À 74 ans, Pedro Almodóvar continue de surprendre. Le réalisateur espagnol, auteur d’une trentaine de films, est actuellement au cœur de plusieurs événements marquants. Il présente en ce moment son dernier film, The Room Next Door, à la Mostra de Venise 2024. C’est son premier long-métrage en anglais, un tournant dans sa carrière. Le film est une méditation mélancolique sur la mort et l’amitié, avec Tilda Swinton et Julianne Moore dans les rôles principaux. Inspiré du roman de Sigrid Nunez, Quel est donc ton tourment ?, le film plonge dans les derniers moments de vie d’une correspondante de guerre atteinte d’un cancer, accompagnée par une vieille amie romancière.
Ce nouveau projet s’inscrit dans une phase plus introspective de la carrière d’Almodóvar. Son cinéma, autrefois flamboyant et exubérant, se pare désormais de teintes plus sombres. Ces teintes sont marquées par une réflexion sur la finitude et la mort. Cette évolution est palpable dans ses œuvres récentes, comme Douleur et Gloire (2019) ou Madres paralelas (2021). The Room Next Door accentue cette tendance, en traitant de manière frontale un sujet délicat : l’euthanasie. Almodóvar ne cache pas son soutien à cette pratique, affirmant que « l’euthanasie devrait être accessible partout dans le monde ».
Pedro Almodóvar a également fait un retour en librairie avec un recueil de récits intitulé Le dernier rêve, publié chez Flammarion. Ce livre, présenté comme une « autobiographie morcelée », mêle fiction et souvenirs personnels, éclairant d’un jour nouveau la vie intérieure du cinéaste. Almodóvar y révèle une facette plus sombre de sa personnalité, confessant que « au XXIe siècle, je suis quelqu’un de plus austère et plus mélancolique ». Parmi les récits, celui qui donne son titre au recueil est particulièrement émouvant : il relate les dernières heures de sa mère, un souvenir indélébile qui le hante depuis 1999.
En parallèle, la ville de Madrid rend hommage à ce lien indéfectible entre le réalisateur et la capitale espagnole avec une exposition intitulée Madrid, chica Almodóvar. Cette rétrospective visuelle, visible jusqu’au 20 octobre, réunit 200 photographies tirées de ses films et de ses archives personnelles. Madrid, omniprésente dans son œuvre, est ici célébrée comme sa véritable muse. Elle l’est bien plus que n’importe quelle actrice ayant incarné ses héroïnes à l’écran. « L’histoire de Pedro Almodóvar et de Madrid est une histoire d’amour réciproque », explique Pedro Sánchez, commissaire de l’exposition. Cet hommage met en lumière la manière dont Almodóvar a sublimé Madrid à travers son cinéma, en faisant une capitale idyllique, baignée de couleurs vives.
En septembre, Pedro Almodóvar sera également honoré par le prix d’honneur Donostia lors du Festival du film de Saint-Sébastien. Ce prix vient récompenser une carrière exceptionnelle, marquée par deux Oscars. Le premier pour Tout sur ma mère (1999) et le second pour Parle avec elle (2003). Cette carrière a également eu une influence indélébile sur le cinéma mondial.
À travers ces multiples facettes, Pedro Almodóvar continue d’explorer de nouveaux horizons tout en restant fidèle à son univers unique. Il semble aujourd’hui plus que jamais en quête de sens. Il interroge la vie, la mort et les liens qui nous unissent. Son cinéma, tout en nuances et en émotion, reste une invitation à embrasser la complexité de l’existence humaine. Almodóvar, en pleine renaissance, nous rappelle qu’à 74 ans, il a encore beaucoup à nous dire, et à nous montrer.