
Star du rire et reine de l’autodérision, Chantal Ladesou enchaîne les succès sans jamais se renier. À 77 ans, entre Mask Singer, théâtre de boulevard et confessions poignantes, elle continue de faire rire la France entière tout en exposant ses fêlures avec pudeur. Une vie sur scène, une énergie inaltérable et une voix unique qui résonne de génération en génération. Portrait d’une comédienne inclassable.
Une présence constante entre télé, théâtre et cinéma
Chantal Ladesou ne s’arrête jamais. À 77 ans, elle incarne une forme rare de longévité artistique, à la croisée de la télévision populaire et du théâtre exigeant. Elle est aujourd’hui l’un des piliers de Mask Singer, où elle joue le rôle d’enquêtrice. Avec Kev Adams, Laurent Ruquier et Élodie Poux, elle apporte sa verve, son intuition et son esprit décalé à l’émission de divertissement phare de TF1. Sa participation à la saison 7, en 2025, confirme son ancrage dans le paysage audiovisuel français.

En parallèle, elle continue de briller au théâtre. Après le succès de 1983, où elle revisitait les codes du vaudeville avec une audace moderne, elle prépare une nouvelle tournée. Cette tournée est intitulée Le retour. Cette tournée est prévue pour 2026. Ce nouveau seul-en-scène s’annonce comme un condensé de son humour grinçant et de sa lucidité sociale. De plus, il inclut son autodérision légendaire. Elle y promet un portrait sans fard de la famille, de la vieillesse et du couple. Aussi, elle aborde la notoriété et ses dérives.
Une carrière bâtie sur la ténacité et le style
Issue d’un milieu modeste de Roubaix, fille d’un entrepreneur en bâtiment, Chantal Ladesou découvre très tôt le théâtre au Conservatoire de Lille, avant de rejoindre le Cours Simon à Paris. Son accent, sa voix rocailleuse, son franc-parler et son rire tonitruant deviennent ses marques de fabrique. Dans un monde du spectacle alors dominé par les figures masculines, elle impose une présence.

Elle se fait remarquer à la fin des années 1980 dans La Classe, émission culte où émergeaient des talents comme Fabrice Luchini, Jean-Marie Bigard ou Muriel Robin. Rapidement, elle prend son envol en solo. Elle enchaîne les rôles dans des pièces populaires : Les Amazones, Peau de Vache, Adieu je reste !, où elle partage l’affiche avec Isabelle Mergault. Elle excelle dans un registre qui mêle la satire sociale et l’observation clinique des rapports humains.
Dans les années 2000, elle devient une figure incontournable du théâtre de boulevard. Cependant, elle n’hésite pas à explorer d’autres terrains : courts-métrages d’auteur, caméos télé, lectures publiques et collaborations avec des collectifs plus jeunes. Elle démontre que l’humour peut être un art transversal.
Une vie privée marquée par le drame
Derrière le rire se cache une douleur profonde. En 1997, Chantal Ladesou perd son fils Alix dans un accident de voiture. Elle n’en parle que rarement. Mais lorsqu’elle le fait, c’est avec pudeur et vérité. Invitée dans 50’ Inside, elle confie : "Quand ce drame m’est arrivé, j’étais engagée dans une pièce extrêmement drôle… Ça ne m’a pas fait oublier, mais il fallait que je fasse rire."
Le théâtre devient alors son refuge. Une manière de sublimer la souffrance, de la transformer en vitalité scénique. "Le travail m’a sauvée", répète-t-elle. Cette résilience, elle la transmet dans ses spectacles. Ceux-ci sont souvent traversés par une forme de mélancolie voilée, dissimulée derrière les bons mots.
Une icône intergénérationnelle
Chantal Ladesou est aussi une femme de clan. Mariée depuis plus de quarante ans à Michel Ansault, son manager et complice artistique, elle est la mère de Julien et de Clémence Ansault, comédienne à l’écran comme au théâtre. Sa belle-fille, Pauline Lefèvre, ancienne Miss Météo de Canal+, poursuit elle aussi une carrière dans le spectacle. À travers cette dynastie d’artistes, Ladesou incarne une transmission.

Elle parle souvent de l’importance de la famille, de son ancrage. "Je suis bien entourée", dit-elle dans les médias. Cette stabilité affective contraste avec son personnage de bourrasque comique. Et c’est peut-être là le secret de sa longévité : un ancrage solide, une fidélité à ceux qui l’ont toujours soutenue.
Une voix unique dans le paysage français
On la dit "inclassable". Elle l’est. Chantal Ladesou ne cherche pas à être dans l’air du temps. Elle le traverse. Elle participe à Les Grosses Têtes sur RTL, tourne dans Sam ou Le fil d’Ariane à la télévision, accepte des rôles burlesques au cinéma dans Maison de retraite 2 ou Certains l’aiment chauve. Elle assume ses choix, son rythme, ses contradictions.
Sa tournée actuelle, On the Road Again, en est un exemple. Elle y évoque avec humour la solitude des loges, le vieillissement, l’injonction à la minceur, les absurdités de la vie conjugale. Le tout avec une bienveillance sarcastique, qui épargne sans être fade, qui dénonce sans être amer.
L’humour comme remède, la scène comme refuge
À une époque où la comédie se segmente, où l’humour devient parfois militance ou revendication identitaire, Chantal Ladesou offre un rire d’observation. Elle regarde les choses en face. Elle dédramatise sans minimiser. Elle ironise sans juger. Ce positionnement rare fait d’elle une figure aimée, y compris des plus jeunes.
Dans un monde en perpétuel brouhaha, sa voix singulière résonne. Elle rassure, elle amuse, elle réconcilie. Chantal Ladesou, c’est une énergie vitale et une pensée libre. Une comédienne qui ne surjoue jamais. Une actrice qui, par le rire, dévoile les failles du monde contemporain.
Une artiste populaire et critique, entre TF1 et les planches
Aujourd’hui, elle est autant à l’aise dans une émission de prime time que sur les planches d’un théâtre parisien. C’est cette double appartenance, à la culture populaire et au théâtre traditionnel, qui fait d’elle une figure rare. Une femme libre, qui continue de jouer, de créer, de raconter.
Chantal Ladesou ne ralentit pas. Elle accélère. Comme si l’humour pouvait conjurer les douleurs, exorciser les deuils et réenchanter le quotidien. Une légende vivante, à sa manière. Une voix, une présence, un mystère joyeux.
