Arthur Cazaux, 22 ans, symbolise à lui seul cette alchimie magique du sport, où les scripts les mieux écrits sont ceux qu’on n’avait pas prévus. Classé 85e mondial, ce Montpelliérain aurait pu rester dans l’ombre du Rolex Paris Masters. Et pourtant, le voilà qui flamboie sous les projecteurs des huitièmes de finale, porté par une victoire inattendue contre l’Américain Ben Shelton (6-3, 7-6). Lucky-loser de dernière minute, repêché comme un joker tombé du ciel, Cazaux a prouvé qu’il savait saisir sa chance. Au cours des derniers mois, la volatilité a été marquée. Cependant, il a habilement jonglé avec les hauts et les bas. De cette manière, il s’est offert une place parmi l’élite. Et cela, en toute insouciance.
Un parcours parsemé de déceptions et de rebonds
Arthur Cazaux n’a pas fait le tour des courts comme on parcourt un sentier bien balisé. C’est un chemin cabossé, digne d’un scénario où les triomphes côtoient les accidents de parcours. Son ascension express l’a propulsé en haut des classements. Cependant, le revers de la médaille ne s’est pas fait attendre. Il a subi des blessures et des défaites frustrantes. De plus, il a souffert de déshydratation sous le soleil de plomb de Miami. Mais ce n’est pas un simple « come-back » qui le ramène sur les courts. Non, Cazaux a cette flamme inextinguible qui le pousse à défier le sort. En janvier, il avait déjà fait sensation en battant le Danois Holger Rune à l’Open d’Australie, exploit qui restera gravé dans les annales, même si les séquelles physiques ont freiné sa lancée. Peu importe : à chaque chute, il se relève, et cette résilience farouche est devenue sa signature.
Dans un revirement digne d’un conte, il entre dans le Rolex Paris Masters grâce au forfait de Jannik Sinner, malade. Saisi par cette chance inespérée, Cazaux n’a pas tremblé. Il terrasse Ben Shelton, alors 19e au classement, avec la froide détermination d’un champion. Mieux encore, il ne concède que deux points sur son service durant le premier set, imitant un métronome en plein tempo.
La ténacité : l’arme de Cazaux
Ce garçon a du cran, et il le prouve à chaque coup de raquette. D’innombrables victoires en Challenger ont contribué à forger son mental d’acier. Parallèlement, les déceptions rencontrées en ATP ont servi à enrichir sa palette émotionnelle. Cette double dimension, mi-douleur, mi-éclat, Cazaux la revendique avec humour et simplicité. En Australie, il avait confié en riant que son mental avait surpassé le talent de Rune. Aujourd’hui, il sait que l’enjeu a grimpé : "Il va sûrement vouloir prendre sa revanche, et je vais faire en sorte qu’il ne m’oublie pas !", lance-t-il avec un clin d’œil. Ce trait d’humour, ce détachement, font aussi partie de son arsenal. Rien d’étonnant qu’il ait cultivé cette résilience dès l’enfance, sur les courts de Montpellier.
Cazaux est passé professionnel en 2020. Il fait partie de la jeune génération française, aux côtés d’Arthur Fils et d’Ugo Humbert. Cette génération ne se contente pas de promesses. Le jeune Montpelliérain vise haut, et il avance avec une assurance calme, ancrée dans le sérieux du travail et le plaisir du jeu.
Une élégance dans le coup et un service magistral
Son service, c’est plus qu’une arme : c’est un style, une marque. Face à Shelton, Cazaux a servi avec la précision d’un horloger. En seulement 29 minutes, le premier set était plié. Ce n’est pas juste une question de puissance brute ; c’est une maîtrise de chaque instant, comme si chaque point était déjà inscrit dans son plan de jeu. Sa frappe est nette, sa technique sobre, chaque coup calculé sans jamais paraître forcé. Même contre les plus coriaces, Cazaux reste imperturbable, doté de cette sérénité presque arrogante des plus grands. Comme si, face à ses adversaires, il se disait : "Allez, à ton tour d’essayer."
Sa réussite ne tient pas à des coups d’éclat isolés. Cazaux est un stratège autant qu’un attaquant, combinant un jeu tactique avec des frappes fulgurantes. À Paris, il a brillamment déjoué Shelton, usant de concentration et d’anticipation pour neutraliser les attaques de l’Américain. Il sauve une balle de set d’un service extérieur impeccable. À ce moment, le public explose. Ils sont témoins de son audace tranquille, qui fait toute sa force.
La France en ébullition : cinq joueurs en huitièmes
Avec ce triomphe, Cazaux rejoint une brochette de talents français en huitièmes de finale du Rolex Paris Masters, un exploit partagé avec Rinderknech, Humbert, Fils, et Mannarino. C’est une scène presque nostalgique pour un pays qui rêve d’une nouvelle vague après Tsonga, Monfils et Simon. Arthur Cazaux, avec sa simplicité et son sourire honnête, apporte cette fraîcheur, cette authenticité qui semblait manquer au tennis français.
À l’aube de son prochain duel face à Rune, le parcours de Cazaux ne cesse de captiver. Ce passionné de sport, amateur des exploits de Stephen Curry, fascine autant par ses coups que par sa personnalité. Chaque sourire, chaque petit mot glissé en conférence de presse le rend plus attachant. Une étoile montante ? Plus qu’une simple étoile, Cazaux incarne ce que le tennis peut offrir de plus précieux : l’inattendu et l’émotion pure.