Duel à l’Hémicycle et fièvre des soldes : quand les députés imitent Amazon et Boulanger

Deux hommes d'affaires se battent en costume sur le toit d'un immeuble

À l’Assemblée nationale, deux députés manquent de s’étriper. Pendant ce temps, Amazon et Boulanger se disputent les faveurs des consommateurs pour le Black Friday. Deux scènes, une même absurdité : celle d’un théâtre où les rôles se confondent entre indignation politique et promo choc.

Acte I : L’Hémicycle, un ring parlementaire qui sent le sapin

Jeudi soir, dans une ambiance déjà électrique, l’Assemblée nationale s’est transformée en marché de Noël sous tension. Nicolas Turquois, député MoDem, a brusquement quitté son siège, sans doute inspiré par l’urgence d’un consommateur flairant une promo limitée dans le temps. Son objectif : Mickaël Bouloux, socialiste impassible, qui s’est retrouvé accusé de tous les maux : "Ma famille a été menacée !" hurla Turquois, aussi rouge que la tenue d’un Père Noël en colère.

On aurait cru à une bousculade dans un rayon de chocolats en promotion : Turquois s’approche, Bouloux recule, et au milieu, quelques Insoumis se précipitent pour séparer les deux hommes, non sans une pointe de satisfaction. Antoine Léaument, fidèle à son rôle de commentateur dramatique, déclara même : "J’ai cru que j’allais prendre une mandale !" Vous savez, comme ces électeurs qui espèrent des cadeaux dans la hotte des politiques, mais finissent avec un bon vieux débat stérile autour de la dinde.

Finalement, comme dans un centre commercial surchargé, les huissiers ont dû intervenir. Turquois, escorté hors des lieux, aurait pu crier : "Je suis client ! J’ai des droits !" Mais ici, comme en politique, le service après-vente est souvent inexistant.

Acte II : Black Friday, le Noël avant l’heure

Pendant que les députés jouaient au concours de celui qui a la plus grosse… indignation, Amazon et Boulanger s’affrontaient dans une bataille tout aussi féroce pour séduire leur propre électorat : le consommateur. Là où certains offrent des amendements, d’autres balancent des PS5 à prix cassés.

"Console à 474 euros !" martèle Amazon. "Télé OLED à moitié prix !" riposte Boulanger. Les clients, hypnotisés, cliquent frénétiquement, tels des électeurs face à une promesse de campagne. Et comme toujours, la même question résonne : "Dois-je vraiment acheter ce robot cuiseur ?" La réponse est évidente : bien sûr que non, mais l’appel du marketing est plus fort que celui de la raison.

Les caddies virtuels débordent de produits improbables : drones inutiles, guirlandes connectées, et autres gadgets qui, eux aussi, finiront par se retrouver sous le sapin, à moitié oubliés. Comme ces discours parlementaires qu’on applaudit un soir et qu’on ne relira jamais.

Acte III : Consommateurs et électeurs, mêmes cibles

Le parallèle est aussi frappant qu’un spot publicitaire de fin d’année : entre le consommateur accro aux promotions et l’électeur en quête de promesses, il n’y a qu’un pas. Amazon et Boulanger, comme les partis politiques, savent parfaitement flatter leur cible. Ici, des prix barrés ; là, des slogans bien rodés.

Et tout comme l’électeur, le consommateur finit souvent déçu. La PS5 tant convoitée ? En rupture de stock. L’amendement promis ? Oublié en commission. À chaque fois, on nous murmure : "Patientez un peu, ça viendra." Et nous, bons citoyens et clients, on continue d’y croire, entre deux guirlandes et trois catalogues de jouets made in China.

Noël, Black Friday, et la grande pièce française

Quand on y réfléchit, le Black Friday, comme les querelles politiques, marque le coup d’envoi des fêtes. Les uns promettent des "cadeaux fiscaux", les autres des "cadeaux tout court". Mais à la fin, tout le monde joue dans la même pièce : celle de la grande comédie humaine où chacun, du député au consommateur, joue son rôle à la perfection.

À l’Hémicycle, les éclats de voix remplacent les chants de Noël. Dans les rayons bondés, les cris de victoire résonnent comme des votes pour le meilleur deal. Et nous, spectateurs de ce double spectacle, oscillons entre rires et soupirs. Car qu’il s’agisse d’un amendement à l’article 49 ou d’une promo sur une barre de son, tout finit toujours par coûter plus cher que prévu.

La douce France, désormais un pays de la politique spectacle

Alors que les guirlandes commencent à scintiller et que les marchés de Noël ouvrent leurs chalets, ces scènes d’Hémicycle et de Black Friday nous rappellent une chose : en France, le théâtre est maintenant partout. Nos élus s’agitent sous les projecteurs comme des mascottes de marques en quête de clics. Les commerçants rivalisent d’astuces pour vendre du rêve, parfois à crédit. Et nous, entre un député furieux et une promo alléchante, on finit toujours par choisir la promesse spectaculaire qui nous amuse le plus.

Peut-être est-ce là la magie des fêtes : l’exagération. Une explosion d’absurdité où chacun, qu’il soit politique ou commercial, cherche à séduire son public. Alors, à défaut de cadeaux sous le sapin, on se console avec une certitude : en France, Noël commence toujours un peu plus tôt, et avec beaucoup, beaucoup de bruit.