
Ce mardi 6 mai, l’Assemblée nationale a adopté une résolution appelant à la libération immédiate de Boualem Sansal, écrivain emblématique de la lutte pour la liberté d’expression en Algérie. Malgré un soutien massif des députés Renaissance, LR, RN, PS et écologistes, les élus de La France insoumise ont voté contre. Cependant, ils se sont ainsi distingués des autres partis. Ce choix, minoritaire mais retentissant, a déclenché de vives réactions politiques et médiatiques.

Boualem Sansal, âgé de 80 ans, est un romancier franco-algérien réputé pour ses portraits acérés d’une société algérienne tiraillée entre modernité et conservatisme. Depuis novembre 2024, il est incarcéré à Alger. Là-bas, il purge une peine de cinq ans de prison pour "atteinte à l’unité nationale" et "outrage à corps constitué". Ainsi, son arrestation avait suscité une vague d’indignation parmi les intellectuels et les organisations de défense des droits humains.
La position de La France insoumise dénoncée
Lors des débats, Nathalie Oziol et Éric Coquerel, porte-voix de La France insoumise, ont exprimé de vives réserves. Selon eux, la résolution "instrumentalise" le cas Sansal pour raviver les tensions diplomatiques entre Paris et Alger. Cependant, leurs amendements visant à restreindre le texte à une exigence purement humanitaire ont été écartés par la majorité.
De plus, LFI affirme que le texte remet en cause le principe de non-ingérence diplomatique. En effet, il conditionne la coopération à des progrès politiques en Algérie. Ainsi, le parti dirigé par Jean-Luc Mélenchon a choisi de voter contre, revendiquant une posture "de cohérence internationale".
Une adoption malgré les tensions
La députée Constance Le Grip (Renaissance), auteure de la résolution, a défendu un texte "clair et sans ambiguïté". Pour elle, le sort de Sansal incarne une cause universelle : celle de la liberté d’expression et de la défense de la francophonie. Ainsi, au-delà des clivages partisans, plusieurs groupes parlementaires ont salué une initiative "nécessaire".
Benjamin Haddad, ministre délégué à l’Europe, a qualifié l’attitude de LFI de "honteuse". De son côté, Gabriel Attal a dénoncé "une fracture morale" à l’hémicycle. Ainsi, au fil des interventions, l’affaire Sansal est devenue un symptôme plus large des tensions idéologiques traversant la gauche française.
Les enjeux diplomatiques en toile de fond
Historiquement, les relations entre la France et l’Algérie oscillent entre détenté et crispations, sur fond de mémoire coloniale encore vive. Ainsi, toute déclaration officielle suscite à Alger une interprétation politique. De plus, dans un contexte où l’Élysée cherche à apaiser les relations bilatérales, cette résolution risque d’être perçue comme une provocation.

Boualem Sansal, par ses positions tranchées contre les dérives autoritaires et l’islamisme politique, incarne une figure ambiguë en Algérie. Ses ouvrages, tels que Le village de l’Allemand ou 2084 : La fin du monde, dressent des tableaux sans concession de sociétés répressives. Ainsi, son engagement lui vaut autant d’admirateurs que d’adversaires.
Une mobilisation au-delà du Parlement
Fin mars, une mobilisation citoyenne inédite a réuni plusieurs centaines de personnes devant l’Assemblée nationale. Parmi elles, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, présidents respectifs de l’Assemblée et du Sénat, ont affiché leur soutien sans ambiguïté.
De plus, des voix issues du monde culturel, à l’image de Leïla Slimani ou Rachid Boudjedra, se sont élevées pour rappeler l’importance de protéger les dissidents dans les régimes autoritaires. Ainsi, au-delà du cas Sansal, c’est l’état de la liberté d’expression en Méditerranée qui se trouve en question.
Une affaire hautement symbolique
L’affaire Boualem Sansal révèle une fracture politique sur la manière de défendre les droits humains sans compromettre l’équilibre diplomatique. Ainsi, l’Assemblée nationale a envoyé un message fort en faveur de la liberté. Cependant, le débat sur l’instrumentalisation politique persiste.
À une époque marquée par le recul des libertés et la montée des tensions internationales, la question est brûlante. Comment soutenir les voix libres sans alimenter les foyers de discorde ?