absolue, la voix de l’espoir peut encore se faire entendre.