Crise politique à Madagascar : destitution de Rajoelina, Paris mise sur la stabilité

Sous pavillon français, Andry Rajoelina quitte la Grande Île pour garantir sa sécurité. Paris martèle l’ordre constitutionnel et la stabilité. À Antananarivo, la foule enfle, portée par l’eau qui manque et les délestages. Le bras de fer se joue désormais entre Assemblée destituante, casernes alignées et juridictions scrutées.

Depuis fin septembre, Madagascar vacille : cortèges massifs, forces hésitantes, capitales en alerte. Ce 14 octobre 2025, l’Assemblée nationale vote une motion d’empêchement contre le président Andry Rajoelina. Dans la foulée, le colonel Mikaël Randrianirina, chef de la CAPSAT, annonce prendre le pouvoir. La destitution n’est plus une perspective : elle structure le présent. Récit d’un pays qui réclame l’État… et la lumière.

Exfiltration, vidéo, destitution : les faits saillants

Dans la nuit d’Antananarivo, une nouvelle tombe brutalement : le 12 octobre 2025, Andry Rajoelina est exfiltré par un avion militaire français, selon RFI. Le chef de l’État dit quitter la Grande Île pour assurer sa sécurité personnelle. Il réapparaît le 13 octobre à 22 h 35 (UTC+3) dans une allocution vidéo depuis un lieu non divulgué. Il refuse de démissionner, invoque la Constitution et affirme avoir échappé à une « tentative d’assassinat ».

Le 14 octobre 2025, la crise bascule : l’Assemblée nationale adopte une motion d’empêchement et déclare le chef de l’État destitué. À peine le vote proclamé, des unités, dont des éléments de la CAPSAT, annoncent prendre le contrôle pour protéger les Malgaches. La dissolution de l’Assemblée annoncée par le président quelques heures plus tôt est défiée par les députés qui la jugent illégale. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, par la voix de Volker Türk, alerte sur au moins 22 morts depuis fin septembre. Paris maintient son double fil : « stabilité » et « respect de l’ordre constitutionnel ».

Antananarivo, place en apnée

En cette fin de saison sèche, la place du 13-Mai redevient le théâtre de l’histoire malgache. D’un côté, la foule compacte, jeunes visages, mères en lamba, fonctionnaires harassés par les délestages. De l’autre, des camions bâchés, des uniformes qui hésitent puis s’alignent. Un soldat de la CAPSAT lâche dans une vidéo virale : « Nous ne tirerons pas. » Le murmure devient mot d’ordre. Les civos — les Malgaches — lèvent les mains, des drapeaux malgaches rouge et vert frappent le vent du soir. Antananarivo parle bas mais pense haut : l’électricité s’éteint, l’eau se raréfie, et la destitution est votée.

De la ferveur d’hier à la défiance d’aujourd’hui, la CAPSAT refuse d’ouvrir le feu puis annonce la prise de pouvoir. Les cortèges s’obstinent, les bilans s’alourdissent, l’ONU dénombre au moins 22 morts. L’Assemblée acte l’empêchement le 14 octobre ; la rue réclame une transition crédible et des comptes.
De la ferveur d’hier à la défiance d’aujourd’hui, la CAPSAT refuse d’ouvrir le feu puis annonce la prise de pouvoir. Les cortèges s’obstinent, les bilans s’alourdissent, l’ONU dénombre au moins 22 morts. L’Assemblée acte l’empêchement le 14 octobre ; la rue réclame une transition crédible et des comptes.

La capitale n’est plus seule. Toamasina, Fianarantsoa, Mahajanga bruissent d’attroupements. Les rues en pente charrient autant les rumeurs que les taxis-be. On dit La Réunion, parfois Dubaï ou Maurice : rien n’est confirmé. La seule certitude tient à ces heures suspendues où l’on guette l’écran d’un téléphone comme on écoutait jadis la radio.

Une vidéo nocturne, entre défi et bascule

La mise en scène est sobre, l’éclairage dur. Andry Rajoelina réapparaît le 13 octobre à 22 h 35. Il parle droit : « Je n’ai pas démissionné. » Il brandit la Constitution, jure avoir quitté le pays pour éviter un bain de sang. Puis tombe l’accusation : « tentative d’assassinat ». Rien n’est détaillé. Sur les réseaux, l’opposition doute, Siteny Randrianasoloniaiko demande preuves et enquête. Le lendemain, l’Assemblée tranche au vote. La destitution devient fait politique.

Dans une vidéo nocturne, le président affirme n’avoir pas démissionné et en appelle à la Constitution. Le lendemain, l’Assemblée vote son empêchement. Il évoque une tentative d’assassinat et dit éviter un bain de sang. La légalité des actes, le timing des décrets et l’intérim s’invitent dans le débat.
Dans une vidéo nocturne, le président affirme n’avoir pas démissionné et en appelle à la Constitution. Le lendemain, l’Assemblée vote son empêchement. Il évoque une tentative d’assassinat et dit éviter un bain de sang. La légalité des actes, le timing des décrets et l’intérim s’invitent dans le débat.

Dans les couloirs du pouvoir, les décrets cherchent encore leur chemin. Rajoelina mise sur le texte et le temps. Les députés opposent le vote. L’allocution aura été la halte avant la chute.

Politique à Madagascar : bras de fer institutionnel après la destitution

Le 14 octobre 2025, l’Assemblée nationale défie la dissolution annoncée par le président. De plus, elle vote une motion d’empêchement. Ainsi, elle acte la destitution. Les communiqués se télescopent : le camp présidentiel assure avoir consulté les présidents de l’Assemblée et du Sénat ; les députés invoquent la Constitution pour justifier la déchéance. La Haute Cour constitutionnelle (HCC) devient l’institution la plus scrutée. En effet, sa lecture sur la validité de la dissolution est cruciale. De plus, la portée de l’empêchement et l’intérim attendu pèseront sur les heures à venir.

Dans les cafés d’Analakely, on parie : validation par la HCC ou transition pilotée par ceux qui tiennent la force ? Si la dissolution est invalidée, la destitution s’impose sans reste ; si elle est retenue, un conflit de légitimité s’ouvre entre décrets et vote.

CAPSAT : du refus du tir à l’annonce de prise de pouvoir

Le tournant tient à une phrase : « Nous ne tirerons pas. » Les hommes de la CAPSAT, au capital symbolique connu depuis 2009, se rallient à la foule, puis annoncent prendre le pouvoir sous l’autorité du colonel Mikaël Randrianirina. La déclaration tombe après le vote de l’Assemblée. Promesse est faite d’une transition et de garanties de sécurité pour les Malgaches. La gendarmerie, la police, des unités de l’armée de terre se désalignent.

Promesses de réformes, puis délestages et colère sociale : la crise s’enclenche le 25 septembre. Suivent répression, ralliements, exfiltration, allocution et, le 14 octobre, empêchement. Paris campe sur la stabilité, Antananarivo s’en tient au droit. Le pays cherche l’électricité… et une boussole institutionnelle.
Promesses de réformes, puis délestages et colère sociale : la crise s’enclenche le 25 septembre. Suivent répression, ralliements, exfiltration, allocution et, le 14 octobre, empêchement. Paris campe sur la stabilité, Antananarivo s’en tient au droit. Le pays cherche l’électricité… et une boussole institutionnelle.

Politique malgache et rôle de Paris

La France assure protéger des vies et préserver l’ordre constitutionnel. L’exfiltration par avion militaire français, révélée par RFI, ajoute une couche géopolitique. La Réunion surgit, à quelques centaines de kilomètres, comme piste d’escale ; la destination ultérieure reste non confirmée.

Les relations franco-malgaches mêlent histoire, intérêts économiques et sensibilités post-coloniales. Le rôle opérationnel exact de Paris dans cette séquence appelle des explications : qu’a-t-elle su ? quand ? à la demande de qui ? En attendant, Élysée et Quai d’Orsay répètent : « respect des institutions », « solutions malgaches », « dialogue ».

Un pays exsangue : l’économie, l’eau, l’électricité

À l’origine, il y a le quotidien. Coupures, eau raréfiée, nuit imposée par les délestages. Le 25 septembre 2025, réunions d’habitants, élus locaux et jeunes outrés deviennent manifestations. La répression suit ; le bilan s’alourdit. Au moins 22 morts, selon l’ONU. Chaque coupure devient slogan, chaque file d’attente un meeting improvisé.

Madagascar vit à crédit d’espoir. Les prix montent, les paniers s’allègent, les salaires tardent. La jeunesse, qu’on dit Gen Z, déroute par ses codes mais occupe la rue. La crise n’a pas de centre unique : un enchevêtrement de griefs qui se rejoignent sous un même drapeau.

Scènes de piste : La Réunion comme halte supposée

Sur les pistes de Roland-Garros à Saint-Denis de La Réunion, on imagine la rampe d’embarquement sous les phares. Andry Rajoelina, silhouette pressée, escortée, au pas cadencé des protocoleurs. Cette scène n’a rien d’officiel. Elle relève de l’imaginaire collectif lorsque l’information se dérobe. Des sources évoquent un trajet Madagascar → La Réunion, puis destination inconnue. Dubaï revient, Maurice aussi. Rien n’est vérifié. Le conditionnel règne.

Réactions en chaîne

À Antananarivo, l’opposition se coalise. Siteny Randrianasoloniaiko salue un « vote historique » et promet de saisir la justice pour sécuriser la procédure. Des ONG documentent des violences. Volker Türk dit sa « stupeur ». Dans la région, on craint un effet domino. Les ambassades durcissent leurs conseils aux voyageurs. À Paris, Emmanuel Macron tient la ligne : prudence en public, activisme discret en coulisses. Question immédiate : qui assure l’intérim et sur quel fondement ?

Dialogues rapportés, strictement sourcés

Hier, l’éclat diplomatique ; aujourd’hui, le clair-obscur : exfiltration, motion d’empêchement, annonce de prise de pouvoir. Où se trouve le président ? Qui a décidé quoi ? La justice est attendue au tournant ; la HCC devient boussole.
Hier, l’éclat diplomatique ; aujourd’hui, le clair-obscur : exfiltration, motion d’empêchement, annonce de prise de pouvoir. Où se trouve le président ? Qui a décidé quoi ? La justice est attendue au tournant ; la HCC devient boussole.

« Nous ne tirerons pas », disent des militaires de la CAPSAT dans des vidéos authentifiées par des médias internationaux. « Je n’ai pas démissionné », répond Andry Rajoelina, le 13 octobre à 22 h 35, lors de son allocution. « La dissolution n’est pas légale », martèle Siteny Randrianasoloniaiko, le 14 octobre, en conférence de presse. « Je suis choqué par la violence », déclare Volker Türk. Paris répète « l’ordre constitutionnel » et la « stabilité ». Le même jour, l’Assemblée vote l’empêchement ; la CAPSAT annonce prendre le pouvoir.

Les zones d’ombre à ce stade

La localisation du chef de l’État demeure indéterminée : La Réunion est citée comme escale probable ; Dubaï ou Maurice sont évoquées sans confirmation. Le périmètre de l’implication française dans l’exfiltrationplanification, chaîne de décision, validation politique — n’est pas établi publiquement. La validité de la dissolution est contestée par le vote de l’Assemblée et doit être arbitrée par la HCC. Qui exerce l’autorité exécutive demeure à clarifier entre annonces militaires, prétention présidentielle et prérogatives parlementaires.

Ce que cette crise dit de Madagascar

Les crises malgaches ont un tempo : elles naissent des manques, se nourrissent des colères, puis s’enkystent dans des procédures. Celle-ci diffère par son accélération : coupuresjeunesseralliementsexfiltrationallocutionempêchementannonce militaire. Andry Rajoelina, arrivé en 2009, revenu par les urnes en 2023, apparaît isolé : il ne renonce pas, mais s’éloigne. La France assume des décisions sensibles et s’abrite derrière la Constitution d’autrui. Les Malgaches attendent que la lumière revienne… et que la vie politique s’éclaire.

Les conditions d’une sortie de crise durable

Il faudra des actes clairs : enquête indépendante sur les violences, chemin institutionnel validé par la HCC, garanties aux Malgaches. Il faudra des gestes sociauxeau, électricité, prix — sans lesquels aucune stabilité ne tient. Il faudra, enfin, une parole politique qui recoud. Madagascar n’est pas un plateau de jeu : c’est une île-continent. La destitution votée n’est pas une fin ; c’est l’entrée dans une transition à définir entre rue, casernes et institutions.

Cet article a été rédigé par Christian Pierre.