Ridley Scott ressuscite le péplum avec Gladiator 2, 25 ans après son chef-d’œuvre. Mais si le sable de l’arène brille toujours, le souffle épique s’est éteint.
Un spectacle visuel, oui, mais sans tripes
Il était une fois Gladiator, en l’an 2000. Tragédie antique, leçon d’histoire en mode blockbuster, il redonnait ses lettres de noblesse au péplum. Aujourd’hui, Ridley Scott revient avec une suite qui, à force de vouloir trop en faire, en oublie l’essentiel : l’âme.
Le scénario signé David Scarpa s’intéresse à Lucius, le fils de Lucilla et neveu du tyrannique Commode. Nous suivons Paul Mescal, notre héros. Il aspire à l’héroïsme. Sa quête de vengeance commence suite à un événement tragique. La destruction de sa paisible vie en Numidie a déclenché cette quête. Sur le papier, ça fonctionne. À l’écran, c’est une autre histoire. Si les scènes d’action regorgent de combats dantesques – gladiateurs contre rhinocéros numériques, rien que ça – tout cela sonne creux. Un peu comme si l’on assistait à un festin sans sel : les assiettes sont belles, mais on reste sur sa faim.
Ridley Scott se met en mode « service minimum »
On avait l’habitude de Ridley Scott le visionnaire, celui qui jongle avec lyrisme et tension dramatique. Ici, c’est Ridley « la routine » qu’on retrouve. Le spectaculaire est là, mais l’émotion, elle, s’est perdue en chemin. Les combats, pourtant impressionnants, n’atteignent jamais la puissance cathartique des affrontements de Maximus.
Côté personnages, c’est une hécatombe. Paul Mescal a du mal à animer Lucius. Ce protagoniste ressemble davantage à un jeune stagiaire débordé. Moins souvent, il rappelle un héros antique. Denzel Washington, pourtant génial en Macrinus, ne sauve pas la mise : son personnage, intriguant sur le papier, manque de place pour briller. Quant aux empereurs Caracalla et Geta, ils ressemblent à deux caricatures échappées d’un mauvais soap opéra romain. Et, on se l’avoue, ils n’arrivent pas à la cheville du Commode machiavélique de Joaquin Phoenix.
Entre clichés et clins d’œil patauds
Les libertés historiques sont nombreuses, mais cette fois, elles tombent à plat. Caracalla, empereur célèbre pour sa réforme audacieuse accordant la citoyenneté romaine à tous les hommes libres, se transforme ici en méchant de cartoon. Les intrigues politiques sont simplifiées jusqu’à l’absurde. Et que dire des dialogues ? Quand un personnage lâche un « Make Rome Great Again », on ne sait plus si l’on doit rire ou pleurer. C’est un clin d’œil moderne. Cependant, loin d’enrichir le propos, il a un effet contraire. Il enfonce le film dans le ridicule.
Denzel Washington, l’étoile qui surnage
Soyons honnêtes : si Gladiator 2 parvient à maintenir un peu d’intérêt, c’est grâce à Denzel Washington. Son Macrinus, marchand de gladiateurs manipulateur, est une vraie bouffée d’air frais. Charismatique, subtil, il éclaire un film autrement terne. On regrette simplement que son talent soit dilué dans un scénario qui le laisse trop souvent en marge.
Un film symptomatique d’un certain Hollywood : le grand vide sous les paillettes
Suite ou remake ? Tel pourrait être le sous-titre de Gladiator 2. Ridley Scott, pourtant maître du cinéma visionnaire, semble avoir ici cédé aux sirènes du box-office. À force de vouloir capitaliser sur la nostalgie, on oublie de raconter une histoire qui vibre, qui touche, qui transcende.
Alors, oui, le film trouvera son public. Il est beau, spectaculaire, et porté par quelques acteurs talentueux. Mais il illustre aussi une tendance inquiétante : celle d’un cinéma qui se contente de rejouer ses anciens succès, sans chercher à innover.
En somme : Gladiator 2, c’est un peu comme manger un dessert glacé dans un bol en or. C’est joli, ça en jette, mais au fond, ça manque cruellement de chaleur. Alors qu’on enfile sa toge ou non pour un éventuel Gladiator 3, espérons au moins que la prochaine fois, le cœur reviendra dans l’arène.