Gena Rowlands, figure incontournable du cinéma indépendant américain, s’est éteinte mercredi à l’âge de 94 ans. Avec son charme inaltérable et sa présence magnétique, elle a transcendé le grand écran. Pendant plus de cinq décennies, elle a laissé une empreinte indélébile sur l’histoire du cinéma. Ses rôles, souvent empreints d’une profonde complexité émotionnelle, ont révélé une femme libre, à la fois fragile et puissante, qui a su s’affranchir des conventions d’Hollywood pour incarner des personnages inoubliables.
Sa carrière, marquée par une collaboration intense et prolifique avec son époux, le réalisateur John Cassavetes, a donné naissance à des œuvres profondément humaines. Rowlands incarnait avec une rare authenticité ces femmes au bord de la crise, submergées par leurs propres contradictions. C’est notamment grâce à son rôle dans Une femme sous influence (1974), chef-d’œuvre signé par Cassavetes, qu’elle a su captiver le public et les critiques, révélant toute l’étendue de son talent. Son interprétation de Mabel, femme au foyer en proie à une dépression nerveuse, reste gravée dans les mémoires. En effet, sa vérité brute et son intensité bouleversante marquent profondément les esprits.
Gena Rowlands a également marqué les esprits dans Gloria (1980), où elle s’éloigne de ses rôles introspectifs pour endosser celui d’une femme forte, presque invincible, confrontée à la violence du monde. Vêtue de robes satinées signées Ungaro, elle traverse les ruelles sombres de New York, armée d’une détermination féroce, protégeant un jeune garçon des griffes de la mafia. Cette performance lui vaudra une nomination aux Oscars et assoira définitivement son statut de légende du cinéma.
Mais derrière cette actrice au charisme puissant se cache une femme qui a su préserver une profonde sensibilité. Née en 1930 dans le Wisconsin, Gena Rowlands grandit dans un environnement créatif qui nourrit très tôt ses rêves d’actrice. Soutenue par des parents aimants et ouverts, elle choisit de suivre une formation artistique à New York, où elle rencontre John Cassavetes. Leur union, aussi passionnée que tumultueuse, donnera naissance à certains des films les plus emblématiques du cinéma indépendant américain.
Leur maison de Los Angeles était un lieu de création perpétuelle où se croisaient techniciens, acteurs et amis de passage. En effet, c’était un studio de cinéma improvisé où la réalité et la fiction se mêlaient constamment. Pour Rowlands et Cassavetes, la vie privée et l’art étaient indissociables, et cette fusion a nourri des œuvres d’une intensité rare, où chaque film était un miroir de leurs propres expériences et questionnements.
Après la mort prématurée de John Cassavetes en 1989, victime d’une cirrhose à 59 ans, Gena Rowlands continue à porter haut leur héritage commun. Elle tourne pour son fils Nick Cassavetes dans The Notebook en 2004, un film où elle interprète une femme atteinte de la maladie d’Alzheimer, une ironie tragique puisqu’elle-même en sera frappée des années plus tard. En 2015, Hollywood lui rend hommage en lui décernant un Oscar d’honneur. Cela reconnaît une carrière exceptionnelle, marquée par des choix audacieux. De plus, son intégrité artistique sans faille est également saluée.
Jusqu’à la fin, Gena Rowlands est restée fidèle à elle-même, refusant de se plier aux attentes de l’industrie du cinéma, préférant suivre son propre chemin, guidée par une passion indomptable pour son art. Son regard perçant, son sourire énigmatique et sa capacité unique à capter les émotions humaines ont fait d’elle une actrice incomparable. De plus, son éclat continuera de briller longtemps après sa disparition.
Gena Rowlands a quitté ce monde, mais son héritage demeure. Dans chaque plan, chaque dialogue et chaque silence de ses films, elle laisse derrière elle un trésor inestimable. En effet, elle incarne à travers ses personnages la complexité et la beauté de la condition humaine.