Alain Chamfort en rémission : santé « réglée » et ‘Temps forts’ avant Les Enfoirés 2026

À 76 ans, Alain Chamfort évoque une rémission : santé réglée, ‘Temps forts’ (BMG) et cap sur Les Enfoirés 2026 à l’Accor Arena (Paris).

À 76 ans, Alain Chamfort affirme que « tout est réglé » au sujet de son cancer des os en rémission, vit désormais en Normandie, face à la mer, et ouvre l’automne avec ‘Temps forts’ (compilation BMG Records) parue le 24 octobre 2025. Entre rémission prudente et élégance intacte, le chanteur prépare Les Enfoirés 2026 à l’Accor Arena (Paris), du 13 au 19 janvier 2026. Récit d’un retour mesuré, entre mémoire et présent.

Une annonce de santé qui apaise sans fanfare

À 76 ans, Alain Chamfort choisit les mots simples. Dans un entretien relayé par la presse télévisée le 27 octobre 2025, le chanteur parle de sa maladie. En effet, il confie à propos du cancer des os en rémission qui a bousculé sa vie : « Tout est réglé ». La phrase claque, sans triomphe et sans tapage. Elle résume un long détour par l’épreuve, puis le retour à un rythme tenable. Ensuite, ce rythme devient presque domestique, où l’on réapprend à gravir les marches. Enfin, on apprend à tenir la scène sans chercher l’exploit. Chamfort ne s’invente pas miraculé. Il affirme qu’il va mieux, et cet apaisement fait déjà l’essentiel.

Le front s’éclaircit, mais la vérité reste entière. En janvier 2025, dans un entretien largement repris, il reconnaissait garder des séquelles : le dos, les vertèbres, les doigts qui protestent, une sensation « un peu plus fragile ». Rien d’héroïque, là encore : seulement la discipline d’un homme qui mesure l’effort et réaménage son quotidien. Faire un peu de sport, maintenir des projets, ne pas se laisser dominer par les douleurs. Le rétablissement n’a pas la perfection des affiches. Il a plutôt la constance des gestes.

Le retrait face à la mer, et la lumière du large

Il dit avoir quitté Paris après l’annonce de la maladie. Les travaux qui empoisonnaient le quartier ont achevé de le convaincre. Direction la Normandie, face à la mer. Un motif réapparaît aussitôt, comme un contrechant à sa discographie : l’impermanence, le temps qui plisse les rides et polit les angles, le goût du silence revenu. On imagine la fenêtre ouverte sur une bande d’horizon. Les embruns calment la fébrilité. De plus, l’écho d’un studio portatif capte encore quelques mélodies. La mer n’a rien « sauvé ». Elle a seulement donné une cadence au présent.

En studio, Alain Chamfort : de ‘Manureva’ à ‘L’Impermanence’ (2024), ‘Temps forts’ (BMG) raconte une trajectoire sans muséification.
En studio, Alain Chamfort : de ‘Manureva’ à ‘L’Impermanence’ (2024), ‘Temps forts’ (BMG) raconte une trajectoire sans muséification.

La vie s’écrit dorénavant à cette échelle. Quelques engagements publics, un agenda serré mais raisonnable, des rendez-vous choisis. Chamfort pèse ses apparitions, se tient à l’écart des fracas, travaille quand il le faut, s’assoit quand c’est nécessaire. L’élégance est restée, le timbre aussi, mais le corps impose son tempo. On lui sait gré de le dire. La pudeur s’allie ici à une franchise qui tient lieu de pacte avec le public.

‘L’Impermanence’ ou l’art de boucler une forme

Il avait annoncé la fin du « format album ». En mars 2024, la sortie de ‘L’Impermanence’ (mars 2024) a pris valeur de point final pour l’album studio. Le disque, acclamé par la critique, clôturait un cycle débuté cinquante ans plus tôt. De plus, il représentait un geste d’adieu formel. Non que l’écriture se tarisse. Il s’agissait plutôt d’un désencombrement du cadre, avec l’envie de privilégier des morceaux isolés et des sélections. En outre, des reprises réarrangées étaient favorisées, permettant de lier les chapitres sans suivre la grammaire du long format. L’âge n’explique pas tout. Chamfort a souvent cherché l’exactitude du trait, la ligne claire, la lumière oblique qui attrape l’instant et le laisse respirer.

Dans ce miroir, la compilation qui paraît aujourd’hui a tout d’un inventaire sensible. Elle prend à revers le mot « best of », trop sec, trop comptable, et préfère l’idée d’instants qui s’agrègent.

‘Temps forts’ chez BMG Records : une rétrospective qui raconte plus qu’elle ne range

‘Temps forts’ paraît chez BMG Records et aligne une sélection qui épouse l’arc d’une carrière faite de métamorphoses. Les premiers succès, l’ombre portée de Serge Gainsbourg conseiller et complice, l’icône, le tube ‘Manureva’ qui fend toujours la mer du public, les élégances synthétiques des années 1980, la gravité tenue des périodes suivantes, tout cela revient, réorganisé en chapitres plus qu’en tranches chronologiques. La mise en ligne datée du 24 octobre 2025 fixe le rendez-vous et livre une tracklist pensée comme un récit. On y retrouve la signature mélodique de Chamfort, ce goût de la délicatesse qui refuse le tapage, et l’on entend, sous la surface, une biographie musicale qui refuse l’anecdote.

La compilation s’accompagne d’un ouvrage publié par GM Éditions. Le titre reste identique, avec la même volonté d’éclairer sans didactisme. Par ailleurs, des textes replacent chaque période. De plus, des images et des documents restituent les zones d’ombre et les lignes de force. On lit ce livre comme on suit une conversation au long cours : l’artiste commente son propre passé, non pour le graver dans le marbre, mais pour lui rendre sa souplesse.

Les Enfoirés 2026 à l’Accor Arena (Paris) : une scène toujours tenue

L’agenda s’écrit sans emphase mais avec précision. Chamfort a confirmé sa présence aux Enfoirés 2026 à l’Accor Arena (Paris), du 13 au 19 janvier 2026, sept dates au total, avec une répétition générale annoncée le premier jour. Le dispositif solidaire des Restos du Cœur réclame chaque année sa part de générosité et de travail. Chamfort y prendra place au milieu du collectif, loin des solos égoïstes, dans cette chorale d’artistes où l’on vient prêter sa voix pour une cause. La scène, ainsi partagée, tient lieu de reprise de contact avec un public fidèle. Elle dit aussi la juste cadence d’un retour : pas de tournée marathon, pas de promesse hasardeuse, mais une participation nette, cadrée, solidaire.

À l’échelle d’une carrière qui a connu des salles imposantes et des tournées plus discrètes, ce rendez-vous à valeur de signal. Il atteste la capacité à tenir un plateau et à enchaîner des apparitions soutenues. De plus, il permet d’éprouver le souffle jour après jour, sans brusquer un corps encore convalescent. Le public n’a pas besoin d’autre preuve.

« Tout est réglé » : la phrase et ce qu’elle dit

On saura gré à Chamfort d’avoir choisi ces trois mots.

Gros plan d’un retour mesuré : une phrase apaisée, aucune fanfare. La fragilité assumée guide la discipline, entre sport, projets et scène solidaire. La voix demeure, nette, fidèle à la langue claire et à la nuance. Au cœur de l’hiver, la musique fait lien : écouter, lire, voir.
Gros plan d’un retour mesuré : une phrase apaisée, aucune fanfare. La fragilité assumée guide la discipline, entre sport, projets et scène solidaire. La voix demeure, nette, fidèle à la langue claire et à la nuance. Au cœur de l’hiver, la musique fait lien : écouter, lire, voir.

Ils n’effacent ni l’angoisse, ni les soins, ni les effets qui demeurent. Mais ils offrent un cadre à la conversation. La maladie sort du champ central. Elle devient un fait parmi d’autres, ainsi qu’une ligne sur la partition d’une fin d’année. On parle surtout de musique, d’archives rééditées et d’un livre compagnon. De plus, on mentionne une scène solidaire. À cet endroit, le chanteur n’est ni patient exemplaire, ni héros. Il redevient artiste.

Le récit public de la maladie aura d’ailleurs été tenu avec pudeur. Longtemps, Chamfort a préféré taire l’épreuve, par refus du pathos autant que par réserve intime. Lorsqu’il en a parlé, il a veillé à formuler les choses sobrement, sans s’abandonner à la facilité des confessions spectaculaires. Aujourd’hui encore, il contourne le piège des conclusions définitives. Il dit ce qu’il peut, ce qu’il veut, et ce qu’il doit à ceux qui l’écoutent. Le reste lui appartient.

Normandie, atelier de l’instant

La Normandie, face à la mer n’est pas ici une carte postale. C’est un atelier. L’artiste y retient quelques protocoles simples : s’astreindre à une activité régulière, organiser ses journées autour d’objectifs ténus, ménager des plages de silence. Le bord de mer sert d’horloge et de diapason. Il coupe le vacarme. Il permet de recomposer la journée. Entre deux éclaircies, on entrevoit un musicien qui éprouve encore des idées. De plus, il se laisse surprendre par des phrases anciennes, réécrites au coin d’une table. On devine aussi la liberté d’un homme qui a rendu sa dette au tumulte parisien.

Cette mise à l’écart n’est ni un exil, ni une retraite. Elle ressemble au luxe d’un présent qui s’accorde enfin avec lui-même. La scène n’est jamais loin. Les collaborations restent possibles. Les Enfoirés 2026 viennent en témoigner. Le livre et la compilation tracent quant à eux des ponts entre les avant-scènes et la maison. À terme, Chamfort se dit ouvert à d’autres formes, à des singles, à des pièces plus courtes, à des projets transversaux où la musique rencontre l’image.

Manureva et les autres : la mémoire, mais sans muséification

On l’interroge souvent sur le tube ‘Manureva’, qui l’accompagne comme une étoile fixe. Chamfort n’a jamais renié ce phare populaire. Il s’est plutôt appliqué à l’éclairer autrement, en le recontextualisant, en l’arrachant aux facilités nostalgiques. La mémoire ne sert pas à muséifier l’artiste, mais à montrer le chemin. Dans ‘Temps forts’, le morceau retrouve sa place, non comme un talisman. Mais il devient un nœud à partir duquel d’autres titres s’ordonnent. On remonte ainsi vers des albums parfois moins repérés, des périodes où l’expérimentation fut plus discrète, des collaborations qui disent une éthique de travail : chercher la bonne teinte, la juste distance, la retenue qui permet au texte de respirer.

Cette relecture ne gomme pas l’audace. Elle la redistribue. L’écoute gagne en précision. Les arrangements y paraissent plus nets, plus déterminés. La voix se pose sans forcer. Elle épouse la langue française avec ce mélange d’ironie et de tendresse qui fait sa singularité.

Un art d’habiter la durée

À l’automne 2025, Chamfort ne revendique aucun totem. Il habite la durée. Son corps lui rappelle la limite. Sa musique lui offre l’outil pour la penser. L’annonce « Tout est réglé » ne marque pas une rupture héroïque. Elle balise une traversée. On y entend la voix d’un artiste qui s’organise, rassemble ses pièces, établit ses priorités. Il protège sa vie, partage ce qui peut l’être, et confie le reste à l’écoute.

Dans le mouvement général d’une carrière, cette saison dessine un rythme juste. Une compilation qui relit sans figer. Un livre qui explicite sans imposer. Une scène caritative qui rassemble au cœur de l’hiver. On sait déjà ce qu’il convient de faire : écouter à nouveau et lire. Ensuite, se rendre à l’Accor Arena (Paris) pour mesurer ce que l’élégance d’un musicien peut encore révéler. Cela se produit lorsqu’elle choisit la justesse plutôt que la démonstration.

Une trajectoire en clair-obscur, du studio aux plateaux télé

La trajectoire de Chamfort a souvent oscillé entre lumière et retrait. À ses débuts, il suit le sentier des années yé-yé. Puis, grâce à Serge Gainsbourg, il trouve une façon plus acérée d’habiter la chanson française. La suite compose un équilibre singulier entre élégance pop, écriture lettrée et art de la retenue. On le voit quitter les écrans quand le vacarme devient trop fort. Puis, il revient avec des disques ciselés. Le souci de la forme y surpasse l’intimidation du tube. Cette constante explique, aujourd’hui encore, la justesse de son tempo.

La télévision l’a souvent accueillie, mais Chamfort n’a jamais cédé aux tics de la promotion. Ses interviews gardent un ton mesuré, ses apparitions, un calme qui détonne. Lorsqu’il parle de sa santé, il le fait dans la même veine. On se souvient d’une phrase lâchée sur un plateau, d’un sourire qui dédramatise sans minimiser. Cette pudeur fait école et tranche avec une époque friande d’aveux et de spectacles de l’intime.

L’éthique d’un répertoire

L’œuvre de Chamfort ne se résume pas à quelques standards. Elle cultive une éthique de composition. Clarté des mélodies, précision des mots, attention aux arrangements : tout concourt à un art de la nuance. On y perçoit parfois une ironie légère, jamais cruelle, et cette manière d’instaurer la distance. Ainsi, cela permet au texte d’exister pleinement. Dans ‘Temps forts’, cette cohérence devient lisible. On passe d’un titre à l’autre comme on traverse une pièce aux miroirs multiples. La variété des époques n’ôte rien à l’unité du regard.

Il faut souligner la place laissée aux collaborateurs. Les réalisateurs et musiciens qui ont accompagné l’artiste contribuent à ce grain reconnaissable. La compilation, et plus encore le livre compagnon, restituent cette cartographie collective. À l’heure où l’industrie comptabilise, Chamfort préfère raconter. L’inventaire devient mémoire vive.

D’une génération à l’autre, une écoute qui se transmet

Le public de Chamfort a vieilli avec lui, mais il s’est aussi renouvelé. Les plateformes ont permis à des auditeurs plus jeunes de glisser de ‘Manureva’ à des titres moins attendus, puis d’y revenir. La compilation prend ici valeur de pont. Elle facilite ce mouvement circulaire entre découverte et reconnaissance. On ne s’étonnera pas, dès lors, que les dates des Enfoirés 2026 réunissent, en plein janvier, des générations qui ne partagent pas toutes les mêmes souvenirs mais qui reconnaissent, dans ce timbre, un style.

À l’Accor Arena (Paris), la scène collective gomme l’ego et restitue au geste musical sa finalité la plus simple : chanter ensemble. Le partenariat avec les Restos du Cœur rappelle la modestie des moyens et l’ambition du but : soutenir des vies fragiles dans un hiver long. Chamfort s’inscrit dans cette trame avec naturel. Sa présence au sein du groupe dit assez la loyauté d’un artiste à l’égard d’une cause où la musique devient nourriture.

Après l’album, des formes souples

Si l’album a été refermé avec ‘L’Impermanence’ (mars 2024), l’avenir n’est pas vide. On peut imaginer des éditions ponctuelles, des duos, des bandes originales, des sessions courtes publiées au fil de l’eau. La souplesse des formats numériques correspond à l’économie d’énergie qu’il revendique. En Normandie, face à la mer, le studio pourrait être d’appoint, l’écriture plus rapide, l’envie moins liée aux cadences industrielles. Il n’est pas certain que Chamfort cherche à multiplier les signes. Il privilégiera sans doute les gestes utiles, les propositions justes, au bon moment.

Une élégance qui demeure

Reste l’image d’un artiste qui, à l’automne 2025, répond sans emphase à l’épreuve et redonne à la musique la première place. Un corps s’est remis, autant que possible. Une phrase l’a dit, sans se payer de mots. Une compilation et un livre retissent le lien avec la mémoire. Une scène solidaire attend, au cœur de l’hiver. Il n’y a rien à romancer davantage. Il y a à écouter, à lire, à voir. Chamfort aura tenu son cap. Le public saura, en retour, tenir le sien.

Cet article a été rédigé par Émilie Schwartz.