Les Flammes : une alternative crédible aux Victoires de la musique ?

Aya Nakamura et Shay, figures de proue des flammes : entre présence scénique affirmée et esthétique soigneusement maîtrisée, elles incarnent une nouvelle génération d’artistes féminines qui redéfinissent les codes du succès. Leur influence dépasse les genres et impose un nouveau récit culturel.

Les Flammes 2025 ont une nouvelle fois investi la Seine Musicale avec une ambition affirmée : représenter les cultures urbaines et les musiques populaires issues des quartiers. Pour cette troisième édition, les spectateurs ont pu entendre du rap français, du R’n’B, de l’afrobeat, ou encore des musiques caribéennes, dans une salle comble de près de 2 000 personnes.

Les Poetic Lovers ou le retour des crooners R’n’B. Veste à sequins, cœurs battants et harmonies soignées : leur passage sur scène était une capsule temporelle, entre sensualité 90’s et élégance urbaine. Les Flammes ont aussi le goût du rétro-chic.
Les Poetic Lovers ou le retour des crooners R’n’B. Veste à sequins, cœurs battants et harmonies soignées : leur passage sur scène était une capsule temporelle, entre sensualité 90’s et élégance urbaine. Les Flammes ont aussi le goût du rétro-chic.

Une cérémonie entre ferveur populaire et revendication

La soirée a commencé avec un léger retard. En effet, l’ambiance survoltée dans la salle montrait une forte attente du public. À travers cette effervescence, les organisateurs affichaient clairement leur intention de rompre avec les formats classiques et institutionnels. Selon Hamad, co-fondateur du média Booska-P, il s’agissait d’« une cérémonie des cultures populaires ». L’événement se veut ainsi une alternative à des rendez-vous jugés déconnectés comme les Victoires de la musique.

BB Noyaa, poupée rock et corset de feu. Avec ses bas résille blancs et ses bigoudis bling, elle bouscule les normes : une performance à la provocation assumée. Derrière le look osé, une vraie revendication de son individualité.
BB Noyaa, poupée rock et corset de feu. Avec ses bas résille blancs et ses bigoudis bling, elle bouscule les normes : une performance à la provocation assumée. Derrière le look osé, une vraie revendication de son individualité.

Mise en lumière d’artistes sous-représentés

La scène a été investie par des figures marquantes comme Aya Nakamura, Shay, Joé Dwèt Filé ou Théodora. Ces artistes viennent souvent des diasporas africaines, antillaises ou caribéennes. De plus, ils bénéficient d’une visibilité accrue dans un cadre valorisant leur singularité.

@konbini

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Shay, sacrée artiste de l’année, a souligné l’importance de faire entendre la voix des femmes sur cette scène. D’autres, comme La Mano, L2B ou Eva Queen, représentent une relève affirmée.

Kery James et Rokhaya Diallo, binôme de conscience. En tailleur oversize ou costume noir, ils rappellent que la scène peut être aussi une tribune. L’une manie à sa façon la plume, l’autre le micro : ensemble, ils font vibrer la justice.
Kery James et Rokhaya Diallo, binôme de conscience. En tailleur oversize ou costume noir, ils rappellent que la scène peut être aussi une tribune. L’une manie à sa façon la plume, l’autre le micro : ensemble, ils font vibrer la justice.

Engagement et mémoire collective

Les prises de parole ont montré que les Flammes sont aussi un espace d’expression politique. Kery James a salué la mémoire de DJ Mehdi, tandis que Rokhaya Diallo, présente sur scène, a rappelé les dimensions militantes du hip-hop. Une étudiante membre du collectif Urgence Palestine a également été remarquée, vêtue d’un keffieh. L’artiste Joé Dwèt Filé a, quant à lui, dédié son prix à Haïti et aux Antilles, élargissant le propos à la mémoire des diasporas.

Denden, guerrière urbaine en bustier d’acier. Son armure argentée scintille sous la lumière des projecteurs. Mi-rappeuse, mi-divinité trap, elle impose un style audacieux qui fait de la provocation un manifeste esthétique.
Denden, guerrière urbaine en bustier d’acier. Son armure argentée scintille sous la lumière des projecteurs. Mi-rappeuse, mi-divinité trap, elle impose un style audacieux qui fait de la provocation un manifeste esthétique.

Une scène urbaine en mutation

Malgré l’absence de quelques têtes d’affiche, les nouveaux noms ne manquaient pas. La richesse musicale actuelle repose sur une scène hybride, mêlant amapiano, afropop et électro. Cette diversité est soutenue par des structures telles que Rec. 118 Group, Sony Music, ou PlayTwoLive, qui permettent à ces artistes d’émerger tout en conservant une certaine indépendance.

Shay, entre mystère et pouvoir. Robe lacérée, dentelle exposée, lunettes noires et regard tranchant : elle marche sur le tapis rouge comme sur un champ de bataille. Son style ? Une déclaration d’audace.
Shay, entre mystère et pouvoir. Robe lacérée, dentelle exposée, lunettes noires et regard tranchant : elle marche sur le tapis rouge comme sur un champ de bataille. Son style ? Une déclaration d’audace.

Vers une institutionnalisation maîtrisée ?

Si les Flammes veulent gagner en légitimité dans le paysage culturel français, leur évolution doit rester fidèle aux valeurs. En outre, ces valeurs incluent l’authenticité, la créativité et la proximité avec leur public. Le défi sera de conjuguer reconnaissance officielle et liberté artistique, tout en conservant un ancrage générationnel fort.

Aya Nakamura, icône sacrée. Voile noir, collier baroque, trophée en main : elle est l’image même d’une artiste qui règne sans partage. Derrière le glamour, une revanche douce sur une industrie qui l’a longtemps sous-estimée.
Aya Nakamura, icône sacrée. Voile noir, collier baroque, trophée en main : elle est l’image même d’une artiste qui règne sans partage. Derrière le glamour, une revanche douce sur une industrie qui l’a longtemps sous-estimée.

Une jeunesse en quête de représentation

Pour de nombreux jeunes, la cérémonie est perçue comme un miroir fidèle de leur culture. Des témoignages d’étudiants et de fans expriment cette proximité. Les Flammes deviennent ainsi un lieu d’identification, et bien plus qu’un simple show musical : un espace où s’écrit une nouvelle page de l’histoire culturelle française.

Noélia, diva galactique en corset d’or. Son collier chaîne, ses gants résille et sa mini-jupe font écho aux reines pop du début 2000. Mais ici, chaque strass crie
Noélia, diva galactique en corset d’or. Son collier chaîne, ses gants résille et sa mini-jupe font écho aux reines pop du début 2000. Mais ici, chaque strass crie « je suis là, j’existe, et je brille pour nous toutes ».
Lousita Cash, prêtresse de l’épuré. Drapée de noir, lèvres vernies, elle incarne la force tranquille d’une génération qui s’exprime avec classe. Une silhouette sculpturale qui hypnotise sans un mot.
Lousita Cash, prêtresse de l’épuré. Drapée de noir, lèvres vernies, elle incarne la force tranquille d’une génération qui s’exprime avec classe. Une silhouette sculpturale qui hypnotise sans un mot.
Jolagreen23, entre rap et haute joaillerie. Costard impeccable, afro twistée et bijoux oversized : il impose un style néo-dandy qui réconcilie virilité et flamboyance. Un visuel fort pour un artiste à suivre de très près.
Jolagreen23, entre rap et haute joaillerie. Costard impeccable, afro twistée et bijoux oversized : il impose un style néo-dandy qui réconcilie virilité et flamboyance. Un visuel fort pour un artiste à suivre de très près.
La Mano, l’avenir du rap s’écrit à plusieurs voix. Avec son look LV brodé, trophée en main, il incarne une nouvelle génération d’artistes afro-français qui refusent de choisir entre style, substance et succès.
La Mano, l’avenir du rap s’écrit à plusieurs voix. Avec son look LV brodé, trophée en main, il incarne une nouvelle génération d’artistes afro-français qui refusent de choisir entre style, substance et succès.
Amel Bent, élégance discrète et présence affirmée. Vêtue d’une robe claire épurée, elle incarne une forme de continuité entre générations, un pont entre variété et R’n’B urbain, sous le regard bienveillant d'un public qui la connaît depuis près de 20 ans
Amel Bent, élégance discrète et présence affirmée. Vêtue d’une robe claire épurée, elle incarne une forme de continuité entre générations, un pont entre variété et R’n’B urbain, sous le regard bienveillant d’un public qui la connaît depuis près de 20 ans