Ce lundi soir, Arte consacre sa soirée au comédien britannique Daniel Day-Lewis, avec la diffusion de l’un de ses films les plus marquants, There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson, suivi d’un documentaire inédit sur la méthode de travail particulière de cet acteur aux trois Oscars. Une occasion rare de redécouvrir celui que beaucoup considèrent comme l’un des plus grands interprètes vivants, tout en explorant la part d’ombre qui entoure sa carrière.
Une immersion totale, couronnée de succès
Sorti en 2008 en France, There Will Be Blood a valu à Daniel Day-Lewis son deuxième Oscar du meilleur acteur, consolidant sa réputation d’artiste prodige. Le film, réalisé par Paul Thomas Anderson (Boogie Nights, Punch-Drunk Love), raconte l’ascension d’un prospecteur de pétrole dont la quête de richesse se mue en obsession destructrice. Salué par les critiques, il est décrit dans Première comme une performance « magistrale », incarnant un personnage dont « les soubresauts d’humanité nous touchent avec une justesse remarquable ».
Cette intensité découle de la fameuse « méthode » Day-Lewis : une immersion totale dans ses rôles. Pour incarner un Indien mohican, il apprend à chasser et à fabriquer des canoës (Le Dernier des Mohicans, 1992). Pour Gangs of New York (2002), il prend des cours de boucherie afin de devenir crédible dans la peau d’un boucher new-yorkais. À chaque fois, il reste habité par ses personnages même en dehors du tournage, une approche exigeante qui fascine autant qu’elle épuise son entourage.
Un parcours jalonné de retraites et de retours
La diffusion de There Will Be Blood sera suivie d’un documentaire intitulé Daniel Day-Lewis : l’héritier, réalisé en 2021. Riche en archives inédites, ce film tente de percer le mystère de cet acteur qui a maintenu une distance presque aristocratique vis-à-vis de la célébrité. Tandis qu’Hollywood le sacre comme une légende vivante, Day-Lewis choisit régulièrement de quitter les projecteurs : apprenti cordonnier en Italie dans les années 1990, exil en Irlande, et silence médiatique entre ses films.
Chaque retour est pourtant un événement. Après avoir annoncé sa retraite avec Lincoln (2012), il revient en 2017 pour Phantom Thread, une nouvelle collaboration avec Paul Thomas Anderson. Cette fois, il affirme que ce sera son dernier rôle, se retirant à nouveau dans un anonymat soigneusement entretenu. Mais en 2024, des rumeurs évoquent sa participation au prochain film de son fils, Ronan Miller, intitulé Anemone.
Une personnalité troublante
Né en 1957 à Londres, Daniel Day-Lewis revendique une carrière libre, en dehors du star-system. Son rapport à la notoriété est paradoxal : il n’hésite pas à s’engager dans des productions prestigieuses, comme Gangs of New York (2002) aux côtés de Leonardo DiCaprio, mais il fuit toute forme de culte de la personnalité. Son visage fin, son regard perçant et sa silhouette élancée ne se prêtent que rarement à la presse people.
L’amour et la France : l’empreinte Adjani
L’une des rares relations publiques de Day-Lewis reste son histoire avec l’actrice française Isabelle Adjani. Leur union, aussi passionnelle que discrète, marque la fin des années 1980. Leur fils, Gabriel-Kane, naît en 1995, après leur séparation. Contrairement à ses parents, Gabriel-Kane choisit une carrière dans la musique et le mannequinat, loin des plateaux de tournage.
Après Adjani, Daniel Day-Lewis épouse la réalisatrice Rebecca Miller, fille du dramaturge Arthur Miller. Ensemble, ils s’installent dans la campagne irlandaise, optant pour une vie paisible et une relative solitude.
Un héritage des plus précieux
Le choix d’Arte de diffuser There Will Be Blood suivi d’un documentaire est un hommage à la place unique de Daniel Day-Lewis dans le cinéma. Rarement un acteur aura autant marqué par son investissement psychologique et sa capacité à disparaître dans ses rôles. Alors que Paul Thomas Anderson prépare son prochain film avec Leonardo DiCaprio, la présence de Day-Lewis plane toujours sur Hollywood, comme une figure mythique.
Ce lundi soir, Arte offre une chance d’approcher cet acteur paradoxal, à travers un rôle coup de poing et un documentaire éclairant. Un programme qui reflète parfaitement l’exigence et le mystère d’un artiste dont l’empreinte sur le cinéma est, elle, indélébile.