
Le 8 octobre 2025, Charlie Dalin, 41 ans, révèle avoir bouclé et remporté, le 14 janvier, le Vendée Globe en record, tout en suivant une immunothérapie pour un GIST, au prix d’un protocole strict en mer. Parti des Sables-d’Olonne, épaulé par MerConcept à Concarneau, il dit avoir tu sa maladie pour « profiter de la victoire ». Le 9 octobre, un livre arrive en librairie. L’horizon sportif se redessine : le Vendée Globe 2028 s’éloigne.
Les faits établis
Charlie Dalin, marin français de 41 ans, atteint d’un cancer, a remporté le Vendée Globe 2024-2025 en 64 jours 19 heures 22 minutes 49 secondes. L’arrivée a eu lieu le 14 janvier 2025 aux Sables-d’Olonne. C’était au terme d’un tour du monde en solitaire sans escale. De plus, il s’agit d’un nouveau record de l’épreuve. Le skipper de MACIF Santé Prévoyance, soutenu par l’écurie MerConcept basée à Concarneau, révèle aujourd’hui avoir navigué sous immunothérapie après le diagnostic d’un GIST (tumeur stromale gastro-intestinale), survenu à l’automne 2023.
Cette révélation intervient le 8 octobre 2025, à la veille de la parution de La force du destin chez Gallimard. Dans cet ouvrage, le navigateur retrace son année sous tension et le secret partagé avec un cercle réduit. De plus, il décrit l’art de « faire comme si » pour tenir la route et le cap. Le marin dit avoir choisi le silence à l’arrivée pour « profiter de la victoire » et ne pas « casser l’ambiance ». Les médias de référence ont confirmé la séquence, assortie du point de vue de l’intéressé. De plus, l’équipe a cadré une logistique stricte autour du traitement.

Une zone d’ombre demeure sur la chronologie exacte des interventions chirurgicales. Certaines versions évoquent une opération en février 2024 puis une reprise de la maladie au printemps. D’autres insistent sur une intervention lourde après la course et une convalescence prolongée qui expliquent l’absence de Dalin à la remise des prix du 10 mai 2025. La rédaction signale cette divergence et la documente, sans extrapoler.
Le journal de bord secret : de l’alerte au grand large
En automne 2023, quelque chose cloche. Un poids sourd, une fatigue qui ne ressemble ni aux manches d’entraînement ni aux nuits hachées des transats. Le diagnostic tombe : GIST, ces tumeurs rares du tube digestif, désormais mieux contrôlées grâce aux thérapies ciblées et, chez Dalin, un protocole d’immunothérapie adapté. Il faut alors composer : revoir la nutrition, surveiller l’hydratation, sanctuariser le sommeil et intégrer une prise quotidienne à heure fixe. Sur le bateau, une alarme règle la médecine comme on règle un changement de voile.
Janvier 2024, les médecins donnent leur feu vert, sous conditions. Il impose une discipline nouvelle, moins spectaculaire que les empannages dans les quarantièmes mais tout aussi décisive. Le 10 novembre 2024, Dalin prend le départ. Le plan est simple : garder le contrôle de la machine et se protéger du froid humide. Ensuite, limiter les efforts violents qui provoquent les douleurs, anticiper la météo pour éviter les zones de casse. Enfin, ménager des séquences de micro-sieste. La course se gagne alors par la mesure autant que par l’audace.
Le sud Atlantique ouvre la voie, l’Indien impose son rouleau compresseur, le Pacifique étire les heures et les pensées. Au cœur de l’océan Indien, une fenêtre météo s’ouvre, que Dalin exploite avec une précision de cartographe. À la barre de son IMOCA signé Guillaume Verdier, il file devant une dépression, quand ses poursuivants choisissent de la contourner. L’écart grandit. La stratégie devient récit, puis avantage psychologique. Les mains piquent, la peau tire, la nausée guette certains jours. L’alarme sonne malgré la houle. Il avale son comprimé, range, vérifie, repart. Il ne s’agit plus de cacher, seulement de tenir.

Les jours de forte mer, la régularité est essentielle pour ne pas se laisser piéger par la fatigue. Celle-ci abîme le jugement, donc il faut maintenir le bateau à la bonne incidence et préserver l’intégrité des foils. L’équipe à terre veille. Les messages sont rares, laconiques, jamais intrusifs. Les Sables-d’Olonne se rapprochent. Au petit matin du 14 janvier, sous un ciel clair, il franchit la ligne, bras levés. Son regard est encore dans la nuit.64 jours et un souffle, record battu. Les micros se tendent, les questions fusent, la foule crie son nom, lui parle de joie, d’équipe, de travail. Le secret reste au chaud.
Viennent ensuite les semaines de convalescence. Une tournée médiatique éclair, des analyses, des décisions. Le 10 mai, la fête des héros du tour du monde se tient aux Sables. Dalin n’y est pas. La raison est médicale. Les organisateurs le signalent avec sobriété. À Concarneau, l’équipe réorganise la saison 2025. Sam Goodchild prend la barre sur certaines courses, Loïs Berrehar l’accompagne. LLe capitaine reste en retrait à la table à cartes. Il est dans l’ombre attentive d’un projet mené jusqu’au record.

Les coulisses : protocole, repos, cuisine, météo
En mer, le traitement ne tolère aucun flottement. Une alarme fixe l’heure. L’ordonnance, validée pour des conditions extrêmes, s’appuie sur des doses conditionnées et rangées dans un module étanche. Les effets secondaires sont pistés à chaud dans un journal bref. Quelques mots sur une feuille plastifiée permettent de repérer la moindre dérive.
L’alimentation quant à elle, suit une ligne claire : cuisine simple, assaisonnements discrets, repas fractionnés. Des protéines pour la masse, des glucides lents pour l’endurance, des fibres mesurées. Boire souvent, par petites gorgées. Quand la mer se cabre, avaler lentement pour tenir à distance les nausées.
Le sommeil se reconstruit en micro-siestes étalées, juste assez profondes pour réparer sans désarmer la veille. Un capteur surveille le bateau. Un sablier intérieur règle la coupe du repos. Rien de continu, tout réparable.
La décision naît de la météo, se vérifie par la connaissance du bateau, s’affine à l’intuition. Course offensive, jamais hasardeuse : préférer les trajectoires aux fenêtres durables plutôt que le coup d’éclat unique. La gestion de soi devient gestion du risque.
À terre, l’équipe soutient sans s’imposer. Un protocole discret régit les approvisionnements, assure les redondances, anticipe les pannes et fixe des seuils d’alerte. La cellule médicale et la cellule performance ne partagent que l’essentiel. La finalité reste inchangée : permettre au skipper de décider en sécurité, en souveraineté.
Le sens d’un secret
Le silence de Dalin, au matin de la victoire, n’a pas cherché à fabriquer un mythe. Il a voulu préserver un moment, éviter l’effet de sidération qui aurait happé la conférence de presse et épuisé la joie. Révéler quelques mois plus tard, au rythme d’un livre, n’annule pas l’authenticité du triomphe. La parole différée permet l’explication et, peut-être, la mise en perspective.
Dans la mémoire collective du Vendée Globe, l’exploit tient à la maîtrise et à la durée. Ici s’ajoute une cohabitation avec la maladie qui redessine les critères d’admirable. On saluera la pudeur aussi, cette vertu rare à l’ère des confessions immédiates.
GIST, sport et précaution : ce que disent les médecins
Les GIST sont des tumeurs du tube digestif. Elles tirent leur origine des cellules de Cajal et sont souvent sensibles à des traitements ciblés. L’immunothérapie et certaines thérapies dites tyrosine-kinase ont déplacé le pronostic, en France comme ailleurs, selon les protocoles en vigueur. Les spécialistes de l’oncologie du sport rappellent des repères simples : reprendre une activité se fait au cas par cas. Cela doit se faire sous suivi médical rapproché, en respectant la tolérance de chacun. De plus, il faut guetter les signaux d’alerte. Ces signaux incluent la douleur persistante, la fatigue anormale et les pertes de poids rapides.
Ce récit ne vaut pas conseil médical. Toute personne confrontée à une maladie doit s’orienter vers son médecin et les réseaux spécialisés.On peut éclairer, en revanche, un débat public : le sport de haut niveau n’est pas incompatible avec certaines pathologies. Cela est possible à condition d’un encadrement rigoureux et d’un dialogue continu entre patient et soignants. La trajectoire de Dalin en offre un exemple singulier, qui ne saurait devenir norme.
2028, horizon brouillé
À l’instant de l’aveu, le marin écarte la perspective d’un Vendée Globe 2028. Il le résume ainsi : « au vu de l’état actuel de la science et de la recherche ». Renoncer n’est pas s’avouer vaincu, mais composer avec la prudence qui s’impose. Les courses plus courtes restent ouvertes, selon son état et le calendrier. L’équipage s’y prépare déjà, sans emphase, avec la méthode des chantiers bien tenus : analyser, décider, annoncer. La santé décide du reste.
Dans l’écosystème de la course au large, où la résilience est souvent brandie comme un étendard, l’annonce de Dalin introduit un réalisme salutaire. Les partenaires Macif et la structure MerConcept réaffirment un soutien qui dépasse la simple performance. L’ambition se redéfinit, non à la baisse, mais au juste niveau. En effet, c’est ce qu’un marin peut exiger de son corps.
Ce que révèle cette histoire du sport français
On aime le sport quand il raconte autre chose que lui-même. Ici, l’éprouvé rejoint la science, l’éthique du secret rejoint la nécessité de dire. La France admire depuis longtemps ces héros sobres qui font de la victoire un labeur plutôt qu’un destin. Ce livre qui arrive, ces interviews mesurées, ce record qui tient, tout cela raconte une même chose : la liberté d’un athlète de choisir son moment et le cadre de sa parole.
Il restera toujours quelques zones floues autour des dates, des dosages, des seuils. Elles n’effacent pas ce que l’on sait avec certitude : un marin a mené un bateau au record de l’épreuve tout en menant un combat intérieur d’une rare intensité. À chacun de mesurer, sans emphase ni compassion forcée, ce que cela change dans notre façon de regarder le sport.
Après la ligne, l’histoire continue
La ligne d’arrivée ne clôt pas les histoires. Elle en ouvre d’autres. Charlie Dalin s’avance aujourd’hui avec un livre, une vérité et un avenir à réinventer. Le Vendée Globe reste une épreuve d’endurance et de précision. Ce qu’il y a ajouté, en silence, n’enlève rien au geste sportif, il l’approfondit. On se souviendra du matin clair du 14 janvier. Par ailleurs, la foule était présente au chenal, main levée. Derrière le sourire, il y avait la part invisible d’un récit maintenant découvert.